Back 2 the Roots : Kyrie Irving, de Melbourne à la NBA

Le 23 mars 2018 à 18:39 par Nicolas Meichel

Source image : @30HomeGames

Bien avant la NBA, bien avant la Draft et même l’université, les grands noms du basket ont tous une histoire, souvent méconnue du grand public qui reste habituellement limité à leurs exploits sur les différents parquets US. Du coup, TrashTalk a décidé de revenir sur les origines des stars actuelles, afin de vous faire découvrir leur parcours à un moment où leur blaze n’était encore connu de personne. Au programme aujourd’hui, le briseur de chevilles des Celtics Kyrie Irving, aka Uncle Drew.

“La Terre est plate.” En février 2017, au moment du All-Star Weekend à New Orleans, Kyrie Irving avait crée une petite polémique en donnant son avis sur la forme de notre planète. Était-ce un troll ou une véritable croyance ? Difficile à dire étant donné que Kyrie n’a jamais été complètement affirmatif sur le sujet. Par contre, ce qui est sûr, c’est qu’il a surpris beaucoup de monde avec de tels propos. Cinq mois plus tard, il a carrément choqué la NBA en demandant un transfert de Cleveland après avoir joué trois finales consécutives et remporté une bagouze aux côtés de LeBron James. A ce moment-là, beaucoup de personnes se sont interrogées sur les motivations d’Irving. Pourquoi quitter les Cavaliers, l’équipe la plus dominante de la Conférence Est ? Pourquoi se séparer du meilleur joueur de la ligue et l’un des plus grands de l’histoire ? Pourquoi briser ce duo inarrêtable avec le King ? Aujourd’hui, ces questions ont trouvé des réponses à travers le déroulement de la saison actuelle, mais il est encore trop tôt pour dire qu’il a définitivement fait le bon choix de carrière. Sur le terrain, Kyrie possède également un profil à part. Avec son handle de folie et ses qualités exceptionnelles de dribble mais aussi de finition, Irving peut transformer chaque match en spectacle. Aucun joueur n’est aussi à l’aise balle en main, ce qui n’est quand même pas rien lorsqu’on connaît les phénomènes qui foulent les parquets américains de nos jours. Cette capacité à casser des chevilles et enchaîner les paniers, on la retrouve dans l’excellente série de Pepsi “Uncle Drew”, où Kyrie incarne un vieillard qui donne des leçons aux jeunots sur différents playgrounds. Un film verra même le jour bientôt ! Bref, vous l’avez compris, Irving est quelqu’un de différent, de spécial. Et son histoire personnelle l’est tout autant.

Source image : YouTube

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Première caractéristique, il est né en dehors des Etats-Unis, au pays des kangourous plus précisément. Le 23 mars 1992, Kyrie voit le jour à Melbourne en Australie. A l’époque, son père Drederick jouait pour l’équipe locale des Bulleen Boomers, évoluant dans la South East Australian Basketball League. Malgré un passage réussi en NCAA à l’université de Boston et un essai chez les Celtics, le papa n’a jamais été en mesure d’intégrer la NBA. Il a donc décidé de partir à l’étranger pour poursuivre sa carrière de basketteur. Le petit Irving a ainsi passé les deux premières années de sa vie à Kew, une banlieue de Melbourne. C’est là-bas que Kyrie a commencé à toucher la gonfle. C’est là-bas qu’il est tombé amoureux de la grosse balle orange. Possédant la double nationalité, américaine et australienne, Uncle Drew n’a jamais renié ses origines. La preuve, en 2013, il est revenu dans sa ville natale pour découvrir ses racines, tout en participant à des camps basket destinés à la jeunesse du coin. Mais surtout, à l’âge de 17 ans, Irving s’est sérieusement posé la question de savoir s’il allait représenter Team USA ou l’Australie dans les compétitions internationales futures. Evidemment, quand on voit le palmarès de Kyrie avec l’équipe américaine aujourd’hui (champion olympique en 2016, champion du monde en 2014 et meilleur joueur du tournoi), il n’y a pas photo, mais il ne faut pas oublier une chose. Décider de jouer pour les Aussies aurait été un choix logique dans le sens où la concurrence est forcément beaucoup plus faible que chez les Ricains. Et qui dit moins de concurrence dit plus de chances de faire partie de l’équipe nationale pour la Coupe du Monde ou les Jeux Olympiques. Au final, c’est Mike Krzyzewski, coach de Team USA de 2006 à 2016 et ancien entraîneur d’Irving à l’université de Duke, qui a trouvé les mots pour le convaincre.

“C’était très sérieux. C’était quelque chose de légitime, jusqu’à ce que Coach K intervienne. Alors que j’étais jeune, il m’a dit que j’avais la possibilité de faire partie de quelque chose de plus grand que moi-même. Il a dit, ‘Tu pourrais être le meneur de jeu titulaire de l’équipe nationale américaine aux Jeux Olympiques.'” – Kyrie Irving

L’histoire d’Uncle Drew a également la particularité d’être marquée à la fois par une tragédie et un miracle. De retour aux Etats-Unis au milieu des années 1990, à West Orange dans le New Jersey, la famille Irving est touchée par un drame. Elizabeth, la mère de Kyrie, décède brutalement alors que ce dernier n’a que quatre ans. La cause de la mort ? Le sepsis, qui correspond à une réponse inflammatoire généralisée associée à une infection grave. Après ce terrible évènement, Drederick assure lui-même l’éducation de son fils et de sa fille, Asia, avec l’aide de plusieurs tantes. Alors forcément, Kyrie est aujourd’hui très proche de son père, qu’il considère comme son modèle, son idole. Mais le 11 septembre 2001, date des attentats du World Trade Center à New York, il a failli perdre son deuxième parent. En effet, ce jour-là, Drederick Irving se trouvait sur place, en plein Manhattan. Comme tous les matins, il prenait le train de Newark pour aller à son boulot, situé pas loin des tours jumelles. Pour pouvoir y accéder, il devait passer par le World Trade Center, et c’est précisément à ce moment-là qu’il a entendu un bruit assourdissant. Un avion de ligne venait de s’écraser sur la tour Nord. Inutile d’aller plus loin, vous connaissez la suite. Toujours en vie et même pas blessé, Drederick a eu beaucoup de chance, surtout lorsqu’on sait qu’il travaillait dans l’un des deux gratte-ciels encore quelques mois avant les attaques. Cependant, on ne sort jamais vraiment indemne de ce genre de catastrophe. Il a vu la terreur de ses propres yeux, il a perdu des amis, et il a surtout eu très très peur pour ses enfants, qui étaient à l’école du côté du New Jersey lors des attentats. Au final, Kyrie et Asia ont pu retrouver leur papa et leur maison, mais cette journée restera gravée dans leurs mémoires pour toujours.

“Il y avait des professeurs qui pleuraient, certains avaient quitté la salle de classe. Personne ne savait ce qu’il se passait. […] Je savais exactement où est-ce que mon père travaillait. Je savais aussi qu’il devait traverser les tours jumelles chaque jour. J’étais inquiet, très inquiet.” – Kyrie Irving

Alors âgé de neuf ans, Irving n’était qu’un gamin avec des rêves plein la tête. Comme beaucoup d’enfants, il voulait jouer en NBA. Sauf que contrairement à la majorité d’entre eux, il a très vite transformé ce rêve en objectif. Le parcours basketballistique d’Uncle Drew est intéressant car original. Après avoir appris les bases du jeu aux côtés de son père, qui l’emmenait souvent avec lui pour qu’il assiste à ses matchs à New York, Kyrie montre son énorme talent à la Montclair Kimberley Academy (MKA). Durant ses deux premières années de lycée, Irving se balade et fait étalage de ses très grandes qualités. Il inscrit plus de 1 000 points en l’espace de deux saisons mais surtout, il permet à son école de devenir la meilleure équipe de l’Etat du New Jersey Prep B. Autrement dit, Kyrie est au-dessus du lot. Sans doute un peu trop. Il décide ainsi de sortir de sa zone de confort (coucou Kevin Durant) pour se mesurer à un nouveau défi, un peu comme l’été dernier quand il a dit fuck quitté LeBron James et les Cavaliers. Au revoir MKA, bonjour à la St. Patrick High School, considérée comme un poids lourd à ce niveau-là. Ce lycée, situé à Elizabeth dans le New Jersey, a vu passer des joueurs comme Samuel Dalembert et Al Harrington et a l’habitude de remporter des titres. Opposé à des adversaires plus coriaces et accompagné de meilleurs coéquipiers, comme Michael Kidd-Gilchrist (qui était vu à l’époque comme l’un des meilleurs lycéens du pays) par exemple, Irving continue de se distinguer.

“Quand il a été transféré à St. Patrick, il a joué face aux meilleurs de l’Etat du New Jersey, voire du pays tout entier. Et quand je l’ai vu dominer contre ces gamins, j’ai su qu’il était spécial.” – Drederick Irving

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Résultat, Uncle Drew et les siens gagnent le Tournament of Champions de la New Jersey State Interscholastic Athletic Association en 2009. Quelques mois plus tard, en août, Kyrie enchaîne en remportant le MVP du Nike Global Challenge, un tournoi annuel qui rassemble les meilleurs lycéens du monde entier. Du coup, sa cote grimpe de plus en plus aux yeux des coachs universitaires. Mike Krzyzewski, l’entraîneur de la prestigieuse université de Duke, est logiquement très intéressé par le prodige, qui décide de s’engager avec les Blue Devils le 22 octobre 2009. Auréolé des statuts de All-American, de co-MVP du Jordan Brand Classic et de MVP du FIBA Americas Championship des -18 ans, Irving débarque en NCAA avec la volonté de tout détruire sur son passage. Malheureusement pour lui, sa carrière universitaire sera extrêmement courte. 11 rencontres seulement au total, la faute à une vilaine blessure à l’orteil. Tout avait pourtant bien commencé. En effet, Duke remporte ses huit premiers matchs sous l’impulsion de Kyrie, impressionnant pour un freshman. Mais ce dernier est ensuite coupé dans son élan et manque plus de trois mois de compétition. De retour lors de la March Madness, où il évolue en sortie de banc, Uncle Drew ne peut pas empêcher l’élimination de son équipe face à Arizona au stade du Sweet 16. La déception est évidemment immense, d’autant plus qu’elle marque la fin de l’aventure universitaire pour Irving, qui décide de se présenter à la draft 2011. Malgré les doutes sur son état de santé et l’échantillon très faible que représente son passage en NCAA, Kyrie est tout de même sélectionné en première position par les Cleveland Cavaliers. La preuve de son immense talent et de la très belle impression laissée à Duke.

Que ce soit d’un point de vue basket ou d’un point de vue purement personnel, le parcours de Kyrie Irving est spécial et mérite d’être connu. L’histoire d’Uncle Drew, c’est l’histoire d’un prodige de la balle orange qui est né en Australie, qui a grandi sous l’aile de son père, et qui a gravi les échelons pour devenir l’une des plus grandes stars de la NBA actuelle. 


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