Preview des Spurs 2017-18 : merci de ne plus assimiler les Spurs à des vieux, faudrait passer à autre chose
Le 14 oct. 2017 à 13:02 par Giovanni Marriette
Après une nouvelle saison à plus de soixante victoires (la troisième en quatre saisons, relou), les Spurs seront à n’en pas douter l’une des franchises les plus chiantes à jouer cette saison encore. Le squad texan continue d’opérer sa mue mais sans se presser, grâce à un Kawhi Leonard qui possède depuis deux bonnes année les clés du camion… et qui s’occupe même de faire le plein, d’acheter le sapin qui sent bon et le lave-glace. Tant que Kawhi va, tout va, il aurait même pu écrire cette preview mais on n’a pas osé le déranger.
Résumé des transferts de l’été
- Ils sont arrivés : Rudy Gay, Derrick White, Joffrey Lauvergne, Matt Costello, Brandon Paul, Darrun Hilliard
- Ils ont prolongé : Pau Gasol, Patty Mills, Manu Ginobili
- Ils sont partis : Jonathon Simmons, Dewayne Dedmon, Joel Anthony, David Lee (mais même Châteauroux n’en veut pas)
Un été un peu spécial à San Antonio. Quelques incompréhensions tout d’abord, avec le départ de Jonathon Simmons pour aller toucher deux francs six sous et pas mal de planches à Orlando, puis la re-signature d’un Pau Gasol pour… 48 millions de dollars. A 37 ans. Pour le reste on notera la Draft de Derrick White, sorte de meneur freak sorti de nulle part, et les arrivées cumulées d’un Rudy Gay qui devra filer droit et de Jococorico Lauvergne qui pourrait s’éclater cette saison dans une raquette pas vraiment blindée (voir plus bas). Dewayne Dedmon est parti jouer les franchise players à Atlanta, David Lee est actuellement porté disparu et toute l’équipe de Jack Malone est à pied d’œuvre pour le retrouver afin de le proposer au championnat chinois. A noter également les prolongations de Patty Mills et de l’éternel Manu Ginobili, resigné pour deux saisons et donc assuré de rester chez les Spurs jusqu’à 48 ans.
L’effectif pour la saison 2017-18
- Meneurs : Dejounte Murray, Tony Parker, Patty Mills, Derrick White
- Arrières : Danny Green, Manu Ginobili, Brandon Paul, Bryn Forbes ?
- Ailiers : Kawhi Leonard, Rudy Gay, Kyle Anderson
- Ailiers-forts : LaMarcus Aldridge, Davis Bertans
- Pivots : Pau Gasol, Joffrey Lauvergne
Two-way contracts : Matt Costello, Darun Hilliard
Les gars en gras sont ceux qui devraient intégrer le cinq majeur à chaque rencontre dès le début de saison.
Deux certitudes seulement pour ce starting five : les postes 2 et 3. A la mène, c’est Dejounte Murray qui devrait assurer le start en attendant le retour du patron, histoire de garder la folie de Patoche Mills sur le banc. A l’intérieur ça se complique puisque si la saison 2016/17 avait été celle du départ des grands (Duncan, Bonner, Marjanovic, West, Diaw), l’été 2017 n’a pas permis de pêcher de nouveaux gros (Joffrey Lauvergne pour Dewayne Dedmon épicétou). Gregg Popovich devrait lancer LMA au poste 4 et refiler le poste de pivot titulaire à Pau Gasol, mais Joffrey Lauvergne pourrait le suppléer de temps en temps en début de match comme c’était le cas la saison passée avec Dedmon. A moins que Pop ne s’adapte un peu plus à son époque en décidant de nous foutre la grande marquise poste 5 pour titulariser Rudy Gay (voire Bertans, voire Kyle Anderson) en 4. Pas mal de questions qui nous amènent au paragraphe suivant. “J’peux t’mettre on the spot Alex ? Ouais ? Les Spurs cette saison, ça joue small-ball ?”
Question de la saison : les Spurs peuvent-ils passer par autre chose… que le small-ball ?
Il va falloir y penser hein. Ou plutôt, on espère que Gregg Popovich y a pensé. Autrefois l’une des plus grandes forces de la franchise cinq fois championne NBA, le secteur intérieur des Spurs apparait aujourd’hui comme sa plus grande faiblesse. En défense tout d’abord, car le quatuor Aldridge/Gasol/Lauvergne/Bertans risque d’offrir des soirées divines à pas mal de big men cette saison. Trop lents, trop vieux ou tout simplement pas envie, le carré magique risque de faire peine à voir dans sa partie de terrain… En attaque ? La NBA c’est pas Villeneuve D’Ascq et Pogaze n’est plus ce mec capable d’en coller 20 chaque soir tandis que LaMarcus Aldridge est resté bloqué à 50% de son potentiel depuis son arrivée au Texas. Jolo et Davis Bertans ? De bons role players, au mieux de belles surprises. Et on ne parle même pas du bordel en cas de blessure. Résultat des courses ? Pop a tout intérêt de lancer Kyle Anderson ou Rudy Gay poste 4, alors que Kawhi Leonard devra probablement s’acquitter de cette tâche à de nombreuses reprises cette saison. Le coach des Spurs a la chance de posséder quelques gros défenseurs sur les ailes et sur son backcourt (Danny Green tellement sous-estimé, Dejounte Murray qui doit encore progresser…) et les ajustements seront nécessaires afin de fit au mieux avec une NBA de plus en plus rapide et athlétique. Rapide, Aldridge, athlétique, Gasol, mkay.
Candidat sérieux au transfert : Kyle Anderson
Après trois saisons au Texas, la progression attendue de Kyle Anderson… se fait toujours attendre. Victime préférée de Gregg Popovich (on se souvient de cette image de Kyle benché au bout d’une possession pour avoir fait foirer un système), l’ailier des Spurs risque fort de se prendre une porte tout bientôt s’il ne step up pas un minimum. On connaît désormais le style du jeu du bonhomme, à deux à l’heure mais très appliqué, sauf qu’au bout d’un moment il faudrait quand même accélérer. Pas sûr que les Spurs ne restent patients toute la vie, d’autant plus que Dejounte Murray voire Derrick White sont susceptibles de gratter la fameuse place du jeune n°1 à développer à SA. Toujours sous son contrat rookie, une qualifying offer se cache dans son contrat et on imagine de moins en moins les Spurs continuer de compter sur lui s’il ne montre pas un peu plus. C’est le moment mon garçon, sinon ça dégage.
Candidat sérieux pour la surprise : Joffrey Lauvergne
Après avoir été baladé durant ses trois premières saisons entre Denver, Chicago et Oklahoma City, Jololo a posé cet été ses valises dans un fief bien connu de la colonie française de NBA. Une seule année de contrat, mais comme l’impression que le gars de Mulhouse a tout pour s’imposer dans une organisation qui devrait enfin lui offrir le rôle qu’il mérite. Celui d’un solide back-up, parfois même appelé à jouer les starters (voir plus haut), ultra-utile de par sa capacité à mettre des kilos d’intensité tout en faisant apprécier sa papatte dessous et un tir plus que fiable de loin. Gregg Popovich aime la France et Joffrey doit lui rendre cet amour dès le début de saison, et quelque chose nous dit que le couple pourrait nous offrir une belle alchimie. Cocorico, la belle surprise de la saison des Spurs s’annonce française.
Meilleur et pire scénario possible
- La frayeur Kawhi n’était qu’un leurre de Gregg Popovich et dès le début de saison, les Spurs sont une fois de plus ce rouleau compresseur silencieux qui broie ses victimes sans sourire. Rockets et Warriors gagnent plus de matchs mais l’impression est tout aussi monstrueuse du côté de l’AT&T. A l’arrivée c’est une nouvelle saison à 60 wins qui est loupée de peu (59-23) et un parcours quasi-parfait en Playoffs puisque Tony emmène sa bande en finale de Conférence en tapant les Wolves et les Rockets avant de s’incliner 4-2 face à des Dubs de toute manière trop forts pour… tout le monde. Finale de conf et trophée de MVP pour un Kawhi en 30/8/6, on peut difficilement faire mieux.
- Attention, les yeux des plus fervents fanboys vont saigner. Victimes de l’absence de Kawhi Leonard jusqu’à la mi-novembre, les Spurs n’arrivent pas à décoller et flirtent même avec une dangereuse huitième place jusqu’à Noël. Avant de se remettre d’aplomb, évidemment, mais de ne réussir qu’à chopper la cinquième place à l’Ouest, derrière les Warriors, les Rockets, le Thunder et… les Clippers. Blake Griffin et sa bande qui retrouvent donc SA au premier tour des Playoffs pour une revanche de 2015, mais de revanche il n’y aura pas car ce sont une nouvelle fois les hommes de Doc Rivers qui l’emportent en sept matchs. faut dire qu’un Teodosic à seize passes sur la série ça aide. Et une défaite au premier tour, ça calme.
Pronostic de la rédaction : 56 victoires – 26 défaites
On part sur cinq wins de moins que la saison passée. Blasphème ? Évidemment que non, on n’est pas non plus en train de parler d’une dégringolade. Peut-être un poil moins costaud et toujours trop dépendant de Kawhi Leonard, c’est surtout la manière avec laquelle l’Ouest s’est transformé cet été qui devrait poser des problèmes à SA. Attention toutefois à ne pas sous-estimer le cœur et le QI des derniers mohicans encore présents, faudra pas couiner quand les Warriors galèreront à s’en défaire début juin.
Un joli melting pot entre des jeunes et des anciens, quelques cracks à développer, deux frenchies, un candidat MVP et un coach légendaire, voilà qui devrait suffire à vous faire cliquer sur les Spurs cette saison. Comme d’hab ce ne sera pas vraiment spectaculaire, mais comme d’hab ce sera présent au printemps. La base.