Aucune franchise de Los Angeles ne sera en Playoffs cette année : un fait historique rarissime
Le 08 avr. 2018 à 16:20 par Aymeric Saint-Leger
Pour les chaudes ambiances des joutes printanières à Los Angeles, il faudra repasser, ce ne sera pas pour cette année. Bientôt au terme de la saison régulière, Clippers et Lakers vont respectivement terminer à la dixième et à la onzième place à l’Ouest. Les deux franchises possèdent des dynamiques bien différentes, mais sont proches dans le bas du classement. Pas de Playoffs au Staples Center, ça n’était que très peu arrivé dans l’histoire, et pas depuis 2005.
Triste nouvelle dans la Cité des Anges, les Playoffs ne seront pas au programme de l’agenda du Staples Center. En effet, les Clippers ont lutté jusqu’au bout, mais termineront dixièmes de la Conférence Ouest, alors que les Lakers ne sont plus à la lutte depuis le mois de février. Décrochés, ils finiront onzièmes, en chasse-patate entre ceux qui souhaitent se qualifier pour la postseason et ceux qui tankent de manière plus ou moins discrète. Les dynamiques des deux franchises sont différentes, mais les résultats sont peu ou prou les mêmes, pas de Top 8 pour aucune des deux formations. Il y a de quoi être déçu à Los Angeles, surtout que ses habitants et fans ont été plutôt bien habitués. Au printemps à L.A., on peut aller voir le début de saison de MLB, où les Dodgers et les Angels performent. On peut également apprécier les Kings de la NHL lorsqu’ils sont en Playoffs, ce qui est le cas cette année. Cela permettra d’animer un peu le Staples Center pour les mois d’avril et mai, parce que l’enceinte risquerait sinon de sonner bien creux sans les hockeyeurs. D’habitude, on peut également aller encourager soit les Clippers ces derniers temps, soit historiquement les Lakers. Cette année, que nenni ma p’tite dame, aucune des équipes possédées par Steve Ballmer ou la famille Buss et ses co-propriétaires n’ira se mesurer aux cadors de l’Ouest dès la mi-avril. C’est une première depuis 2005, et ce n’était surtout arrivé qu’à deux reprises depuis le début de la cohabitation des deux franchises à L.A. en 1984, trois fois depuis .
En effet, ce sont bien les purple and gold qui sont grandement responsables de cette statistique incroyable. De 1949 à 1974, la plus ancienne franchise de la Cité des Anges n’a raté les Playoffs qu’à une reprise, en 1958. Les Clippers ne sont entrés dans la Ligue que lors de l’exercice 1970-71, sous le nom des Buffalo Braves. Les années 70 sont une des meilleures époques de la franchise, puisqu’elle verra la postseason par trois fois, entre 1974 et 1976. Les Lakers étaient eux absents de la course au printemps en 1975 et l’année suivante, une des rares périodes de disette de la deuxième équipe la plus titrée de tous les temps. En effet, ce fut la période de battement entre la fin de l’ère Jerry West – Wilt Chamberlain, et le début de celle de Kareem Abdul-Jabbar. Lui et ses goggles permettent à la franchise historique de L.A. de reprendre leur série d’accessions successives aux Playoffs, de 1977 à 1993, notamment grâce à KAJ et un certain Earvin Johnson. Pendant cette même période, les Voiliers vivent une énième période de disette entre San Diego et la Cité des Anges, jusqu’en 1992 et 1993, où Danny Manning et Ron Harper les portent jusque dans le Top 8 de l’Ouest par deux fois. Ainsi, la saison 1993-94 est la première de l’histoire où Los Angeles ne vivra pas de postseason depuis le déménagement des Lakers en Californie. Mais cette mauvaise passe s’arrête rapidement, les purple and gold retrouvent leur standing, notamment avec l’arrivée de Shaq en 1996. Ainsi, ces derniers vont aller défier les autres cylindrées de l’Ouest chaque printemps, entre 1995 et 2013, sauf en 2004-05. Cette année était celle du départ de Shaquille O’Neal, et sans Big Cactus, Kobe Bryant s’était trouvé trop esseulé, et n’a donc pas atteint les Playoffs cette année-là. Les Clippers ne sont pas mauvais à cette période-là, notamment derrière Elton Brand. Mais ils n’atteignent pas la postseason lors de l’exercice 2004-05, ce qui donne la deuxième saison sans série excitante au Staples Center. Ils y iront un an après, où ils s’arrêteront en demi-finale de Conférence. Les Lakers ne sont plus allés goûter aux joies des Playoffs depuis 2013, ce qui donne la plus grosse période fastidieuse dans l’histoire de la franchise. Mais les Clips, depuis 2012, étaient régulièrement dans le Top 8 de leur Conférence, et avaient pris le relais de leur colocataires de salle.
Cependant, cette saison 2017-18 marque la troisième fois où aucune des équipes ne représentera les Angelinos en Playoffs. Autant dire que c’est rarissime. S’il y a trois choses dont on est sûrs aux États-Unis, c’est la mort, les impôts, et les Spurs en Playoffs, la franchise texane pourrait être remplacée par Los Angeles dans ce dicton. Enfin, ça, c’était avant. Malheureusement, les deux équipes californiennes paraissent impuissantes face à tant d’armadas aussi solides les unes que les autres dans leur Conférence, même si elles sont toutes deux sur des dynamiques différentes. Les Lakers sont clairement en reconstruction, depuis la retraite du Black Mamba, en 2016. Ils ont laissé Kobe Bryant faire ses dernières saisons comme il l’entendait, un peu au détriment de l’aspect performatif du roster. Depuis l’exercice 2013-14, les purple and gold préparent tranquillement leur retour au premier plan de l’Ouest. Cela prend du temps, mais ça vient. Depuis 2015-16, le nombre de victoires ne fait qu’augmenter chaque saison : 17, puis 26, et provisoirement 34 cette saison (potentiellement 37). Le développement de Lonzo Ball, de Julius Randle, Brandon Ingram et Kyle Kuzma, entourés de bons vétérans pas si âgés comme Brook Lopez, Isaiah Thomas et Kentavious Caldwell-Pope, cela donne un cocktail plutôt sympathique, et c’est Luol Deng qui sert les verres. D’abord mis en doute, Luke Walton semble être l’homme de la situation. La progression est constante, mais il y aura un gros pallier à passer dès la saison prochaine, puisqu’il va falloir se rapprocher de la barre des 45 victoires pour espérer voir les Playoffs, étant donné l’homogénéité de la Conférence Ouest. Ainsi, ça ne sera peut-être pas encore pour l’an prochain, sauf si un énorme free agent vient renforcer un roster qui évolue dans le bon sens.
Cela prendra peut-être une, deux, ou trois saisons aux Lakers pour revenir jouer les cadors en postseason, mais ils devraient y parvenir avant les Clippers. Ces derniers sont clairement en fin de cycle : les deux symboles de l’ère des années 2010, Chris Paul et à fortiori Blake Griffin, sont partis. On arrive dans une phase où Lawrence Frank et Jerry West, responsables des opérations basket pour la franchise, vont avoir un taf énorme : celui de faire table rase du passé, repartir quasiment de zéro, et construire un autre projet que celui de Lob City, qui était performant, mais qui est un échec en termes de résultats. Ainsi, des questions se posent pour la franchise qui vient d’être éliminée de la course aux Playoffs : Que va-t-il advenir de DeAndre Jordan, convoité chaque été ? Quid de Doc Rivers, un des responsables principaux de la débâcle permanente de l’organisation appartenant à Steve Ballmer ? Que vont faire Tobias Harris, Avery Bradley, Danilo Gallinari et consorts ? Austin Rivers va-t-il suivre papa ? Tant de questions, d’interrogations secouent des Voiliers dans la tempête, qui n’ont quasiment aucune certitude pour la saison prochaine. L’été va être tendu, mouvementé, et la priorité du GM et du front office ne va sans doute pas être de construire une équipe compétitive tout de suite, mais de bâtir, pierre par pierre, un squad de jeunes, qui vont se développer, et enfin essayer de donner de vraies lettres de noblesse à une franchise déprécié par certains, moquée par beaucoup, qui va sans doute revivre une période un peu pourrie, une espèce d’ère glacière pendant quelques années, avant de revenir dans la conversation des équipes playoffables. C’est le scénario qui semble se présenter, à moins qu’un gros coup soit réalisé à la free agency de cet été, et que ce soit suffisant pour accrocher un septième ou huitième spot.
Les Lakers semblent temporellement plus proches d’un retour en Playoffs que leurs voisins des Clippers. Mais rien n’est certain, à part le fait que le Staples Center ne verra plus de basket jusqu’à octobre prochain, et que Los Angeles ne va pas vibrer au rythme des exploits d’une de ses deux franchises NBA. C’est un peu triste pour une ville qui n’a jamais eu l’habitude de telles performances, de tels mauvais classements. Surtout, la disette pourrait durer un peu dans la Cité des Anges, si l’été n’est pas bon pour les hommes du Lac, ni pour les Voiliers. Ça flotte à L.A., attention de ne pas couler.
Source texte : basketreference.com