Le début de saison des Mavs ne devrait surprendre personne : les cow-boys gagnent… dès qu’ils ont une star européenne
Le 10 déc. 2018 à 13:03 par Clément Mathieu
Les Mavs sont huitièmes à l’Ouest et potentiellement qualifiés en Playoffs. Surpris ? Vous ne devriez pourtant pas, car le succès de cette saison n’est absolument pas du au hasard. La franchise du Texas est l’une des meilleures en NBA depuis plus de dix ans. On les avait oublié à cause de deux dernières saisons pourries, mais le calcul est pourtant simple. Sans blessures et avec Dirk, l’équipe SERA Top 8. C’est pas plus compliqué que ça. Comme les Grizzlies avec Gasol et Conley, l’équipe de Rick Carlisle n’a pas besoin de big three ou de superstars à tous les postes pour casser des cou**les en NBA. Nous allons donc revenir sur la construction d’une team qui ne vous surprendras plus dans les années à venir.
Pour s’interroger sur le succès d’une franchise, il faut revenir aux bases. La construction d’une équipe championne se fait sur plusieurs années, voire une décennie, comme c’est le cas ici. Tout le monde n’a pas la chance de compter LeBron James dans son équipe et de passer de la dernière à la première place en une saison. Même les Warriors, avant l’arrivée de Kevin Durant, étaient une équipe presque entièrement construite par la draft, qui a mis presque six ans pour atteindre le Graal : Stephen Curry en 2009, Klay Thompson en 2011, Draymond Green en 2012 ont su créer une identité avant de voir GS devenir une superteam de serpents. Ce succès vient également de la venue de Steve Kerr qui, bien aidé par les années de coaching de Mark Jackson, a su implanter une âme de champions dans la team. Bref, devenir la meilleure équipe du monde, cela prend du temps. Les Mavs font partie de l’élite depuis les années 2000, et la mue de Dirk Nowitzki en superstar. De 2000 à 2012, les Mavs ne louperont ainsi pas une seule fois la postseason. Pourtant les effectifs et les coachs ont très souvent changé. Mais comme leurs voisins les Spurs, Dallas fait partie de ces équipes qui savent tout simplement jouer au basket. On ne fait pas douze Playoffs de suite sans avoir une identité particulière. Ici, elle est simple, c’est le sérieux et le professionnalisme.
C’est grâce à son professionnalisme que l’équipe a surmonté des échecs répétés en Playoffs pour finalement atteindre les finales en 2006 contre Miami. Avant d’atteindre le dernier niveau, il y a eu de multiples éliminations au premier tour et des blessures synonymes d’échecs. Contre le Heat, ils perdront après avoir mené 2-0 dans la série, encore un gros traumatisme. Mais l’année suivante, il n’est pas question de rééditer cet échec. 67 victoires, première place à l’Ouest, Dirk est élu MVP mais défaite 4-0 contre les Warriors de We Believe au premier tour, pour ce qui reste comme l’un des plus gros upsets de l’histoire de la ligue. La pilule est dure à avaler pour des Mavericks qui n’en finissent plus de décevoir dès que la saison régulière se termine. Dirk Nowitzki est déjà l’un des plus grands et il ne manque que quelque pièces autour de lui pour réussir à accrocher le Saint Graal. Mais par dessus tout, il faut que l’équipe se maitrise dans les moments chauds. En 2008, Rick Carlisle arrive à la tête de l’équipe. Le sosie de Jim Carrey mettra immédiatement en place un jeu offensif léché, parfait pour entourer la star allemande, et un jeu en équipe où les quinze joueurs du roster sont utilisés. En 2011, la consécration arrive, vengeance est faite. Victoire contre le Heat des Three Amigos 4-2 dans l’une des plus belles campagnes de Playoffs de ces dix dernières années. Personne ne croyait au succès des cow-boys mais ces derniers ont enfin prouvé qu’ils pouvaient surmonter la pression de la postseason. La baguouze est belle, la carotte servie à Miami est splendide. Le Heat, une équipe assemblée en vitesse, basée sur la réunion de stars, n’a pas réussi à se démener du collectif de Dallas. Et nous venons justement de nommer ce qui fait le succès de la franchise depuis tant d’années : le collectif.
Revenons donc à la saison 2018-2019, celle que nous sommes en train de vivre, qui marque le renouveau de la franchise et la fin de carrière de l’un des plus grands de l’histoire, on y reviendra. Les Mavs arrivent au training camp avec plein d’espoir. Le tanking de l’année dernière s’est avéré plus que payant car l’équipe récupère celui qui est considéré comme le meilleur joueur de la Draft, Luka Doncic. Pour n’importe quel fan de basket et non pas de NBA, il n’y a aucun doute sur le fait que le Slovène va dominer la Grande Ligue. Le gars est trop intelligent, a trop de vista pour ne pas percer. Casser la gueule à des adultes en Euroleague est autrement plus impressionnant que mettre vingts points en NCAA face à des étudiants boutonneux. Mark Cuban le sait et il semble être le seul, puisque Phoenix, Sacramento et Atlanta feront l’impasse sur le prodige, ouch…Gratin de carottes gratuits ! Qui veut une belle plâtrée d’olives ? Dans cinq ans, l’addition fera peut être mal pour ces équipes. On parle là d’un potentiel MVP en puissance quand même. Après plusieurs saisons décevantes, Dallas peut enfin se reconstruire avec une star, et européenne de surcroit. On ne change pas ses habitudes du jour au lendemain n’est-ce pas ? On vous parle souvent dans nos papiers de ce qui est un tanking de qualité. Et bien là, faire deux saisons pourries de suite, tout en conservant un coach mythique, en permettant à un collectif de naitre et en faisant de très bon choix à la draft pour finalement se retrouver avec un roster jeune et plein de potentiel entouré par des vétérans sérieux. C’est ce que l’on appelle un excellent tanking, passons le bonjour aux Bulls.
Symbole de l’esprit collectif de la franchise, Dirk Nowitzki, a accepté ces dernière années moins d’argent qu’il aurait pu en obtenir afin que l’équipe puisse se renforcer. Wesley Matthews en 2015 et Harrison Barnes en 2016 ont ainsi pu signer de jolis contrats à Dallas notamment grâce à ce sacrifice. Rajoutons à cela que l’Allemand accepte désormais, depuis la saison dernière, de sortir du banc pour laisser les jeunes se développer, et nous avons là l’exemple d’un franchise player dévoué au succès de sa franchise, nos amitiés à Kobe en passant. Bref, les couverts sont maintenant bien disposés, on va pouvoir se mettre à table. En ce début de saison 2018, peu de gens pensent que les Mavs vont réussir à être performants. Peu importe ce qui se passe dans les prochains mois à venir, les 25 matchs écoulés cette saison sont déjà suffisants pour que l’on puisse juger d’une tendance qui est la suivante. Cette équipe est forte et n’a pas fini de surprendre. Pour expliquer ce succès, la stabilité de la franchise joue énormément, comme on vous l’a expliqué, mais ce sont tout de même les joueurs sur le terrain qui font la différence en premier. Commençons par la recrue de l’été, DeAndre Jordan. Tout droit venu des Clippers, DeAndre the Giant est en train d’effectuer l’une de ses meilleures saisons en carrière. Son rôle a changé par rapport à celui qu’il avait à Los Angeles, et tout le mérite revient à Rick Carlisle, expert pour tirer le meilleur de chaque joueur. Le pivot n’est plus qu’un finisseur de lob, il est désormais impliqué dans le passing game de l’équipe et c’est pour cela qu’il tourne à 2,2 passes par match, sa meilleure moyenne en carrière. S’il est toujours aussi frustre dans son jeu offensif, on commence à percevoir un petit potentiel en ce qui concerne le jeu dos au panier. Il reçoit désormais ses ballons plus loin du cercle mais arrive toujours à concrétiser avec efficacité. Aux rebonds, il apporte ce dont l’équipe manquait cruellement l’année dernière, du combat et des capacités athlétiques hors normes. L’intérieur bondissant est en train de vieillir, ne saute plus aussi haut certes, mais est toujours aussi important dans un collectif. En plus, il met 75% de ses lancers désormais. Que demande le peuple ?
On pourrait également parler de Harrison Barnes et Wesley Matthews. Les deux jouent le basket dont Dallas a besoin. On peut toujours les traiter de joueurs surpayés, mais force est de constater que leurs apports défensifs compensent largement leur irrégularité en attaque. Tout de même, malgré ça, les deux joueurs tournent respectivement à 17 et 15 points. En fait l’intégralité du cinq majeur est à plus de 11 points de moyennes et personne n’atteint les vingt points. Collectif quand tu nous tiens. A leurs côtés, on peut parler de la bonne saison de Dennis Smith Jr. Ce dernier a encore du mal à jouer aux côtés d’un certain slovène, mais il est bien plus efficace dans sa prise de décision désormais. Ses pourcentages sont très corrects et sa défense s’améliore peu à peu. Plus arrière que meneur, le prospect de North Carolina est en train de se muer en poste 2 ultra-athlétique car déchargé de pas mal de responsabilités à la création. Ce n’est que sa deuxième année, mais son potentiel est de plus en plus intéressant. Comme on dit souvent, ce n’est généralement qu’à la troisième saison que les jeunes basketteur atteignent un vrai niveau. A l’exception bien sûr des prodiges de la balle orange comme celui que nous allons citer. Attardons-nous maintenant sur le futur rookie de l’année, le meilleur joueur de Dallas, le partenaire de danse préféré de Clint Capela, nous avons nommé, Luka Doncic. Le Slovène est en train de choquer tous ces américains qui ignore que le basket est également pratiqué au delà de l’Atlantique. Il affiche des statistiques impressionnantes pour un joueur de 19 ans. 18 points, 6,5 rebonds et 4 passes à 38% à trois points. Au-delà des chiffres, sa maitrise et sa confiance sont incroyables. Il y a deux jours, il a réalisé une performance qui marque le début de sa domination en NBA. Face aux Rockets de James Harden, alors que le score est de 102 à 94 pour ces derniers, Luka inscrit 11 points de suite pour arracher la victoire. On dit même que les traces de ses steps-backs sont encore sur le parquet. En plus d’avoir du talent plein les mains, le jeunot a un stand de surgelés qui coule dans ses veines. En même temps, il a déjà participé à deux Final Four d’Euroleague et a été élu MVP du dernier, donc bon, la pression il ne la sent pas, il la boit après chaque victoire. Les Mavs sont en train de trouver un remplaçant à Dirk Nowitzki et le vieil allemand, qui ne devrait pas revenir avant un bon moment, profite pour l’instant du spectacle en costard sur le banc.
Rick Carlisle est en train de peaufiner l’équipe d’une main de maitre. Il a parfaitement compris que les Mavs, au vu de leur effectif, pouvait être relativement bon en défense. Et honnêtement cela fonctionne plutôt bien. Treizième au rating défensif, ce n’est pas terrible vous allez dire, mais avec Luka et Dennis Smith Jr dans le cinq majeur, c’est plus qu’honnête. Et de toute façon, au delà des stats, l’impression visuelle est bonne. Les gars se battent et sont sérieux dans les rotations. Ceux qui n’ont pas le don de faire chier leur adversaire direct ont au moins la présence d’esprit d’être bien placé sur le terrain, et le sérieux qui se dégage d’une team aussi peu expérimentée est impressionnant. En même temps, les vétérans sont là pour encadrer. Wesley Matthews et DeAndre Jordan en ont vu d’autres, et pour ceux qui ont l’occasion de regarder les matchs de Dallas on constate vite que la communication entre les deux est primordiale pour la santé de l’équipe. Ils gueulent, en gros. En attaque, c’est exactement le même principe, Quatorzièmes de la ligue. Les Mavs ne sont expert en rien mais sont bons dans tous les domaines. En ce moment ils sont en train de réaliser une série exceptionnelle de onze victoires en quinze matchs. Durant cette période, les hommes de Mark Cuban ont limités les adversaires à 100 points à domicile. Et on parle pourtant ici d’équipes comme les Warriors, le Thunder, les Celtics, les Clippers ou les Blazers. Alors ça force le respect et ça donne de l’espoir.
Et dites vous bien qu’en plus des bons résultats, la marge de progression est énorme. Luka va s’améliorer, sa relation avec Dennis Smith Jr peut être encore bien meilleure. Pour l’instant, les deux futurs All-Stars se marchent un peu dessus mais avec du temps, ils pourraient former l’un des meilleurs duos de la NBA. Dirk Nowitzki va revenir et il apportera du scoring et de l’expérience à un banc qui est déjà le meilleur de la ligue au plus-minus. De plus, on peut deviner une équipe extrêmement bien coachée aux choix et aux tendances offensives. Prenons Luka comme exemple. Un tiers de ses tentatives au scoring se font derrière la ligne à trois points et la moitié sont à moins de trois mètres du panier. En gros, il appuie son jeu sur les deux tirs les plus efficaces du basket. Et c’est le cas pour à peu près toute l’équipe, qui est sixième de la NBA dans la fréquence de shoot du parking par rapport à tous les tirs tentés, et quatrième au nombre de points sur lancers francs. Pour résumer, les Mavs balancent des cailloux de loin et attaquent le cercle comme jamais. Vous avez parlé d’efficacité ? Si l’équipe n’arrive pas à jouer en avril dès cette année, ce n’est que partie remise. La star de demain, c’est Luka Doncic et personne d’autre. En plus, ce dernier sera formé par le meilleur joueur européen de l’histoire, rien que ça. Pour les nouveaux fans de la grande ligue, si vous ne savez pas ce que ça fait une équipe de Dallas au sommet de l’Ouest, branchez vous dès maintenant, cela ne devrait plus trop tarder.
Ne nous étonnons donc plus du succès des Mavericks. Cette franchise est bien coachée depuis plus de dix ans et bien dirigée depuis plus de quinze, un modèle de longévité au plus haut niveau. Cet été, Mark Cuban va sûrement tenter de renforcer l’effectif pour entourer au mieux sa star slovène. Dallas ne sera pas dans la course pour les finales NBA avant au moins quatre ou cinq ans certes. Mais ce qui est sûr, c’est que le retour au premier plan des cow-boys est déjà en train de se faire. Gloire aux équipes qui se construise sur la durée, et aux collectifs bien huilés. Cette année, les Clippers, les Grizzlies, les Nuggets et nos Texans préférés sont en Playoffs à l’Ouest, what else ?
Sources Vidéos : ESPN, NBA