Les Kings cavalent, les Kings régalent : un début de saison too fast too serious à Sacramento
Le 31 oct. 2018 à 17:26 par Bastien Fontanieu
Dans une Conférence Ouest qui va se dessiner avec le temps et qui demande de ne pas se précipiter sur les premiers résultats, les Kings font un beau début de saison et laissent entrevoir des jours meilleurs à Sacramento. Ce qui a le plus changé ? La vitesse de jeu, assurément.
On en parlait en long et en large, notamment dans l’Apéro des 30 Previews en 30 jours dédié à la clique de Dave Joerger. En possession d’une équipe jeune et athlétique, l’entraîneur des Kings ne pouvait se permettre de jouer lentement, sur demi-terrain. Autant de dragsters, sur différents postes, capables de sanctionner, c’était limite blasphématoire de rester dans le registre lent que Sacramento proposait l’an dernier. De’Aaron Fox, Willie Cauley-Stein, Justin Jackson, Buddy Hield et compagnie, en y ajoutant Marvin Bagley via la Draft on avait droit à un effectif toujours aussi jeune et rapide sur le papier, d’où cette envie de les laisser galoper. Malheureusement, statistiquement parlant ? On ne pouvait faire pire qu’eux, sur la pure vitesse de jeu. Les Kings, avec moins de 96 possessions par match, étaient officiellement l’équipe la plus lente de toute la NBA en 2017-18. Pire que les tracteurs habituels que sont les Spurs ou les Grizzlies, par exemple. Du gâchis comme on aime. Un des premiers points évidemment liés à cette lenteur, c’était la défense comique que la franchise californienne proposait chaque soir, sorte de grande porte ouverte par laquelle tout le monde passait avec le sourire d’octobre à avril. La 27ème pire défense de toute la Ligue ne pouvait pas attaquer rapidement. C’est simple, avec un peu de logique. Si vous prenez panier sur panier et que la plupart de vos attaques ne démarrent pas sur un rebond défensif mais plutôt sur des remises en jeu, ce qui permet à l’adversaire de se replacer peinard dans sa moitié de terrain, les occasions d’obtenir des points aisément sur contre-attaque se réduisent. Et face à cette triste réalité, tout ce qu’on suggérait et que de nombreux fans suggéraient était d’accélérer le tempo coûte que coûte, avec deux pieds sur l’accélérateur, même en encaissant des points.
Et sur ce début de saison ? C’est la voie qui a été prise par ces Kings, insouciants, marrants, ultra-rapides. 30ème en pace l’an dernier, la franchise de Sacramento est aujourd’hui 2ème derrière les Hawks avec plus de 107 possessions par match. Vous réalisez la différence, d’une année à l’autre ? Dix possessions de plus ? En s’appliquant un peu, on peut vite équilibrer la balance offensive et défensive, ce que les Kings ont fait jusqu’ici. En défense, ce n’est pas une révolution qui a eu lieu en un été puisque, hormis quelques progrès ici ou là, Sacramento reste la même grange que l’an dernier : 17ème meilleure défense de la Ligue, pas avec ce genre de rempart qu’on va crier au génie dans le staff de Joerger. Par contre, pour en revenir au point mentionné ci-dessus, l’approche globale a été modifiée sur l’utilisation des possessions à Sacramento. Sur un panier marqué ? On galope. Sur un rebond défensif ? On galope. Dans le vestiaire ? On galope. On parierait même sur le fait que la bande à Yogi Ferrell se ramène à l’aéroport en courant avant chaque match. Cette vitesse de jeu, symbolisée par une quantité innombrable de paniers marqués avec 10 à 15 secondes (voire plus) restant sur l’horloge des 24 crée cet équilibre avancé à l’instant. La 17ème meilleure défense de la Ligue donne surtout place à la 11ème meilleure attaque de toute la NBA. Oui, ces Kings, qui étaient 29èmes l’an dernier en rampant sur chaque attaque, sont aujourd’hui une Maserati dernier cri. Et de Fox à Cauley-Stein en passant par Hield, tout le monde en profite pour obtenir des points plus facilement.
L’évolution du jeu des Kings, sur ces deux premières semaines de compétition, vient aussi de deux aspects fondamentaux dans n’importe quelle équipe souhaitant retrouver le respect sur la surface de la planète NBA. Au poste d’ailier-fort et en sortie de banc, la franchise de Sacramento peut commencer à parler en étant pris au sérieux. En mode Rox et Rookie, Nemanja Bjelica et Marvin Bagley se complètent assez bien sur ce poste 4 qui manquait cruellement de réponse ces dernières années. L’un espace le terrain et permet à Fox ou WCS d’obtenir des espaces plus larges, l’autre apporte une énergie folle et de la présence au rebond en tant que remplaçant. Et plus globalement, c’est tout un banc qui rayonne plus efficacement. Pas en terme de scoring, mais en terme d’équilibre et de possibilités. Statistiquement parlant, Joerger avait réussi à créer un bench unit de qualité l’an dernier en réalisant quelques petites modifications à la mano (Hield sur le banc, Vince Carter en copain-copain avec Garrett Temple, Skal Labissiere avec Frank Mason, quelques matchs de Fox et Bogdanovic en remplaçants). Mais il s’agissait d’avantage de colmater les brèches et faire l’aveugle qu’autre chose, ces modifications avaient certes aidé un banc, mais du coup, le cinq majeur était pénalisé par ce manque de cohérence. Aujourd’hui ? Pas la même erreur. Sacramento possède trois joueurs à plus de 30 minutes par match (contre 0 l’an dernier), Labissiere et McLemore sont au cageot, Koufos et Giles mangent les miettes et la rotation globale tourne autour de 10 joueurs : la base de toute bonne équipe en NBA.
Les Kings sont actuellement à 5 victoires pour 3 défaites, mais le bilan n’est pas ce qu’il y a de plus important. La manière, le style, une identité, voilà ce qui manquait en premier lieu à une franchise en quête de point de départ. Peut-être que ce beau départ s’effondrera, peut-être pas. Mais une chose est sûre, et cela doit rassurer les fans actuellement : victoire ou défaite, ça galopera abondamment. C’est tout ce qu’on demandait.