Meilleur bilan dans son histoire, 1ère place à l’Est et record à la maison : les Raptors n’ont pas le choix

Le 07 avr. 2018 à 15:27 par Bastien Fontanieu

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Source image : NBA League Pass

En écartant les Pacers à domicile cette nuit, les Raptors ont validé plusieurs faits marquants dans leur jeune histoire. Première fois en tête de l’Est à la fin de la régulière, meilleur bilan à domicile ever à Toronto et meilleur bilan tout court : tant de belles choses à célébrer… mais qui apportent aussi leur coup de pression.

Ils pourraient avoir le choix. Après tout, ce serait légitime et mérité, après avoir proposé une campagne de toute beauté depuis la mi-octobre. Ils pourraient faire la teuf, sortir le champagne, demander à Drake de mettre en place la soirée qui va avec, et vivre le moment tel quel. Oui, les hommes de Dwane Casey ont des raisons pour bomber le torse et se ramener en Playoffs avec le micro en main, en demandant un peu plus de respect. Quand vous validez autant d’accomplissements dans une saison qui voyait l’immense majorité des observateurs vous mettre avec le petit doigt dans le Top 4 de l’Est, vous avez le droit de parler en premier. Et de gueuler, même. Après tout, on parle du leader de la Conférence Est, une équipe présente dans les hauteurs des ratings défensifs comme offensifs, et qui a taclé les pronostics avec une régularité impressionnante. Des victoires face aux Cavs, face aux Rockets, face aux Celtics, face aux Sixers et face aux Blazers, il y en a eu. Des améliorations dans le jeu, aussi. Sur tous les points, Toronto a le droit de faire péter le bouchon de liège.

Mais est-ce vraiment ce dont cette équipe a besoin ?

Est-ce vraiment ce qui va leur permettre, identitairement, de passer au level supérieur ?

La réponse est non.

Constamment gardés de côté car vivant de l’autre côté de la frontière, les Raptors n’ont pas le respect qu’ils méritent. C’est un fait avéré, mais c’est surtout une réalité… que les joueurs eux-mêmes ont nourri. Avec des défaites frustrantes, avec un craquage psychologique global aperçu à nouveau ces derniers temps. Soyons honnêtes quelques instants, Toronto pourrait taper Cleveland trois fois de 20 points en régulière, perdre le quatrième match d’un point, et on sortirait collectivement les lance-pierres pour les mitrailler. Est-ce injuste ? Pour ceux qui vivent avec la franchise et leur coeur, un peu. Mais quand on regarde l’histoire de la NBA et l’évolution des franchises, pas tant que ça. Pour la simple et bonne raison que ces Raptors doivent apprendre à se faire respecter en Playoffs. Quand ça compte, en avril, en mai. Ne pas se faire contrer par Paul Pierce au buzzer d’un Game 7 à domicile. Ne pas se faire sweeper l’année suivante. Ne pas prendre une finale de conférence pour acquis et attendre que cela se reproduise. Surtout quand, la saison d’après, LeBron te marche dessus et boit des bières en plein match. L’historique est là, et les joueurs de Toronto ne peuvent l’effacer : se foutre de la gueule de cette équipe a été une pratique non seulement autorisée mais surtout encouragée par les performances des joueurs. Dont ses leaders, considérés à juste titre comme non-superstars.

Ce qui nous mène du coup à ce point, ce carrefour en quelque sorte, dans l’histoire de cette jeune franchise. La sortie sur sweep de l’an dernier, elle a été digérée. Le trip en Finales NBA avec les cadres, pour comprendre ce qu’il fallait changer, ça a été géré. La saison régulière construite avec solidité et ambition, elle a été bouclée. En agissant ainsi, les Raptors ont défié les projections et surtout changé le script pendant plusieurs mois : complète, cette équipe pourrait mettre le bordel dans les attentes d’un certain King vivant dans l’Ohio. Pourrait. Sauf que ce script va disparaître dans quelques jours et laissera place à un autre verbe. Toronto doit assumer son statut, et accepter cette auto-pression liée à cette belle régulière, aucun choke ne pourra être autorisé. Quand vous réalisez autant de grandes choses en automne et en hiver, vous ne pouvez aborder le printemps avec la fleur au fusil. Les finales de conférences ? Elles doivent être actées, et il faudra y accéder sans laisser l’ombre d’un doute. La raison derrière une telle affirmation est simple. Si après tant de moqueries et d’années passées à se faire lapider, les Raptors réalisent leur meilleure saison dans leur histoire et se font encore humilier, comment pourront-ils désagrafer une étiquette de peureux ? Certainement pas en apparaissant ici ou là au début du mois de mai. Changer la donne, changer le scénario et assumer ce spot de leader avec un record de franchise, voilà le challenge qui attend cette équipe.

LeBron va leur rouler dessus, peut-on dire et lire. Philly passerait contre eux en demi, peut-on déjà dire et lire. Milwaukee ou Washington en 7, peut-on même dire et lire. Autant d’irrespect envers un leader de conférence ? Vu le passif des Raptors, c’est compréhensible. Mais s’ils veulent être pris au sérieux, ces dinos vont devoir aller loin. Très loin. Les lance-pierres sont prêts, à eux de jouer.


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