Un dernier match et puis s’en va : quoi qu’il arrive, l’Oracle Arena vit ses dernières heures aux côtés de la Dub Nation

Le 13 juin 2019 à 16:24 par Arthur Baudin

Warriors Oracle Arena
Source image : YouTube / NBA

Ce qui est matériel est éphémère, ce qui ne l’est pas est éternel. Cette nuit se déroulera la dernière représentation de la troupe des Dubs sous son chapiteau. Un lieu chargé d’histoire, qui a vécu presque cinq décennies aux côtés des Golden State Warriors. Si la salle s’en va, les souvenirs restent et l’actualité dorée de la franchise ne fait qu’accentuer notre attachement à cette enceinte, à une salle plus bruyante qu’un tir d’Ibaka qui trouve sa planche. Zoom sur le passé, le présent et le devenir de l’Oracle Arena.

Allez, on remonte les chaussettes, les pourcentages de Westbrook et une cinquantaine d’années en arrière. Nous y sommes, l’inauguration de la salle lors d’un match de hockey sur glace entre les Seals d’Oakland et les Gulls de San Diego. À l’origine, les Warriors jouaient à San Francisco et ce n’est qu’à l’aube de la saison 71-72, que l’équipe décide de déplacer tous ses matchs à l’intérieur de la nouvelle salle construite dans la baie : le Oakland Alameda County Coliseum. Un complexe neuf et ultra-moderne pour pouvoir accueillir n’importe quelle équipe dans les meilleures conditions. Ça tombe bien, le basket est déjà apprécié à l’époque des Baylor et Robertson et il est très populaire à l’époque de regarder des blancs becs aux gros cuissots se faire déboîter dans la peinture par du pivot all-time (ère de transition entre Wilt Chamberlain et Kareem Abdul-Jabbar). Tant que Nate Thurmond jouait pour les Warriors, il était d’ailleurs difficile d’imaginer qu’un jour les petits prendraient le pouvoir. Et puis à l’époque, le peuple aime regarder quelques dinosaures bouffer de l’australopithèque. Tout ça a aujourd’hui bien changé puisqu’il n’est pas impossible que dans trente ans le fils de Mimie Mathy lâche step-back sur step-back, question d’époque on vous dit. Rick Barry revient alors de la ABA Ligue pour jouer chez les Warriors et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce bougre a marqué l’histoire de la franchise une fois Thurmond parti à Chicago. L’Oracle Arena va ensuite abriter deux des quatre matchs qui ont contribué au sweep des Dubs sur les Washington Bullets. 13.325 spectateurs vont se déplacer chaque soir pour voir les Californiens marcher sur la Capitale. La machine est lancée, et l’enceinte mythique des Warriors va pouvoir observer le début d’une transition vers un jeu plus élaboré, plus technique. S’en suivront les grandes soirées du Run TMC et des cérémonies mémorables pour y retirer quelques maillots.

Quelques acteurs ont souhaité parler de leur expérience dans la forteresse : c’est le cœur qui parle et tout est naturel, un peu comme lorsque nous parlons de Tony Parker, foutue pluie qui continue de tomber à l’intérieur de la maison. 

“Pour moi, c’est bizarre parce que c’était déjà mon maillot en 2009. C’était surement différent pour mes coéquipiers qui n’avaient jamais eu la chance de le porter” – Stephen Curry, discours à l’Oracle après le dernier match de régulière joué avec le jersey old-school des Dubs.

Je n’oublierai jamais le match 3 disputé à l’Oracle contre les Nuggets en 2013. Je n’ai jamais entendu un bruit plus fort que celui là.” – Draymond Green pour The Athletic et Tim Kawakami.

“J’ai réalisé un peu que c’était la dernière quand je suis arrivé en voiture à l’entrainement.” – Chauve Livingston à ESPN.

“Je peux vous dire que depuis le premier jour où je suis rentré dans cette enceinte pour ma saison rookie en 1998, l’ambiance de cette salle est incroyable. Ça a toujours été le cas, lors des quinze années où je suis venu ici en tant qu’adversaire durant ma carrière de joueur ou à chaque fois que je suis venu commenter ici. La plus grosse ambiance que j’ai pu voir ici correspond au Game 6 de l’épopée de We Believe. Je n’avais jamais entendu ça avant ! Et maintenant, d’avoir le privilège de sentir cette énergie en tant que coach, nous ne pouvons que vous remercier, tous autant que vous êtes. Je tiens à remercier tout le staff de l’enceinte qui fait un boulot incroyable.” – Extrait du discours de Steve Kerr à l’Oracle

“Je m’attends à ce que nos fans soient bruyant comme ils ne l’ont jamais été, pour Kevin (Kevin Durant, ndlr). Je sais qu’ils le feront parce qu’on le mérite. Plus important encore, car Kevin le mérite compte tenu de son dévouement à l’institution Warriors.” – Klay Thompson, selon Nick Friedell d’ESPN.

Oracle went crazy after the game 5 win 🔥 pic.twitter.com/VoHC8jkUJB

— Warriors on NBCS (@NBCSWarriors) June 11, 2019

Même avec un écran en guise de spectacle, l’Oracle Arena est plus bouillante que 3/4 des salles NBA.

L’excitation, la peur et la nostalgie se répandent dans les rues d’Oakland. L’excitation de voir ses guerriers en découdre avec des Dinos qui ont manqué l’occasion de terminer à la maison; la peur que la dernière représentation de Chef Curry et ses potes à l’Oracle ne soit gâchée par la célébration d’un titre qui n’est pas le leur… et la nostalgie de devoir refermer un livre vieux de 47 années d’histoire. Même si les maillots accrochés sous le toit de l’enceinte seront déplacés avec la franchise vers San Francisco, l’histoire ne bouge pas et les sensations changent. L’Oracle Arena est la salle la plus vieille encore en activité dans le circuit, il faut bien tourner la page un jour et le temps est venu de mettre la clé sous la porte. La nostalgie des joueurs est également compréhensible tant les habitudes sont modifiées. Trois titres gagnés en quatre ans et sûrement les meilleurs moments des vies de certains joueurs. On ne peut jamais tourner une page de sa vie sans que s’y accroche une certaine nostalgie.

Nous nous étions habitués à sa présence, il va falloir désormais s’habituer à son absence. Ce qui est certain, c’est que ce déménagement fait plus mal que certaines retraites. L’histoire va s’écrire à quelques kilomètres d’Oakland pour les Dubs, mais l’hommage doit commencer dès ce soir. Win or Nothing !

Sources texte : ESPN / Twitter / RealGM / The Athletic