La fin de carrière du mythe Kareem Abdul-Jabbar : retour sur un jour symbolique pour tous les fans de basket au monde

Le 23 avr. 2019 à 20:03 par Gianni Mancini

Kareem Abdul-Jabbar
Source image : YouTube

Si l’on pouvait imager la NBA, on dirait que la Grande Ligue s’apparente à un vaste univers mythologique, où l’on trouve des héros, des méchants, de fins stratèges, des idoles, voire même des dieux. Et pour ce qui est de ces figures divines, très, très peu parviennent à égaler la légende tracée par Monsieur Kareem Abdul-Jabbar. S’il fallait une raison en particulier pour l’honorer, aujourd’hui marque le dernier match en saison régulière du mythe. Retour.

Vingt saisons en NBA, des records à la pelle, des trophées à ne plus savoir où les mettre sur l’armoire dédiée, l’un des tout meilleurs joueurs de l’histoire. Bref, on a du mal à présenter Kareem Abdul-Jabbar comme il se doit, tant sa carrière astronomique a déjà été décortiquée et adulée de toutes les façons possibles et imaginables. Le but n’est pas de vous dresser une page Wikipédia de la légende, mais d’offrir une perspective de son crépuscule. Au début de la saison 1988-89, KAJ annonce que cette campagne sera son dernier baroud d’honneur, atteignant la barre symbolique des 20 saisons effectuées, à l’âge incroyable de 42 ans. Une longévité au très, très haut niveau qui méritait largement des adieux en grandes pompes. A l’image d’un certain Kobe Bryant, légende angelinos plusieurs décennies après lui, le sextuple MVP eut droit à un Farewell Tour inoubliable tout au long de l’exercice, que ce soit de la part des adversaires, de ses coéquipiers ou encore des fans à travers tout le pays, qui se précipitaient logiquement pour le voir jouer une dernière fois avec l’illustre tunique pourpre et or sur ses larges épaules. Un dernier million dollar smile, un dernier skyhook, qui à ce jour demeure sans doute le move le plus inarrêtable de l’histoire de ce sport. De par son hygiène de vie irréprochable, Abdul-Jabbar put disputer une année pleine pour sa dernière danse, avec en tout 74 matchs joués, pour des moyennes de 10,1 points et 4,5 rebonds. Mais, dans ce genre d’instance, on se fout royalement des stats, pour une fois, puisqu’elles sont largement supplantées par le romantisme, l’émotion.

Vient donc le jour fatidique, le 23 avril 1989, où le pivot lassa ses sneakers et mis ses lunettes pour la dernière fois en saison régulière, au Great Western Forum, évidemment, face aux Seattle Supersonics. Une soirée forte d’émotions pour tout le monde, et le board des Lakers ne s’y est pas trompé, puisqu’on laissa Kareem s’asseoir au milieu du parquet dans un rocking-chair géant pour la cérémonie d’avant-match. Une chaise XXL à sa taille, mais surtout un trône adapté à celle de sa légende. Derrière, il offrait un speech poignant, et surtout, 26 minutes de bonheur aux spectateurs présents, y allant de ses 10 pions et 6 prises. Bon, ok, on a dit qu’on s’en foutait des stats, mais la symbolique ici réside dans le fait que jusqu’au tout dernier match, la toute dernière seconde, KAJ aura entériné un record qui risque bien de ne jamais être battu, celui de meilleur scorer all-time, avec ses 38 387 points en carrière. Excusez du peu encore une fois, mais ça fait beaucoup, non ? Même si Father Time opérait son oeuvre sur celui que l’on pensait à force immortel, nul doute qu’Abdul-Jabbar cimenta sa légende jusqu’au clap de fin, et continue de le faire jusqu’à aujourd’hui, toujours avec un engagement et une classe qui remplissent nos yeux d’admiration. Ce 23 avril marque ainsi ses dernières minutes, et ses derniers points inscrits en régulière, mais pas sa der’ des der’ pour autant. Oui, c’est pas tout ça, mais derrière, il y avait des Playoffs à jouer pour les Lakers, qui à cette époque étaient déjà bien l’équipe d’un dénommé Magic Johnson, mais pour qui l’anciennement Lew Alcindor voulait apporter sa pierre à l’édifice, dans la conquête, pourquoi pas, d’un septième titre NBA ? La fin aurait pu être encore plus belle, mais malheureusement pour lui, L.A. s’inclina lourdement en Finales face aux Bad Boys de Detroit, après un parcours des plus admirables, que ce soit collectivement, ou à titre individuel pour la figure emblématique. Encore la gorge nouée, encore une ovation, et cette fois, nous pouvions dire merci, définitivement.

On vous l’a dit, l’histoire de la NBA constitue une véritable Iliade contemporaine, avec nombre de dates aussi historiques que marquantes à célébrer. Mais peut-être aucune plus marquante que les derniers pas donnant sur les empreintes gigantesques, au sens propre et figuré, de Kareem Abdul-Jabbar.