Le jour où Chris Paul et James Harden ont appris qu’ils allaient jouer ensemble : entre smile et ambition
Le 31 oct. 2017 à 18:59 par Jocelyn Gouriou
S’il ne fallait retenir qu’un seul transfert de l’été, celui de Chris Paul à Houston serait sans doute un des grands favoris. Lorsque le meneur a été échangé aux Rockets contre Patrick Beverley, Lou Williams, Sam Dekker, Montrezl Harrell, Kyle Wiltjer et un tour de draft, le monde de la NBA s’est mis sur pause. CP3 allait évoluer aux côtés de James Harden, wow !
Que ce transfert fut long à mettre en place… En effet, on ne fait pas venir un futur Hall of Famer comme ça, sans réflexion et sans préparation. L’été dernier, les dirigeants des Rockets ont eu ce questionnement, et ils ont convenu que James Harden ne pourrait jamais porter Houston tout seul vers les Finales NBA, voire un titre. Le barbu venait devait réaliser une saison tout simplement incroyable, terminée avec 29,1 points, 11,2 assists, 8,1 rebonds et 1,5 interception, le tout à 44% au tir dont 35% du parking en 36 minutes de moyenne. Avec de telles statistiques, on est élu MVP les doigts dans le nez, sauf que l’année dernière, il y avait un Russell Westbrook qui traînait par là et qui a explosé tous les records. Résultat, pas de trophée individuel suprême pour Harden, un premier coup dur. Le deuxième gros coup de massue a lieu le 11 mai 2017, date du Game 6 des demi-finales de Conférence entre les Spurs et les Rockets. Mené trois à deux dans la série, Houston est dans l’obligation de s’imposer à la maison pour décrocher un match 7 à San Antonio. Malheureusement, c’est ce jour-là que James Harden va connaître le plus gros trou d’air de sa carrière de basketteur. L’ancien arrière du Thunder termine la partie avec 10 points et 7 assists à 2/11 au tir, mais surtout 6 pertes de balle et 6 fautes. Gros caca dans le slip. Lui qui était plus habitué à boire la pression qu’à la subir, il venait de passer complètement au travers. Ce match a été un choc pour lui, comme le raconte Irving Rolland, le responsable du développement des joueurs à H-Town, ou encore Trevor Ariza dans ce magnifique article d’ESPN. Il a fallu du temps au barbu pour se remettre sur pied, et un petit coup de fil un jour de juin lui a permis de définitivement retrouver le moral, comme le raconte Jackie MacMullan…
Le 25 juin, Harden était en train de diner avec des amis à Los Angeles quand son téléphone sonna une nouvelle fois. Il jeta un petit coup d’œil, puis il s’excusa pour sortir de table. “Je dois répondre à celui-là” a-t-il dit. Quand il est sorti, le nom sur l’écran l’a éclairé : c’était Chris Paul.
Chris Paul : “J’en suis”
James Harden : “Qu’est ce que tu veux dire par j’en suis ?”
Harden et Paul étaient des amis, ils ont échangé plusieurs textos tout au long de la saison. CP3 examinait les options qui s’offraient à lui en tant que free-agent, et Harden espérait que Houston fasse parti de la short list de CP3. Cependant, Harden ne savait pas ce que Paul avait l’intention de faire.
CP : “J’en suis, je veux venir à Houston. Je veux jouer avec toi.”
À ce moment là, le transfert n’était pas officiel, mais 95% du taf était fait. C’était un grand pas pour Harden, mais aussi pour CP3. Le meneur des Clippers venait de se faire sortir une nouvelle fois au premier tour des Playoffs par le Jazz alors qu’il avait réalisé une série exceptionnelle en l’absence de Blake Griffin. Cependant, c’en était trop pour lui. Ses relations avec le rouquin et son coach Doc Rivers s’étaient détériorées, et Paul en avait ras-le-bol de ne pas avoir une équipe à la hauteur de son talent. L’ancien de Wake Forest a donc prévenu ses dirigeants qu’il allait être free-agent cet été pour permettre à ces derniers de monter un trade pour ne pas finir bredouille : grande classe. Deux petits jours après que le produit de Wake Forest ait passé son coup de fil à Harden, CP3 se trouvait au restaurant avec LeBron James, son pote de la team banana boat. Le meneur des Clippers reçoit un message qui lui confirme qu’il vient d’être échangé à Houston. Ça bouillonne à l’intérieur, mais Paul ne dit rien à James, du moins pas tout de suite. Oui, ils sont très amis, mais ils sont aussi ultra compétiteurs… Vingt minutes plus tard, il prend son courage à deux mains et annonce la nouvelle à LeBron qui réagit lui aussi avec grande classe : le King paye sa tournée de shooter, trinque avec CP3 et lui dit juste “be happy“. De son côté, à 4h15 du matin, Daryl Morey, le GM des Rockets s’empresse de partager la nouvelle avec James Harden. Après un petit bruit de jubilation, le barbu demande à son GM “qui on fait venir d’autre ?”, ce à quoi Morey répond “est-ce qu’on peut juste se calmer deux secondes et célébrer l’acquisition d’un Hall of Famer ?”. Évidemment, on sent de la taquinerie dans les propos d’Harden, mais aussi une part de vérité. Certes, l’arrivée de CP3 est quelque chose de monumental, mais il fallait continuer de faire évoluer l’effectif pour pouvoir concurrencer les Warriors. C’est ce que le front office de Houston a fait, il n’y a qu’à voir la très belle gueule du roster aujourd’hui, le tout drivé par un Mike D’Antoni récemment élu coach de l’année.
Ce transfert a donc marqué le début d’une nouvelle ère à Houston. P.J. Tucker et Luc Richard Mbah a Moute ont suivi, et depuis, les Rockets font office de contender très sérieux à l’Ouest. L’arrivée de Chris Paul a donc complètement changé les choses, et peut-être qu’enfin, l’ancien joueur de NOLA va pouvoir goûter aux finales de Conférence…
Source : ESPN