L’oncle de Kawhi Leonard revient sur le divorce entre son joueur et les Spurs : “Ils n’ont pas cru sa blessure”
Le 27 mai 2019 à 10:16 par Bastien Fontanieu
Dennis Robertson. Ce nom, qui effraie bien des gens à San Antonio, est à garder en tête. Car s’il y a bien un homme qui connaît Kawhi Leonard mieux que quiconque, c’est son oncle. Ce dernier est revenu, auprès de Chris Haynes chez Yahoo Sports, sur plusieurs épisodes importants concernant son neveu.
Quel pari, quelle réussite, et quelle ironie, quand on regarde maintenant en arrière. Il y a environ un an, chez les Spurs, la crise était maximale entre Leonard et sa franchise. Après une saison régulière marquée par des montagnes russes médiatiques autour de la rééducation du All-Star à sa blessure du quadriceps droit, puis une élimination logique au premier tour des Playoffs, le staff de San Antonio arrivait gentiment au mois de juin devant une impasse. Cette impasse, c’était celle qui représentait la relation entre Kawhi et son équipe, dans laquelle il avait toujours joué jusqu’ici. Manque de communication d’un côté, doutes de l’autre, silence radio d’une manière générale sauf sur les talk-shows américains, l’affaire allait prendre une sale tournure à l’arrivée de l’été et la position du public était plutôt claire sur ce dossier : Leonard force son départ, Leonard n’est peut-être pas si blessé que cela, Leonard doit aller voir ailleurs. C’était, il y a un an, une opinion partagée par la majorité, qui voyait en plus en Dennis Robertson un acteur particulièrement redouté sur le marché des agents. Un personnage atypique, dont nous avions d’ailleurs tiré le portrait. Positionné sur le devant de la scène afin de représenter son neveu de nature silencieux, Robertson menait la carrière de son petit protégé de la meilleure façon possible selon lui et la tournure que cette affaire prenait n’avait rien de rassurant. Quelle est cette blessure ? Et que s’est-il passé avec les Spurs pour en arriver là ? S’agit-il d’un oncle maléfique qui veut se faire un maximum de business avec son joueur, ou bien un vrai protecteur expérimenté qui veut éviter une suite mitigée en vue du talent de son Kawhi ? Au bout de quelques semaines de mutisme et surtout d’interrogations publiques, Robertson et Leonard demandaient finalement un transfert de San Antonio. Que quelqu’un vienne récupérer l’ailier, l’avenir n’a plus de sens ici puisque le niveau de confiance et de transparence est en-dessous du niveau de la mer. Les Raptors, bien heureux de pouvoir tenter un sacré coup de poker, vont se jeter sur l’occasion. Et aujourd’hui ? Kawhi Leonard est le talk de toute la planète basket, lui qui a mené sa nouvelle franchise vers ses premières Finales NBA. L’occasion idéale, à quelques jours du début de la série face aux Warriors, pour revenir en détail sur ce qui s’est passé l’an dernier. Allez, Tonton Dennis, raconte-nous une histoire.
Leonard devait faire avec une blessure au quadriceps droit, qui le limitait à seulement neuf matchs la saison passée.
Au fil du temps, le staff médical des Spurs l’a autorisé à rejouer. Leonard a demandé un second avis médical venant de l’extérieur, et il lui a été recommandé de continuer à faire sa rééducation loin des parquets. La position de la franchise a poussé certains coéquipiers à douter des intentions de Leonard. Entre ça et les médias qui relayaient la frustration permanente des Spurs sur la situation, c’était le début de la fin concernant une relation qui était jusque là plutôt bonne depuis six ans.
Robertson a révélé les raisons du départ l’an dernier.
“Je pense qu’il n’y avait plus de confiance. Les Spurs ne voulaient pas croire que Kawhi ne pouvait pas jouer, et ça a créé une perte de confiance de notre côté comme du leur. Chaque fois qu’un joueur dit qu’il ne peut pas jouer, il faut le croire. Pourquoi Kawhi s’arrêterait de jouer d’un seul coup ? C’est un compétiteur. Parfois, vous tombez sur ces médecins du staff médical de la franchise qui vont vous dire que vous pouvez faire ceci ou cela. Sauf que Kawhi souffrait trop à l’époque pour se donner sur le terrain. C’était une sérieuse blessure. Ils ne l’ont pas cru, et après ça, la relation ne pouvait plus durer ainsi donc nous avons décidé d’avancer ailleurs.”
Au moment où ces lignes sont écrites, Robertson est totalement backé par les actes de son neveu et peut donc partager ce type de pensée. C’est vrai, Kawhi est un énorme compétiteur, et on le voit sur ces Playoffs 2019. Il est donc bizarre, comme il le dit, de voir un joueur comme lui refuser d’aller sur le terrain. Mais on sait aussi que dans une NBA actuelle où les joueurs sous contrats ont peu de leviers pour se faire transférer en cas de mésentente avec la franchise, un sitdown forcé est une option bel et bien existante. Preuve étant, en restant sur le côté Kawhi et son camp ont obtenu ce qu’il voulait, c’est-à-dire une situation trop envenimée pour que la franchise puisse la conserver. Mais le but ici n’est pas de douter de l’intégralité des propos de l’oncle de Leonard, en restant dans la véhémence du passé. Le point souligné sur le staff médical de chaque franchise en est un exemple. On l’a vu plus d’une fois par le passé, il peut parfois y avoir des équipes dont le staff peut privilégier la productivité plutôt que la sécurité. Pas de dénonciation, pas de doigt pointé vers untel ou untel, mais nombreux furent les exemples passés dans lesquels on a vu un joueur consulter un avis extérieur en plus de celui de la franchise, afin d’avoir toutes les options en tête. Chris Bosh, par exemple, était persuadé pendant un moment que le Heat refusait de le faire jouer afin de faire passer son salaire dans les coulisses de la franchise. Les soucis médicaux de l’intérieur n’ont pas été pris à la légère par le staff de Floride, mais il était important pour Bosh d’avoir plusieurs avis sur la question. C’est certainement sur le même modèle que Kawhi et son oncle se situaient l’an dernier. Peut-être que la blessure de Leonard n’était pas énorme, peut-être que la franchise voulait aller de l’avant en considérant ne prendre aucun risque, et peut-être que le camp du joueur avait déjà des envies d’ailleurs, mais ce qui est indéniable c’est que Kawhi ne pouvait pas jouer et il est aujourd’hui difficile de lui en vouloir quand on voit sa réussite sur les parquets. Un jour, peut-être, on saura tout sur cette fin de parcours entre Leonard et les Spurs, les vrais dessous de cette affaire. Pour le moment, on se basera sur les propos de Tonton Dennis, qui aura un rôle sacrément déterminant dans la décision de son poulain cet été…
Kawhi Leonard et les Spurs ne se faisaient plus confiance. L’un est au sommet de la NBA aujourd’hui, l’autre veut se refaire en tournant une page depuis un an. Dennis Robertson reste, en tout cas, un personnage aussi important que mystérieux dans le camp de la superstar.
Source : Yahoo Sports