Rudy Gobert pose ses baloches : “Si je ne baisse pas mon froc pour gagner, ça aura toujours plus de saveur”

Le 09 juil. 2018 à 11:05 par Reda Ghaffouli

Rudy Gobert
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Arrivé en NBA en 2013, Rudy Gobert a su progressivement s’imposer comme l’un des meilleurs pivots de sa génération. Enfilant comme des perles les accomplissements individuels, le Frenchy rêve naturellement d’une bague de champion. Mais attention : pas question de rejoindre une quelconque superteam pour y arriver, n’en déplaise à certains.

À 26 ans, Rudy Gobert sort incontestablement de sa meilleure saison en carrière. Dans la lignée de sa saison 2016-17, le pivot a compilé 13,5 points, 10,7 rebonds et 2,6 contres. Mais l’essentiel est ailleurs. Malgré Dion Waiters une blessure qui l’a tenu éloigné des parquets pendant environ un mois, Gobzilla a finalement obtenu le titre de meilleur défenseur de l’année, en plus d’une nomination dans la All-Defensive First team pour la deuxième année consécutive. Un carton plein amplement mérité pour le pivot de 2,16 m, qui a mené le Utah Jazz à la cinquième place de la Conférence Ouest et à la première place du classement des meilleures défenses de la Ligue, ex-aequo avec les Boston Celtics. Seul bémol : le All-Star Game, que Rudy a manqué de peu du fait du trop grand nombre de matchs loupés. Il devrait néanmoins être un candidat sérieux pour les nominations à venir, malgré la concurrence féroce à l’Ouest. Une carrière individuelle déjà bien fournie, qui n’enlève en rien les ambitions collectives de notre Tour Eiffel nationale, comme il le rappelle dans une interview au Journal du Dimanche. Et contrairement à certains collègues, Rudy n’est pas du genre à aller jouer le ramasseur de balle pour une bagouse.

“Une bague de champion c’est magnifique, mais la manière d’aller la chercher compte aussi. Si je ne baisse pas mon froc pour gagner un titre, ça aura toujours plus de saveur à mes yeux. Tant pis si je n’en remporte aucun. […] C’est un choix de facilité que je ne ferais pas forcément, juste parce que j’ai trop de fierté.”

Shots fired. Avec son franc-parler habituel, Rudy Gobert se positionne tout en haut sur ce que l’on appellera “l’échelle zone de confort” (le bas étant réservé à un certain numéro 35). Dans une NBA à l’ère des superteams et des joueurs ne rechignant pas à rejoindre un ancien rival pour remporter un titre, Rudy souhaite bâtir sa propre légende et regarder les favoris droit dans les yeux, et non pas les renforcer après chaque élimination prématurée. Tant pis s’il y a moins de bague, ou pas du tout même, celle gagnée après avoir “baissé son froc” n’aura jamais la saveur escomptée. Une fierté utilisée à bon escient par le joueur du Jazz, qui n’a jamais douté de ses capacités à aller chercher les sommets de la Ligue. Et en mettant en avant la manière de gagner un titre, Rudy nous invite à tous nous remettre en question. En fin de carrière, lorsqu’il faudra évaluer les meilleurs joueurs de notre génération, où se situeront les Kevin Durant ou DeMarcus Cousins (si tant est qu’il gagne un titre cette saison), par rapport aux Westbrook ou encore Harden, qui auront peut-être moins de titres (voire aucun) mais cette réputation d’avoir mené une franchise sur plusieurs années, sans rejoindre un autre poids lourd pour réussir. Alors que l’on se faisait les chantres du nombre de bagues, critère ultime pour départager nos joueurs favoris, force est de constater que ce critère semble de plus en plus désuet, et qu’il serait temps d’en changer, pour ne pas terminer chaque année avec des All-Stars chez des champions en titre.

Dans tous les cas, Rudy Gobert n’a pas à rougir. Devenu incontestablement l’un des meilleurs défenseurs NBA, le pivot du Jazz n’est pas prêt d’aller jouer les éboueurs de luxe pour remporter une bague de champion. Continue comme ça Rudy, on a plus que jamais besoin de plus de joueurs comme toi dans cette Ligue…

Source texte : Le Journal Du Dimanche