Les nombreux coups de poker des Warriors : des paris risqués fondateurs de la dynastie actuelle

Le 04 mars 2018 à 16:54 par Clément Hénot

Warriors
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Aujourd’hui, comme l’année dernière, les Warriors roulent sur la Ligue et pas grand chose n’indique que ces dégénérés souhaitent s’arrêter à l’avenir. L’armada composée de Stephen Curry, Klay Thompson, Draymond Green, Andre Iguodala et plus récemment Kevin Durant a mis du temps à véritablement exploser mais aujourd’hui, le rouleau compresseur est en marche, et pour longtemps.

Pourtant, tout n’a pas été simple pour en arriver là. Avant ça, au début des années 2010, Stephen Curry est bien embêté avec sa cheville, au point de ne jouer que 26 matchs en 2011-12. Klay Thompson est seulement sixième homme derrière Monta Ellis avec un temps de jeu parcimonieux (à peine plus de 24 minutes en moyenne en 2011-12) et David Lee fait le boulot mais dispose d’un contrat de 80 millions de dollars sur cinq ans, ce qui est à l’époque considéré comme toxique par beaucoup. La franchise, alors dirigée par Mark Jackson, a dû bricoler, passer par la Draft en récupérant des joueurs comme Harrison Barnes qui a mis du temps à éclore et Draymond Green qui n’est à l’époque qu’un chauffeur de banc qui fait l’idiot avec Kent Bazemore, l’autre ambianceur de l’Oracle Arena.

Certains paris ont également été tentés, comme faire renaître Andrew Bogut et Stephen Jackson de leurs cendres en 2012, tout en envoyant Monta Ellis amorcer le crash de sa carrière à Milwaukee. Un pari risqué mais au final payant : si Jackson est directement coupé et signera chez les Spurs dans la foulée, le pivot Australien réussit à se trouver un vrai rôle chez les Californiens et récupère le poste de titulaire avec pour principal objectif de briser des os et de fendre des crânes dans les raquettes adverses, un profil qui manquait chez les Dubs jusqu’alors, David Lee ne portant que très peu la défense dans son cœur. Cette nouvelle injection de dureté aide à propulser lentement mais sûrement Golden State parmi les équipes “poil à gratter” de la NBA, se frictionnant souvent avec les Clippers par exemple.

La saison 2012-13 laisse déjà entrevoir des horizons bien meilleurs pour la franchise d’Oakland : Klay Thompson justifie la confiance de ses dirigeants qui ont bazardé Monta Ellis pour lui laisser la place de starter au poste 2, Harrison Barnes montre pourquoi il a si longtemps été considéré comme un potentiel premier pick de Draft en jouant de façon décomplexée, Stephen Curry se débarrasse enfin de ses chevilles en papier mâché, puis David Lee et Andrew Bogut forment une raquette extrêmement complémentaire. A cela, il faut ajouter les signatures de Carl Landry et Jarrett Jack qui font un boulot monstre en sortie de banc lorsque les starters se ravitaillent en Gatorade (10,8 points et 6 rebonds de moyenne pour le premier, 12,9 points et 5,6 passes pour le second). La franchise termine sixième à l’Ouest et se qualifie enfin pour les Playoffs après cinq ans de disette, c’est leur deuxième postseason en 19 ans. Golden State crée la surprise en sortant les troisièmes : les Nuggets d’Andre Iguodala (qui signera la saison suivante chez les Dubs). Toutefois, Stephen Curry and co doivent s’incliner au tour suivant avec les honneurs contre les Spurs, futurs finalistes, sur le score de 4-2. Et l’été s’annonce mouvementé en Californie car tout le monde ne peut pas être gardé, Jarrett Jack est même fataliste.

Well it was fun while it lasted

— JARRETT JACK (@Jarrettjack03) 5 juillet 2013

La saison suivante est un poil meilleure mais décevante au final car les Warriors s’inclinent 4-2 dès le premier tour face aux Clippers, et ce malgré l’ajout d’Iggy. Cependant, on sent déjà que quelque chose de spécial peut se passer, mais que la bonne formule n’a pas encore été trouvée entre Harrison Barnes et Andre Iguodala, qui sont titulaires et remplaçants à tour de rôle. La franchise décide de jouer la stabilité avec quelques ajouts comme Brandon Rush et Shaun Livingston, un autre pari fait sur un revenant qui a failli être amputé suite à une chute abominable lorsqu’il évoluait chez les Clippers, Stephen Curry et Klay Thompson, quant à eux montent en puissance et s’imposent comme l’une des paires d’arrières les plus sexy de la ligue et symboles d’une NBA moderne qui se tourne vers le tir extérieur.

Néanmoins, c’est vers le secteur intérieur qu’il est nécessaire de focaliser son attention pour mieux comprendre les trois dernières saisons de bourrin des Warriors. La réponse se nomme Draymond Green, et en 2014, il est promu titulaire suite aux blessures à répétition de David Lee, et l’aboyeur joue un rôle clé dans la franchise et cimente le tout, de la défense, du hustle, du tir de temps en temps pour se mettre au diapason, et une gueule énorme. Pas le type parfait pour aller à la guerre (il s’embrouillerait avec tout le monde) mais parfait pour permettre un basket collectif léché et être la pierre angulaire de l’équipe qui le pratique. Cette saison, Stephen Curry termine MVP et les Warriors raflent le titre contre Cleveland sur le score de 4-2. Et même si la défaite en 2016 à domicile au Game 7 après avoir mené 3-1 est peut-être une des plus grosses punchlines de l’histoire, elle a permis aux Dubs d’attirer Kevin Durant à leurs côtés et de former une équipe d’un niveau jamais vu jusqu’alors, et potentiellement prête à rouler sur tout ce qui bouge pour les dix prochaines années.

Des jeunes formés depuis leur sélection à la Draft (Stephen Curry, Klay Thompson, Draymond Green et anciennement Harrison Barnes), des paris sur des joueurs que l’on pensait cramés (Andrew Bogut, Shaun Livingston, Leandro Barbosa) et des signatures de joueurs parfaits pour leur rôle (Andre Iguodala, Kevin Durant) et on obtient l’un des cocktails les plus explosifs jamais vu depuis longtemps. Mais sans les décisions difficiles à prendre à l’époque, comme se séparer de Monta Ellis, enfant de la franchise, ou de Jarrett Jack et Carl Landry, soldats exemplaires. Aujourd’hui, les Warriors tiennent leur dynastie, mais elle a été extrêmement longue et éprouvante à bâtir.


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