Chris Bosh et les Raptors : quelle place pour le Dino dans l’histoire de la franchise canadienne ?
Le 24 mars 2018 à 11:27 par Benoît Carlier
Près d’en avoir terminé avec le basket même s’il espère toujours effectuer un come-back en NBA, Chris Bosh a laissé de sacrés souvenirs aux fans des deux franchises par lesquelles il est passé. De Toronto à Miami, il n’est pas près d’être oublié. L’occasion de faire un point sur son passage au Canada pour savoir s’il aura un jour l’honneur de voir son maillot rejoindre le ciel de la future Scotiabank Arena.
C’est l’un des destins les plus tristes de ces dernières années en NBA. Alors qu’il n’a pas encore fêté ses 32 printemps et qu’il se rend à Toronto pour disputer son onzième All-Star Game consécutif en février 2016, Chris Bosh se fait de nouveau diagnostiquer avec des caillots de sang dans les poumons qui l’empêchent de poursuivre sa carrière. Le flou règne alors pendant quelques mois durant lesquels le joueur affirme pouvoir jouer tandis que Pat Riley ne souhaite prendre aucun risque avec la santé de son poulain. Finalement, les résultats d’analyse sont formels, le Texan doit stopper prématurément sa carrière de basketteur professionnel. Son contrat est alors rompu avec Miami, lui permettant quand même de toucher les millions qui lui étaient promis mais d’une manière telle que le paiement ne vienne pas trop plomber les finances floridiennes. Mais l’argent n’est pas le vrai fond du problème et le produit de Georgia Tech continue de s’entraîner au gymnase dans l’espoir de retrouver une franchise. Chaque jour qui passe réduit un peu plus les chances de come-back du double champion NBA et aucune franchise ne semble prête à mettre sa vie en danger pour profiter de ses talents de basketteur même s’il aurait de quoi s’éclater dans cette Ligue small-ball. A 34 ans, Chris Bosh est peu à peu en train de le comprendre tout en essayant de s’habituer à sa nouvelle vie de famille en se disant quand même chanceux de pouvoir compter sur des proches aussi compréhensifs pour ne pas le faire basculer dans la dépression.
Pour repartir sur une note un peu plus joyeuse, CB a passé plus de la moitié de sa carrière à Toronto. Sélectionné par les Raptors en quatrième position de la fameuse Draft de 2003 derrière LeBron James, Darko Milicic et Carmelo Anthony, il a quasiment tout de suite endossé le rôle de leader au Canada. Testé comme titulaire au bout de son neuvième match chez les pros, il réintègrera le cinq majeur à partir de son quatorzième match pour ne plus jamais en sortir. Entouré de Vince Carter et de Jalen Rose notamment, il est rapidement décalé au poste de pivot après le trade d’Antonio Davis à Chicago. La position ne semble pas le déranger plus que ça puisqu’il tourne déjà à 11,5 points de moyenne accompagnés de 7,4 rebonds et termine dans la NBA All-Rookie First Team. Avec le départ de Half-Man Half-Amazing au cours de la saison suivante, Chris Bosh devient tout à coup le visage de la franchise voisine des Etats-Unis. Un rôle qu’il accepte à bras ouverts, prenant également confiance en ses capacités. Il faudra attendre sa troisième année pour le voir être invité au match des étoiles une première fois. Mais c’est véritablement la saison suivante, en 2006-07, qu’il va exploser les compteurs en délivrant sûrement ce qui restera comme sa meilleure saison individuelle sur le plan statistique avec 22,6 points, 10,7 prises et déjà une belle prédisposition à shooter de loin même s’il ne tente pas souvent sa chance (34,3% d’adresse derrière l’arc). De nouveau invité au All-Star Game, il permet également à Toronto de se qualifier pour ses premiers Playoffs depuis cinq longues années. Le parcours s’arrêtera dès le premier tour, face aux Nets, mais le Dino a redonné l’espoir à tout un pays. Il est même inclus à la All-NBA Second Team pour dire son impact dans la Ligue à l’époque. A 24 ans, il réitère à peu près la même saison sans plus de succès en Playoffs, puis Toronto vivra une période de troubles sous les ordres de Jay Triano, l’actuel intérim à Phoenix. Au bout de deux saisons de domination personnelle sans résultats collectifs à la hauteur, Chris Bosh se laisse convaincre par le projet de Pat Riley et rejoint Dwyane Wade en compagnie de LeBron James sur les plages de South Beach pour débloquer son compteur de bagues avec succès.
La pilule est difficile à avaler pour les fans de T.O. mais le choix sportif est aussi compréhensible pour un jeune homme qui arrive dans son prime et à qui l’on offre la possibilité d’évoluer avec le meilleur joueur du monde pour former un Big Three exceptionnel et tenter de collectionner les titres. D’autant que durant ses sept années passées dans l’Ontario, Chris Bosh a tout donné pour sa franchise, mais il fallait évidemment plus qu’un Andrea Bargnani et un Jason Kapono pour espérer faire quelque chose. Récemment dépassé par DeMar DeRozan au nombre de points marqués, Boshasaurus reste quand même en tête de pas mal de catégories statistiques dans la franchise de Drake. Deuxième meilleur marqueur donc (10 275 points soit 20,2 de moyenne), il est aussi le meilleur rebondeur (4776), meilleur contreur (600) et huitième à la passe et aux interceptions. Même s’il n’a jamais franchi un tour de Playoffs avec les Raptors, il a montré la voie pendant de nombreuses années avec la lourde tâche de prendre la place laissée par Vince Carter dans le cœur des fans avant de laisser le témoin à DMDR. Sans avoir l’impact générationnel d’un Vince, ni les succès d’un DeRozan, il a fièrement représenté le nord pendant la moitié de sa carrière et est parti ailleurs dans l’unique but de relever un défi sportif plus grand. Difficile donc de lui reprocher ce choix, sachant que VC était lui aussi parti de Toronto pour vivre des Finales dans le New Jersey par exemple. A Toronto, on se rappelle surtout d’un jeune ailier-fort longiligne qui ne rechignait jamais à aller prendre des pains sous les arceaux en prendre la place de pivot. Une sorte de prototype puisqu’il s’en donnerait à cœur joie dans le système actuel, à base de tirs lointains et avec des défenses beaucoup plus relaxes qu’à l’époque. Dans l’idéal, CB serait né dix ans plus tard et aurait entamé une dynastie au Canada avec Kyle Lowry et DeMar DeRozan dans le backcourt.
A 34 ans – il les fête aujourd’hui -, Chris Bosh peut donc se targuer de représenter toute une période de la franchise de Toronto. Même si les Canadiens attendront sûrement d’abord de retirer le numéro de Vince Carter avant d’envisager toute autre cérémonie du même genre, il n’est pas ridicule de penser que CB4 a aussi une place réservée au plafond de l’enceinte voisine de la CN Tower. Pour sa marque statistique, identitaire et pour l’ensemble de sa carrière de basketteur et ce destin injuste, Chris Bosh mérite de rejoindre le Panthéon de la jeune franchise non-américaine.