La NBA a décidé de mettre tapis sur l’e-sport : la toute première NBA2K League Draft est tombée
Le 06 avr. 2018 à 10:33 par Aymeric Saint-Leger
La NBA est la pionnière des sports américains sur le domaine de l’e-sport. En effet, cette semaine avait lieu la première Draft de la NBA2K League, à New York. Cet événement a été marqué par la présence d’Adam Silver, le commissionnaire de la Ligue, qui est venu annoncer qui était le premier choix de cette Draft. On se croirait en plein été, comme lorsque Markelle Fultz avait été choisi par les Sixers le 22 juin dernier. La NBA envoie donc un message clair pour sa première dans l’e-sport : on veut faire ça à fond.
Adam Silver pourrait avoir le profil du geek parfait, de l’informaticien idéal, du gamer de base : un physique atypique, des petites lunettes rondes, et un intérêt tout particulier pour l’e-sport. Sauf qu’il se trouve être le commissionnaire de la NBA, et n’était pas au Hulu Theater du Madison Square Garden pour se préparer à être choisi par une franchise. Non, il était bien là pour officier lors de la Draft de la NBA2K League, une ligue professionnelle de gaming, prévue depuis des mois, lancée officiellement courant février, et qui mettra aux prises 17 équipes, sous le joug d’autant de franchises. Le directeur exécutif de ce tout nouveau concept, Brendan Donohue, était également présent, ainsi que Strauss Zelnick, le PDG de Take-Two Interactive (l’entreprise qui développe, édite et distribue la série de jeu NBA 2K) pour assister hier au choix des 102 joueurs, soit six par équipe. En effet, chaque squad aura cinq titulaires, qui contrôleront chacun un joueur, plus un remplaçant. Mercredi, c’était donc l’heure de la Draft, dont les Mavericks étaient les plus grands bénéficiaires puisqu’ils ont gagné il y a trois semaines le droit de choisir le first pick pour la première édition de cette compétition.
Signe avant-coureur de la Draft 2018 de la NBA, bien réelle cette fois-ci ? Nous verrons plus tard si la franchise de Mark Cuban suivra le chemin de son équipe d’E-sport. Pour l’heure, même si de nombreux sceptiques ou non adeptes du sport dit “électronique” ou “virtuel” pouvaient douter de ce concept, il est bien réel, bien lancé, et la Ligue n’a pas prévu de mettre un tel dispositif pour faire mumuse entre PGM. Certains peuvent trouver le projet amusant et peu important, mais ce n’est pas l’avis de la NBA, ni de son entourage. En effet, une heure avant le début de la Draft qui était quand même diffusée sur NBA TV et Twitch, la célèbre plateforme de streaming, une tête bien connue des aficionados de la Ligue s’est risquée à un pronostic quant au futur premier choix des Mavericks. Et oui, c’est bien Adrian Wojnarowski, la référence en termes d’informations basket aux USA, qui a balancé sa première Woj Bomb concernant la NBA2K League sur son Twitter :
Mavs Gaming will select Artreyo Boyd, aka Dimez, as the No. 1 overall pick in the inaugural NBA2K Draft, league source tells ESPN. Draft starts soon, with Commissioner Adam Silver at the podium.
— Adrian Wojnarowski (@wojespn) 4 avril 2018
“Mavs Gaming va sélectionner Arteryo Boyd, aka Dimez, en tant que choix numéro un dans la première NBA2K Draft, d’après ce que les sources de la Ligue ont dit à ESPN. La Draft commence bientôt, avec le commissionnaire Adam Silver qui sera sur l’estrade.”
Le Woj’ qui suit le même cérémonial que pour une Draft normale en NBA, cela prouve en partie l’ampleur du phénomène. Entre ce dernier et la présence d’Adam Silver, ce sont assez de signes pour montrer à quel point la Ligue s’est investie dans ce projet. Comme d’habitude, à part lorsqu’il se fait remballer par Danny Green, Adrian Wojnarowski avait la bonne info avant tout le monde, comme en a attesté, une heure plus tard, le compte Twitter officiel de la NBA2K League :
Adam Silver & the #1 pick in the 2018 #NBA2KLeague Draft, Dimez! pic.twitter.com/Vpfu59svSo
— NBA2KLeague (@NBA2KLeague) 4 avril 2018
“Adam Silver et le choix numéro 1 de la Draft 2018 de la NBA2K League, Dimez !”
C’est donc Dimez, ou Arteryo Boyd de son vrai nom, qui a été sélectionné par les Mavericks en tant que premier choix de la première Draft de cette toute nouvelle compétition professionnelle. Le processus s’est ensuite déroulé normalement : chacune des dix-sept équipes a choisi son premier joueur dans cet ordre : Dallas, Boston, Utah, Sacramento, Detroit, Portland, Miami, Orlando, New York, Milwaukee, Toronto, Washington, Indiana, Philadelphie, Memphis, Cleveland, et Golden State. Une Draft inversée, puisqu’ensuite, les Warriors ont choisi le premier choix du deuxième tour, puis les Cavaliers… ainsi de suite. Pour pouvoir prétendre participer à ce contest, il fallait remplir certaines conditions, comme avoir 18 ans et gagner au moins 50 matchs sur le mode Pro-Am de NBA 2K18. 72 000 candidatures ont été recensées. 250 ont été retenues, puis après analyse statistique, 102 ont été plébiscitées. De quoi confirmer l’engouement général autour de cette idée, qui aujourd’hui à l’état de simple graine pourrait devenir un sacré peuplier. Cependant, si la Draft en elle-même a généré un bel intérêt de la part des curieux qui voulaient en savoir davantage sur le processus, c’est surtout le dispositif mis en place par la NBA qui a créé de nombreux débats. En effet, on ne parle pas ici de simples joueurs qui vont tenter de remporter une compétition, on parle de véritables gamers, payés, et bien payés, de quoi générer quelques houleuses discussions dans la hiérarchie des salaires entre véritables athlètes et rois des gâchettes.
Comme mentionné, les heureux élus toucheront tous un salaire de base : 35 000 dollars pour six mois pour ceux sélectionnés au premier tour de la Draft, 32 000 pour ceux choisis durant les autres tours. À cela s’ajoute un prize money de 1 million de dollars, à se partager en fonction des performances lors du tournoi. De plus, chaque joueur sera logé gratuitement, sera aidé pour trouver un logement ailleurs lorsque l’aventure s’arrêtera, aura une assurance maladie, et même un plan de retraite ! Autant dire que certains joueurs, en G League ou en Europe, et surtout les joueuses de WNBA, sont loin d’avoir tous et toutes ces conditions de salaire et de travail. Il est à noter que tout l’argent mis en jeu est dépensé par la Ligue, les 17 franchises ne participent pas au salaire ni au prize money, mais au logement des joueurs. C’est donc une aventure assez folle et ambitieuse dans laquelle la NBA s’est lancée, et jusqu’alors, l’engouement autour de cette NBA2K League est indiscutable. L’e-sport est en vogue dans le monde entier, c’est un fait non-discutable, notamment sur des licences célèbres comme League Of Legends, Fortnite ou encore Fifa. Le basket s’est donc rapidement mis à la page, la National Basketball Association n’a pas tardé à réagir à la vague du gaming professionnel. Et autant dire que ça ne va pas traîner en chemin, puisqu’un tournoi de pré-saison va démarrer dès ce vendredi, avant de complètement entrer dans la compétition dans le courant du mois de mai.
Le concept est rafraîchissant, l’initiative est intéressante, et la NBA a bien compris le filon que représentait l’e-sport, en total développement. Adam Silver est un précurseur et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Alors que les 102 joueurs de la NBA2K League sont exclusivement masculins, le commish’ a déjà prévu une campagne de recrutement et d’entraînement de joueuses, dans le but de promouvoir la diversité, chère à son coeur. Cette compétition professionnelle, qui durera sur six mois, risque d’intéresser les foules. Reste à voir si l’aspect financier va finir en non-sujet dans les mois à venir, ou s’il deviendra un argument de négo pour certains acteurs proches de la Ligue.
Sources texte : ESPN, Twitter/@wojespn /@NBA2KLeague, cbssports.com, washingtonpost.com