Kyrie Irving souffre toujours du genou : pas d’opération prévue, pourtant ce serait peut-être le moment
Le 22 mars 2018 à 13:49 par Aymeric Saint-Leger
Les Celtics traversent une période compliquée, particulièrement au niveau des blessures. Boston n’a jamais eu un effectif au complet cette saison, du fait du terrible traumatisme qu’ont subi les joueurs, et en premier lieu Gordon Hayward, lorsqu’il a vu l’os de sa cheville littéralement sortir de sa chaussure. On ne sait pas si cela aura porté le mauvais œil aux verts, mais depuis, les blessures se succèdent. Notamment celles de Kyrie Irving, qui ressent des douleurs persistantes au genou. Du repos, du repos… c’est bien, mais à quand l’opération ?
Peut-être qu’un marabout, un ensorceleur, ou un sorcier de Washington, dénommé Mr. Mur, a lancé un sortilège contre les Celtics. Pour expliquer la vague qui submerge et encombre l’infirmerie des verts, il n’y a pas d’explication rationnelle. Est-ce le départ de leur préparateur physique historique depuis 14 saisons, Bryan Doo, lors de l’été 2017, qui a perturbé la préparation des joueurs de Brad Stevens, et qui provoque les blessures survenues depuis le début du mois de mars ? Ou bien, s’agit-il tout simplement de fatigue, de malchance, et d’un cocktail de mauvaises coïncidences ? Cela ressemble plus à cela, puisqu’à part la malheureuse blessure de Gordie, on ne compte pas d’autres problèmes liés à la fatigue. Prenons le raisonnement dans l’ordre chronologique. On ne va pas revenir sur le terrible moment qu’a vécu le transfuge d’Utah, les images repassent encore en boucle dans notre tête pour rappeler l’horreur de la scène. Basculons en mars, précisément le 8, avec le cas Jaylen Brown : le sophomore débarque en contre-attaque contre Minny, claque un dunk, et retombe malencontreusement sur la nuque et l’arrière de la tête. Semi-coup du lapin, qui voulait manger du trèfle. Lors de la rencontre suivante, la série noire continue. Kyrie Irving abandonne ses coéquipiers en fin de première mi-temps, pour une douleur au genou, à priori sans gravité. C’est à cette même articulation que Daniel Theis va subir une déchirure du ménisque, à la suite d’un contact avec Victor Oladipo en toute fin de match. Saison terminée pour le rookie allemand. Encore lors du même match, Marcus Smart se fait mal au pouce, suite à une interception sur… à nouveau Pipo. Il peine à contrôler le ballon, s’effondre, mais finira quand même la partie. Cependant, mauvaise nouvelle pour lui, une fracture d’un ligament du pouce est décelée, entraînant une opération. Son retour n’est pas prévu avant mai, il devrait donc rater le début des Playoffs. En l’espace de deux confrontations et trois jours, cela fait beaucoup pour Boston. Surtout que leur grande star, Kyrie Irving, a demandé de prendre le temps avec son douloureux genou gauche. Il n’a donc pas joué depuis ce match contre Indy. Cela fait 11 jours, et cela ne semble pas s’arranger. Alors que le retour d’Uncle Drew s’annonçait imminent, il ne va pas participer à la série de quatre matchs à l’extérieur de son équipe, et ne fera même pas le voyage. En effet, d’après Shams Charania de Yahoo Sports, le meneur va aller chercher un second avis médical pour son genou. Une déclaration confirmée par les Celtics, sur Twitter :
With lack of progress on his ailing left knee, Celtics All-Star Kyrie Irving plans to travel for a second opinion later this week, league sources tell Yahoo.
— Shams Charania (@ShamsCharania) March 20, 2018
“Du fait du manque de progrès quant à son genou gauche souffrant, le All-Star des Celtics Kyrie Irving prévoit de voyager pour obtenir un second avis médical dans la semaine, d’après ce que les sources de la Ligue ont dit à Yahoo.”
#NEBHInjuryReport: Kyrie Irving will seek a second opinion on his sore left knee and may not travel with the team for the upcoming road trip.
— Boston Celtics (@celtics) March 20, 2018
“Kyrie Inving ira chercher un second avis médical quant à son genou gauche douloureux, et pourrait ne pas voyager avec l’équipe pour le road trip à venir.”
Adrian Wojnarowski d’ESPN se veut lui plus rassurant :
There remains no structural damage in Irving’s sore left knee, league sources tell ESPN. Belief is still rest is the best remedy for his eventual return. https://t.co/8iMGkb9OHT
— Adrian Wojnarowski (@wojespn) March 20, 2018
“Il ne reste pas de dommages structurels dans le genou gauche d’Irving, d’après les sources de la Ligue. Le repos semble toujours être le meilleur remède pour un éventuel retour.”
Le coach du meneur, Brad Stevens, s’était confié hier à ESPN. Il paraissait assez confiant pour le futur proche :
“C’est toujours pareil, ce genou le fait souffrir. Mais il a travaillé très dur pour le gérer pendant toute la saison, et je pense qu’il a eu de bons derniers jours, donc c’est encourageant. […] Il est absent à cause de sa douleur au genou, pas parce qu’on choisit de le reposer. On a parlé de ça, nous voulons qu’il se sente à 110%, tout comme lui. […] La douleur continue au genou et c’est la raison pour laquelle il ne joue pas et pour laquelle il ne fera pas le road-trip. Il cherchera plutôt un avis extérieur. Ce n’est pas une douleur nouvelle, rien de nouveau, juste une douleur continue.”
Kyrie Irving espère bien sûr qu’une longue plage de repos sera suffisante pour lui permettre d’être au top de sa forme à l’aube des Playoffs. Malheureusement, le 110% de Bras Stevens, on risque de ne pas le voir. Uncle Drew joue de temps à autres avec le frein à main, il avait déjà raté sept matchs cette saison avant que la douleur se redéclenche fortement contre Houston le 3 mars. Cela fait longtemps que le briseur de chevilles dit qu’il a mal au genou, longtemps qu’il le gère comme il peut. Comme l’a dit Danny Ainge la semaine dernière dans un show radio, cette douleur devrait nécessiter une opération. Et quand on voit les antécédents de l’ancien des Cavaliers au niveau de cette articulation, il faut le prendre au sérieux, et ne pas attendre que ça pète. Il a des douleurs au genou depuis janvier 2014. Il s’y blesse en décembre de cette année, puis à répétition pendant la saison, cela empire peu à peu. On se rappelle alors des Finales 2015, où son genou le lâche, fracture de la rotule, over. Une opération plus tard, il revient, et lors du début de la saison actuelle, il a une tendinite à cette même articulation, et des douleurs qu’il traîne depuis octobre. Ainsi, même si le compétiteur qu’il est a forcément envie de se reposer en attendant les Playoffs, pour faire un run vers le titre, la raison voudrait peut-être que les frais s’arrêtent là, et qu’il ne prenne pas le risque de se blesser gravement, à nouveau. Cela fait longtemps qu’il doit se faire opérer, et cela finira par arriver de gré ou de force. Le passage sur le billard pourrait alors se faire dès maintenant. Cela signifierait abandonner cette saison, et la chance des Celtics pour le titre cette année. Ceci dit, avec un Kyrie à 50% de ses capacités, sans Daniel Theis et Gordon Hayward, avec un Marcus Smart et un Jaylen Brown convalescents, est-ce que les joueurs du Massachusetts peuvent vraiment aller jusqu’au trophée Larry O’Brien ? Rien n’est moins sûr. Le beau gosse des Celtics a beau avoir envie de revenir, le risque zéro est privilégié. Les chances de titre sont plus qu’amoindries pour Beantown, même si on comprend l’impatience des fans de la franchise la plus titrée de l’histoire. Cependant, l’équipe est encore jeune, ce tout nouveau groupe n’a même pas un an d’expérience commune, il y a le temps de voir venir. De fait, pourquoi ne pas procéder à l’opération de Kyrie, pour continuer à progresser l’an prochain avec tout le monde à bord ? Cela minimiserait les risques pour le joueur, cela permettrait aussi aux jeunes de l’effectif (Terry Rozier, Jaylen Brown, Jayson Tatum, etc…) de s’aguerrir avec de grandes responsabilités dans des matchs de Playoffs, aux côtés de bons vétérans comme Horford et Morris. Ce serait positif pour l’avenir des Celtics, pour avoir un groupe de joueurs encore plus homogène, en termes de niveau et d’expérience. Alors certes, ce serait dur et cruel d’abandonner en si bon chemin, après une phase régulière réussie qui leur permettra de terminer deuxièmes à l’Est. Cela donne une position avantageuse certes, mais même en parvenant à se hisser en Finale de Conférence, ce n’est pas assuré qu’ils se qualifient pour les NBA Finals, et de fait, encore moins certain qu’ils puissent s’imposer face à un des cadors de l’Ouest. Donc, pourquoi ne pas voir à plus long terme, travailler pour dans un, ou deux ans, avec un Kyrie qui entrera bientôt dans son prime en mode MVP, des jeunes plus expérimentés, et un niveau suffisant pour aller se la donner avec les Warriors ou les Rockets ? C’est compliqué, on veut toujours gagner le plus vite possible, cependant il faut parfois savoir ralentir pour soulever un trophée, sous peine de ne rien gagner du tout dans la précipitation.
Un dilemme se pose donc devant Kyrie Irving : prendre le risque de se blesser pour essayer de jouer le titre cette année, ou écouter son corps, se faire opérer, pour revenir plus fort que jamais et emmener les Celtics vers les sommets quelques temps après ? La décision se prendra sans doute entre le joueur, son coach et son front office. Ce doit être le brouillard épais de Boston dans la tête d’Uncle Drew, tiraillé par les deux possibilités. Mais au vu de l’hécatombe à Beantown, peut-être vaut-il mieux arrêter les frais avant que Kyrie ne paye une addition bien trop salée.
Sources texte : ESPN, Twitter/@ShamsCharania/@wojespn/@celtics, boston.com