L’Association des joueurs a reçu un coup de fil : après une semaine, les Bulls n’en peuvent plus de la méthode Jim Boylen
Le 12 déc. 2018 à 00:02 par Victor Pourcher
On vous en parlait hier, et on ne pensait pas en savoir plus avant un moment, tant ce genre d’histoire reste habituellement enfermée dans les coulisses des franchises NBA : les joueurs de Chicago ne supporteraient (déjà) plus la méthode du nouveau coach Jim Boylen. Mais ce qui est cool avec les Bulls cette saison, c’est que ça déborde de bordel absolument partout et qu’on a du mal à colmater toutes les fuites. Résultat, Vincent Goodwill et Chris Haynes de Yahoo! Sports balancent presque tous les détails des récents événements en interne, avec un appel à l’association des joueurs comme point culminant. Allez, pop-corn.
Lundi dernier, Fred Hoiberg était enfin viré des Chicago Bulls et, à l’heure où l’on écrit ces lignes, on évacue à peine les derniers fans de la franchise qui se sont amassés sur les rond-points, les péages et même sur les Champs pour crier leur soulagement autour de grands feux de joie (les gilets quoi ?). Pour le remplacer, Gar Forman et John Paxson ont décidé de promouvoir Jim Boylen, sur le banc en tant qu’assistant depuis 2015 et anciennement sur celui des Spurs aux côtés de Gregg Popovich. Sur l’instant, beaucoup se réjouissent qu’un coach réputé plus dur encadre des joueurs qui avaient oublié la signification du mot “autorité”, et on avait du mal à les contredire tant cette franchise semblait manquer d’ordre. Le problème, c’est que manager un vestiaire NBA consiste également à gérer des hommes et leurs égos : nombreuses sont les règles, tacites ou non, qui garantissent une bonne relation avec ceux qui foulent les parquets tous les soirs. Et ça, Jim Boylen ? Il en a rien à taper. Mais vraiment. On lui a confié la mission de redresser l’équipe et de rétablir un peu d’autorité, il est immédiatement parti dans un trip à la Pascal le Grand Frère : je suis plus vieux que vous et j’ai pas de cheveux, mais je vais vous faire marcher droit. Et la comparaison paraît même un peu légère puisque, dès son arrivée, Jim Boylen a rallongé les entraînements et les a rendu bien plus intensifs, chose rare en pleine saison régulière : du fractionné, des sprints et pompes, soit du bon vieux physique à l’ancienne qui a comme un arrière-goût de punition. Mais ces efforts supplémentaires n’expliquent pas entièrement la mutinerie actuelle.
Au-delà des exigences physiques de Jim Boylen, ce sont les humiliations, du moins ce que les joueurs ont interprété comme telles, qui ont fait monter la colère du vestiaire. Ainsi, à l’issue de la courte défaite face contre Indiana (90-96) la semaine dernière, le coach a insisté pour que ses hommes visionnent les images juste après le match, là où l’usage NBA attend que les esprits se soient apaisés avant de les critiquer. Et dans la défaite historique contre Boston samedi soir (133-77, pire écart de l’histoire de la franchise), Jim Boylen a sorti tout son cinq majeur lors du run de 17-0 des Verts. Rien d’étonnant. Mais quand il a récidivé en seconde mi-temps, alors que ses titulaires n’étaient menés que 5-3 sur les dernières minutes, les choses prenaient une tournure différente. Car nul besoin d’être pro depuis 15 ans ou psychologue reconnu pour y voir une sanction, et une forme d’humiliation publique. Une petite punchline dans les médias disant que ses joueurs devait se remettre en forme et, pour enflammer tout cela, il fallait un déclic, ce dernier petit coup pour tout briser, cet ultime shoot provocateur dans le panier, déjà bien rempli, du mental de ces gars. Pas de problème, Jim Boylen est clutch quand il s’agit de foutre le bordel dans le crâne de ses joueurs. Vous êtes bien crevés après les rencontres contre deux grosses teams de la Ligue (OKC et Boston, soit un tout autre niveau que cette équipe) ? Allez, rendez-vous demain matin pour un entrainement en sortie de back-to-back ! Très rare en NBA. Surtout que, mettons-nous à la place des joueurs, quand vous en chiez depuis une semaine au practice et que vous sortez d’une défaite dramatique où tous vos titulaires se sont faits bencher, vous ne vous attendez pas à un shoot-around tout gentil à rigoler entre potes. Attention, la suite va aller très vite.
Par conséquent, selon certaines sources, le samedi soir, un vétéran de l’équipe (ah bah on ne peut pas tout savoir non plus !) prend l’initiative de rassembler les joueurs dans un groupe pour envoyer un message dont le propos est clair : 1) personne ne se pointe au practice demain 2) celui qui y va, je m’en occupe. Attendez, c’est pas fini. Tous les joueurs se rangent de son côté. Attendez, c’est pas fini on vous a dit ! Parce qu’il y a au moins un joueur qui n’est pas tout à fait d’accord… et qui envoie un message pour prévenir Jim Boylen. Le rapporteur, la taupe, le mouchard, la poucave ou le plus sensé, à vous de choisir comment vous le nommez et de parier sur son identité. Finalement, Jim Boylen mis au courant, les joueurs descendent, en grande partie sous l’impulsion du vétéran Robin Lopez qui ne faisait pas partie du groupe des messages. Mais ils refusent toujours de s’entraîner. C’est la confrontation entre joueurs et coach dont nous parlions dans l’article précédent, durant laquelle nous savons désormais que deux joueurs se seraient particulièrement exprimés selon les sources de Yahoo! Sports : Justin Holiday et Zach LaVine. Pas les moins importants du roster hein. Dernier élément, toujours selon les mêmes sources, Jim Boylen aurait à de nombreuses reprises fait mention de son passage aux San Antonio Spurs où il n’était pas rare de voir Gregg Popovich envoyer son cinq majeur sur le banc pour les faire réagir. Réponse d’un des joueurs : oui, mais nous sommes les Chicago Bulls, et tu n’es pas Gregg Popovich. À vous de placer la quote sur l’échelle du trashtalking. Qui que tu sois ami des Bulls, avec une telle punchline, sache que nous attendons ta candidature pour intégrer la rédaction. En tout cas, voilà tout ce qui a poussé les joueurs de Windy City à passer un coup de fil à la NBPA, l’association des joueurs de la Grande Ligue, pour se plaindre des méthodes jugées extrêmes de Jim Boylen. C’était la cata’ dans les résultats, c’est maintenant le bordel dans les coulisses, à quand les premières demandes de départs ? Courage, fans des Bulls…
Oui, le spectacle est assez désolant et on aimerait bien que les Chicago Bulls se distinguent sur les parquets plutôt que dans de telles histoires. Mais c’est ça aussi, la vie d’une franchise NBA, surtout lorsqu’elle est gérée comme celle de Windy City… Pour l’instant, le front office soutient Jim Boylen (en même temps, ils viennent de le nommer hein). Seulement, malgré les excuses du coach pour la sortie du cinq notamment, on peut se demander si les joueurs présents ne se barreront pas à la moindre occasion. Pire encore pour une équipe qui doit se reconstruire, ce n’est pas la meilleure pub en prévision de la prochaine free agency.
Source texte : Yahoo! Sports