Coach de l’année 2018-19 : quand Mike Budenholzer rime avec bulldozer

Le 03 févr. 2019 à 15:44 par Alexandre Martin

Mike Budenholzer Bucks coach
Source : Youtube / Milwaukee Bucks

Depuis notre présentation des principaux favoris pour le titre de coach de l’année, un mois s’est écoulé et nous pouvons maintenant commencer à nous lancer dans un classement. Car ce trophée récompensant les techniciens les plus influents depuis leurs bancs fait partie des plus prisés des trophées individuels décernés en fin d’année lors de la désormais fameuse cérémonie des NBA Awards. Allez, on envoie le troisième ranking des coachs sur cette saison 2018-19 histoire de bien démarrer la nouvelle année. 

Le procédé suivi pour établir ce classement ne rigole pas du tout et s’inspire des plus prestigieux process scientifiques : on mélange les statistiques et les bilans collectifs des équipes avec le fond de jeu proposé, l’efficacité en sortie de temps-mort, l’ambiance qui semble régner dans le vestiaire, l’attitude du ou des leaders, l’ancienneté du coach et la qualité du groupe qu’il a sa disposition. Nous obtenons ainsi un jugement infaillible sur la performance de l’homme en costard sur le banc de chaque franchise et nous pouvons donc les classer.

Statistiques arrêtées au 3 février
(entre parenthèses, la progression par rapport au mois dernier)

10 – Quin Snyder (entrée)

  • Bilan : 30 victoires, 24 défaites soit 55,6%. 7ème de l’Ouest.
  • Dynamique : 7 victoires sur les 10 derniers matchs
  • Mention : “Personne ne nous regarde mais tout le monde nous craint”. Le Jazz est de retour dans le top 5 des défenses depuis un petit moment. Le Jazz est de retour à une solide place de playoffabes avec deux matchs d’avance sur les Kings (9èmes). Rudy Gobert est passé tout près d’être All-Star, Donovan Mitchell monte en régime après un début de saison décevant et c’est tout le groupe qui suit. Un groupe prêt à mourir sur le parquet, un groupe de joueurs collectifs à l’image de Joe Ingles, de Jae Crowder ou Ricky Rubio. Un groupe à l’image de son coach. Si le Jazz monte encore un peu dans le classement de l’Ouest, ne soyez pas surpris du nombre de votes que Quin Snyder va obtenir en fin d’année.

9 – Nate McMillan (-5)

  • Bilan : 33 victoires, 19 défaites soit 63,5%. 4ème de l’Est.
  • Dynamique : 5 victoires sur les 10 derniers matchs
  • Mention : “Pour Toto”. La blessure de Victor “Toto” Oladipo après seulement 10 minutes de jeu contre les Raptors le 23 janvier dernier, fut bien évidemment un petit drame pour les Pacers. Mais ils ont gagné ce match quand même, en pratiquant leur basket : rugueux défensivement et sans fioriture offensivement. C’est le basket que Nate McMillan prône depuis plus de 18 mois maintenant et Indiana s’en porte très bien. Il y a bien sûr eu plus de défaites que d’habitude avec une sale série notamment en road-trip mais les Pacers ont montré qu’il n’avaient pas l’intention de baisser la tête. Sans leur meilleur joueur, ils restent une équipe très compliquée à manier et ça, c’est tout le mérite d’un coach. Argument numéro 1 pour ne pas enterrer McMillan trop vite et le garder dans ces 10.

8 – Gregg Popovich (-2)

  • Bilan : 32 victoires, 22 défaites soit 59,3%. 5ème de l’Ouest.
  • Dynamique : 5 victoires de suite, 7 sur les 10 derniers matchs
  • Mention : “70 ans et encore dans les temps”. S’il perd deux places par rapport au classement du mois dernier c’est uniquement parce qu’il s’est fait dépasser par deux coachs dont les résultats sont meilleurs et qu’on a eu envie de faire monter au classement. Mais il n’empêche que Gregg Popovich est une nouvelle fois en train de proposer un basket de haut niveau après un début de saison compliqué. Le groupe fonctionne de mieux en mieux, LaMarcus Aldridge est All-Star et DeMar DeRozan n’est clairement pas passé loin. Les jeunes comme Derrick White ou Davis Bertans se développent magnifiquement pendant que Rudy Gay pourrait nous faire oublier d’où il revient. Les Spurs ont la 5ème meilleure attaque de la ligue et sont en route pour les Playoffs, les 22èmes d’affilée pour Gregg le monument du coaching.

7 – Terry Stotts (+2)

  • Bilan : 32 victoires, 20 défaites soit 61,5%. 4ème de l’Ouest
  • Dynamique : 7 victoires sur les 10 derniers matchs.
  • Mention : “Discrètement, tranquillement mais solidement”. Si Damian Lillard est souvent sous-estimé dans son impact, son niveau de jeu ou ses statistiques, on peut en dire de même de son coach finalement. On n’oublie rarement de le tailler quand les résultats ne sont pas au rendez-vous mais là ils le sont et dans une conférence Ouest qui ne rigole pas du tout. Le jeu des Blazers est collectif, solide et régulier cette saison. Le banc est bien utilisé et propose donc des production très honnêtes par rapport à son plafond en termes de talent. Lillard joue comme un MVP, McCollum ne défend toujours pas mais il pèse en attaque pendant que Nurkic et Aminu développe une complémentarité très intéressante. Si les Blazers pouvaient trouver un point de chute pour Maurice Harkless et Meyers Leonard, idéalement en échange d’un pivot, Stotts aurait alors de quoi lutter sérieusement pour être sur le podium des coachs de l’année.

6 – Steve Kerr (+2)

  • Bilan : 37 victoires, 15 défaites soit 71,2%. 2ème de l’Ouest.
  • Dynamique : 9 victoires sur les 10 derniers matchs.
  • Mention : “N’oubliez pas que le patron vient d’Oakland”. En janvier, seuls les Rockets d’un immense James Harden et des Sixers ultra sérieux sont parvenus à battre les Warriors (à l’Oracle Arena d’ailleurs !). Sinon, l’agenda de Steve Kerr et ses hommes peut se résumer en une lettre, le W. Beaucoup d’équipes solides sont passées à la moulinette des Guerriers avec en point d’orgue, cette victoire magistrale à Denver avec un premier quart foudroyant et 51 points marqués lors de ces douze premières minutes. Bref Kerr connait son groupe, il sait le motiver, le tenir en haleine et le garder motivé. L’objectif ne change pas : terminer premier de l’Ouest, enfiler les Playoffs, déboîter ceux qui se trouveront sur le chemin et devenir la quatrième franchise de l’histoire à réussir un Three-Peat, ce qui représenterait le quatrième titre en cinq ans. Et au passage, si une autre grosse série de victoires vient par exemple assaisonner le mois de février, le coach blondinet aura son mot à dire pour le COY.

5 – Kenny Atkinson (entrée)

  • Bilan : 28 victoires, 26 défaites soit 51,9%. 6ème de l’Est.
  • Dynamique : 7 victoires sur les 10 derniers matchs.
  • Mention : “Brooklyn’s finest”. Malgré 3 défaites à l’extérieur récemment (à Boston, à San Antonio et à Orlando), les Nets continuent de proposer un bon basket et comptent d’ailleurs toujours 7 succès dans leurs 10 dernière sorties dont quelques unes face à des clients très sérieux comme les Rockets ou les Celtics. D’Angelo Russell n’en finit plus de passer de progresser et de passer des caps, tout comme ce groupe jeune qui adhère totalement à la philosophie de son entraîneur. Caris LeVert va revenir et les Playoffs sont clairement un objectif raisonnable à ce stade de la saison pour les Nets. Le tout avec la 17ème défense et la quinzième attaque, des joueurs qui ne lâchent pas le moindre match et un groupe qui semble très bien vivre. Il devrait y avoir du bon basket, sympa à regarder et après la mi-avril à Brooklyn, oui Kenny Atkinson va avoir des voix pour le titre de coach de l’année.

4 – Nick Nurse (-1)

  • Bilan : 37 victoires, 16 défaites soit 69,8%. 2ème de l’Est.
  • Dynamique : 6 victoires sur les 10 derniers matchs.
  • Mention : “Attention aux gros”. Défaite contre les Celtics le 17 janvier et, plus récemment, des défaites à Indiana, à Houston ou contre les Bucks. Voilà pourquoi Nick Nurse perd une place dans ce classement alors que son bilan reste magnifique et qu’il doit gérer une infirmerie qui ne désemplit quasiment pas. Mais attention tout de même à ne pas glisser plus, à ne pas perdre le contrôle car Sixers, Pacers et Celtics sont à l’affût. Après nous parlons ici d’une top 10 attaque et d’une top 10 défense, le boulot de Nurse est de très haut niveau. Il peut aussi vite remonter sur le podium et revenir dans la course au COY.

3 – Billy Donovan (+2)

  • Bilan : 33 victoires, 18 défaites soit 64,7%. 3ème de l’Ouest.
  • Dynamique : 7 victoires d’affilée, 8 sur les 10 derniers matchs.
  • Mention : “Le plomb en défense, le talent en attaque”. Le Thunder a l’une des plus solides défenses de la ligue et si son attaque n’est encore que “average”, elle est portée par deux monstres du basket actuel : Paul George et Russell Westbrook. Ce qui aide bien. Cet équilibre qui fonctionne est l’oeuvre de Billy Donovan. Il donne les libertés qu’il faut à ses gars tout en leur en demandant beaucoup en termes de rigueur défensive. Il a réussi à hiérarchiser intelligemment le groupe, à faire comprendre à l’ami Russell comment intégrer au mieux son pote Paulo. Et ça marche, vraiment bien !

2- Mike Malone (+2)

  • Bilan : 37 victoires, 15 défaites soit 71,2%. 1er de l’Ouest.
  • Dynamique : 6 victoires d’affilée, 8 sur les 10 derniers matchs.
  • Mention : “Sauce piquante pour mes Nuggets”. Il y a eu ce petit coup de mou au milieu du mois de janvier avec une défaite à Phoenix, un fessée reçue à domicile par les Warriors le tout encadré par un revers contre les Rockets au début du mois et plus récemment une défaite contre le Jazz. Mais les Nuggets sont restés solides et ont à chaque fois rebondi positivement après ces défaites. Ils sont même sur 6 wins consécutives et tiennent toujours le haut du pavé de la conférence Ouest, ex-aequo avec l’ogre de la baie d’Oakland. L’escouade du Colorado a bien l’intention de continuer ainsi avec un Mike Malone de plus en plus inspiré au coaching, un Mike Malone qui jongle avec les différentes blessures comme si c’était évident. Très très gros candidat au titre de coach de l’année, sans aucun doute.

1 – Mike Budenholzer (=)

  • Bilan : 38 victoires – 13 défaites soit 74,5%. 1er de l’Est.
  • Dynamique : 3 victoires d’affilée, 9 sur les 10 derniers matchs.
  • Mention : “Bucksdenholzer ou Bucksdolzer”. Plus la saison avance, plus les Bucks s’installent confortablement à la première place de la conférence Est. Plus la saison avance, plus les Bucks ressemblent à un client très sérieux qu’il ne fera pas bon croiser à partir de la mi-avril. Giannis Antetokounmpo a encore passé un cap cette année et la bande de Daims qui l’entoure propose un niveau de jeu magnifique des deux côtés du terrain avec la meilleure défense de la ligue (1er ratio défensif avec 104) et une attaque dans le top 5 (113,6 de ratio offensif, 4ème). Oui les Bucks de Budenholzer sont un vrai bulldozer.

Ils sont sortis

  • Doc Rivers : le boulot du Doc est très bon. Il dirige son groupe de belle manière comme en témoigne ce comeback à Détroit. Mais il y a trop de monde à l’Ouest et il n’est “que” 8ème, c’est trop court.
  • James Borrego : un peu comme pour le Doc, ce n’est pas contre le jeune coach des Hornets mais tout le monde ne peut pas figurer dans les 10. La montée en puissance des Nets d’Atkinson lui fait mal.

Ils pourraient débarquer

  • Brett Brown : une énorme victoire à Golden State mais encore pas mal d’irrégularité.
  • Brad Stevens : les Celtics retrouvent des couleurs mais ne sont même pas dans le top4 de l’Est au moment où ces lignes s’écrivent. Dans le top 3, on en reparlera.

Voilà pour ce “coach ranking” de début d’année. On se retrouve début février pour voir comment ce top 10 aura évolué !


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