A seulement 30 ans, Stephen Curry est déjà numéro 1 all-time dans combien de catégories ?
Le 14 mars 2018 à 17:30 par Benoît Carlier
Désormais membre de la catégorie des jeunes trentenaires, Stephen Curry a encore quelques beaux jours devant lui avant de rejoindre son paternel à la télévision. Mais lors de ses neuf premières saisons professionnelles, il s’est déjà garanti une place de choix dans l’histoire de la Ligue. Il fallait que l’on s’interroge sur les titres all-time à lui décerner dès à présent, à ce stade de sa carrière.
# Meilleur shooteur
La première chose à laquelle on pense quand on évoque le dossier Steph Curry, c’est évidemment son insolence au tir. Membre du club des 50-40-90 depuis sa saison 2015-16 historique, il n’est pas un homme de one shot. Le meneur des Warriors frôle souvent cette distinction de quelques dixièmes et semble bien parti pour doubler la mise cette année (49,4 – 42,4 – 91,9). Mais il a surtout révolutionné le jeu avec ses tirs en première intention à 12 mètres du panier en contre-attaque. Aujourd’hui, ça ne choque plus personne et les pivots s’écartent régulièrement derrière l’arc pour prendre un triple. Pourtant, la scène était quasiment inimaginable avant l’arrivée de Baby Face Killer et son impact sur la Ligue. Mathématiquement, Ray Allen reste pour l’instant le meilleur sniper de l’histoire avec 2973 bombes du parking contre 2126 à l’heure actuelle pour le birthday boy. Mais à un rythme moyen de 250 tirs primés par saison (il tourne à 309 de moyenne depuis 2012 avec une pointe à 402 en 2016), il aura rattrapé Jesus dans moins de quatre ans. Idem pour les Playoffs où l’écart pourrait être comblé encore plus vite puisque l’élève n’est plus qu’à 71 threes du maître. En sachant que les Warriors n’ont pas prévu de faire de la figuration au mois de mai et qu’il avait réalisé 72 filoches en 17 matchs de postseason l’année dernière, le record pourrait même tomber cette année. Les chiffres sont formels, jamais il n’y a eu autant de parkings incendiés que cette saison et le numéro 30 en est le principal responsable. Pour ça et pour l’héritage qu’il laissera derrière lui dans la Ligue, il mérite déjà le titre de meilleur shooteur all-time.
# Meilleur pyromane
Mais être un shooteur régulier ne lui suffit pas, Steph est aussi capable de prendre littéralement feu certains soirs de pleine lune, mais pas seulement. Il détient, entre autres, le record de nombre de bombinettes envoyées lors d’un seul match avec 13 missiles largués sur les Pelicans le 7 novembre 2016. Il est aussi le plus gros récidiviste de ce genre de performance avec 9 sorties à au moins 10 tirs à trois points rentrés sur les 33 recensées dans toute l’histoire de la NBA. Enfin, le Madison Square Garden est capable de témoigner sur ce que peut donner un SC30 en transe depuis ce fameux 27 février 2013 où il a tapé son career-high dans la Mecque du basketball avec 54 unités à 11/13 du parking et 8/8 des lancers malgré la défaite finale des Warriors. Non seulement il est adroit, mais il est aussi capable d’atteindre la zone que certains joueurs recherchent toute leur vie sans jamais la trouver. Une fois atteinte, plus aucun défenseur ni système ne peut l’empêcher de trouver le chemin du cercle. Un état indescriptible auquel les scientifiques n’ont toujours trouvé aucune explication rationnelle. Curry a, en outre, remporté le Three-Point Contest en 2015 avec 13 paniers d’affilée et un record de points (27) seulement battu par Devin Booker cette année. Une preuve de plus de sa capacité à faire brûler les ficelles dès qu’il l’a décidé.
# Meilleur joueur de l’équipe au meilleur bilan sur une régulière
En 2015-16, Kevin Durant mangeait encore des cupcakes avec Russell Westbrook dans le vestiaire de la Chesapeake Arena pendant que Stephen Curry emmenait les Warriors vers la plus belle saison régulière de l’histoire de la NBA dans le plus grand des calmes. Le meneur n’était évidemment pas tout seul, bien accompagné par Draymond Green, Klay Thompson, Harrison Barnes ou encore Andre Iguodala, MVP des Finales en titre, mais le frère de Seth reste la pièce maitresse de ce chef d’œuvre dirigé par Steve Kerr et Luke Walton. Sur le plan personnel, il se savait déjà attendu, sortant à peine de sa meilleure saison. Il a repoussé les limites du leadership pour aller taper un record qui semblait inatteignable pour une équipe NBA. Les 72 victoires des Bulls de Michael Jordan en 1996 étaient une vérité, un gage de réussite absolu, elles ont été effacées d’un revers de main par Steph Curry et sa bande de potes. Que ce soit le 24-0 pour commencer la saison ou un finish en trombe pour atteindre les 73 W, il fallait un mental d’acier et un leader exemplaire, tout ce que possédaient les Warriors cette saison-là.
# MVP unanime
Cette même saison est doublement historique pour le point guard qui est également devenu le seul MVP unanime depuis la création du Maurice Podoloff Trophy en 1955-56. Pourtant concurrencé par un Kawhi Leonard et un LeBron James exceptionnels, il a coupé court à tout débat avec une saison individuelle à ranger au panthéon des meilleures campagnes individuelles et collectives de l’histoire. Sorte de condensé de tous les points précédents, la saison 2015-16 de Stephen Curry est passé à une passe dans le dos foirée et une défaite au Game 7 des Finales de la perfection absolue. En termes de statistiques, cela donne 30,1 points (leader NBA), 6,7 assists, 5,4 rebonds et 2,1 interceptions (leader NBA) en intégrant le fameux club des 50-40-90 tout en roulant sur la concurrence collectivement en sortant la régulière la plus victorieuse jamais réalisée jusqu’alors. L’équipe qui tapera ce record n’est certainement encore pas née, tout comme le prochain qui deviendra élu MVP à l’unanimité par plus de 131 votants. Il était tellement au-dessus cette saison-là qu’il aurait même pu prétendre au titre de MIP malgré son statut de MVP en titre avec un hausse de 6,3 points de moyenne par rapport à la saison précédente, du jamais vu pour un MVP.
# Insolent numéro 1 all-time
Le mot est un peu lâché à tort et à travers par les journalistes à chaque nouvelle impro du double MVP mais quel adjectif peut-il mieux qualifier le jeu de la star du jour ? S’arrêter deux mètres derrière l’arc alors que le chemin du cercle est ouvert ? Check. Faire danser Chris Paul ou Rudy Gobert avec le sourire ? Check. Lâcher la flèche et ne pas attendre qu’elle atteigne sa cible pour se retourner ? Check aussi. Ce n’est même pas forcément conscient, mais Stephen Curry a ce petit truc qui irrite mais qu’on n’a pas le droit de critiquer tant que ça marche. La seule chose que l’on pourrait lui reprocher finalement, en plus de son mâcher de protège-dents parfois maladif, c’est qu’il a déteint sur des milliers de joueurs amateurs qui osent tenter les mêmes actions que lui avec une réussite encore plus faible que DeAndre Jordan aux lancers-franc et que nous sommes tous obligés de subir à la salle le dimanche ou dans son équipe de pick-up game. Mais au fond, personne ne veut le voir changer. Parce que son triple pour la gagne à OKC est tout simplement l’une des actions les plus folles que l’on ait vues ces dernières années. Rien que ça.
Déjà à un peu plus de mi-parcours dans sa carrière de basketteur professionnel, Stephen Curry a encore le temps pour améliorer ses statistiques afin d’alourdir son héritage dans la Ligue. S’il est encore trop tôt pour évaluer sa place dans l’histoire, sa place l’attend déjà au Hall of Fame. Mais laissez-nous profiter encore un peu, Steph n’a que 30 ans.