Chère NBA, merci de laisser Trae Young et tous les autres joueurs faire du trashtalking en paix
Le 04 mars 2019 à 04:19 par Bastien Fontanieu
Dans le match de ce dimanche opposant les Bulls aux Hawks, Trae Young a été expulsé pour trashtalking en recevant une stupéfiante deuxième faute technique. La goutte d’eau qui fait clairement exploser notre vase.
Décidément, les matchs entre Chicago et Atlanta sont remplis de fortes émotions. Déjà que cette semaine, on avait eu droit à un marathon en quadruple-prolongation, le rendez-vous de ce dimanche n’a pas calmé les choses. Resituons le contexte, pour tout bien comprendre. En feu malgré la défaite, Trae Young plante 49 points sur les Bulls et ce bon Kris Dunn, qui était bien soûlé d’avoir pris en partie la sauce par un rookie. Deux jours plus tard, les meneurs se retrouvent à Chicago et l’ambiance devient chaude. Dès le premier quart-temps, Young et Dunn se chamaillent et prennent une double-technique car ça en vient aux mains. Le meneur des Bulls met une chiquette à celui des Hawks, car le gamin a pris un shoot et donné un léger coup d’épaule en passant. Toujours aussi confiant et irritant par son exubérance naturelle, Young veut régler des comptes à l’amiable, ce qui n’est pas tout à fait le genre de Dunn. L’avertissement donné aux deux jeunes, le jeu reprend. Une partie qui va donner l’avantage aux visiteurs, avec Trae dans un rôle de bourreau une nouvelle fois. Le sniper se met à l’aise et commence à canarder, et c’est là que le match dérape. Sur un trois-points tenté en première intention, Young fait ficelle, les Bulls demandent temps-mort et l’intéressé met ses mains sur ses hanches tout en fixant son adversaire direct du regard. Le genre de célébration qu’on voit des dizaines de fois par semaines chez les superstars, chez les plus confiants du circuit qui ont droit à la protection protocolaire des arbitres. Trae Young ne l’a pas, peut-être l’aura-t-il un jour, mais elle existe bien. LeBron, Curry, Westbrook et compagnie, autant de monstres capables de faire des high kick, des guns et des clap-clap en direction de leurs adversaires. Pourquoi ? Parce que c’est dans la nature du jeu et du sport de haute compétition. Les émotions sont telles et le niveau de confiance demandé est tel, que lorsqu’on prend un avantage mental conséquent sur son adversaire, on ne peut se retenir d’exprimer la bascule autrement que par un geste ou une phrase. Ce seront des célébrations, des injures dans les lignes autorisées, des regards, bref du trashtalking au premier sens du terme. Et c’est aussi ce qui fait la beauté du jeu.
Trae Young got ejected with his 2nd technical after trash talking Kris Dunn pic.twitter.com/Jt1lf445bw
— Bleacher Report (@BleacherReport) 3 mars 2019
C’est parce que Stephen Curry se retourne avant d’avoir rentré un trois-points qu’on secoue notre tête en mettant nos deux mains dessus. C’est parce que Damian Lillard pointe le doigt sur sa montre après un gros shoot qu’on claque nos doigts en sautillant. Pour les arbitres de cette rencontre, comme ils l’ont indiqué dans le rapport d’après-match, l’erreur de Trae Young a été de viser sa célébration en direction Kris Dunn : c’est ce qu’on appelle du bullshit. Combien de fois voit-on des Lou Williams faire la guitare vers Lance Stephenson, Jamal Murray, Draymond Green, Joel Embiid, D’Angelo Russell, Jaylen Brown, Devin Booker et tant d’autres, sur cette saison, nous faire sourire avec leurs points d’exclamation dirigés vers leurs adversaires ? L’arbitrage, comme chaque année, est un sujet de conversation qui fâche. Et pourtant, c’est peu dire si les habitués de ce petit site internet savent à quel point on préfère parler d’autre chose. Mais deux points majeurs nous poussent à écrire cette fois-ci. Premièrement, pas de surprise dans l’intitulé, quand on empêche les joueurs de faire du trashtalking, y’a moyen que TrashTalk ramène sa fraise. Du basket sans blabla, c’est une raclette sans fromage, ou un EVG sans alcool. Deuxièmement, et c’est là que la NBA doit aussi penser à la suite, c’est qu’en étant pourtant la première à vouloir faire en sorte que les fans soient les premiers servis, empêcher les jeunes stars de pouvoir jouer et faire le show ne servira pas sa marque comme son produit. Si Curry ou Westbrook ont en partie bouleversé le basket ces dernières années, c’est par l’insolence liée à leurs performances. Sans célébrations, sans geste, sans cri, cela manquerait de saveur. Et donc de visibilité. Ne nous retirez pas cela, s’il-vous-plaît.
Le trashtalking est une espèce en voie de disparition, on en a bien conscience. Mais il va aussi falloir que la NBA fasse un choix sur le basket qu’elle veut promouvoir à l’avenir : tout propre et sans la moindre expression, ou bien un peu sale mais terriblement bon ? Shut up and dribble ne devrait pas être utilisé dans ce sens, mais c’est peu dire si on est tentés devant ce genre de situation.