Les Playoffs au format 1-16 en NBA : Adam Silver s’y penche déjà, quels avantages et inconvénients ?
Le 09 oct. 2017 à 15:48 par Bastien Fontanieu
Le patron de la NBA n’a pas le temps. Lorsqu’il faut réaliser des changements, il se retrousse les manches, fait appel à ses alliés et tente de tout ratifier le plus tôt possible. Le format habituel des Playoffs ? Voici sa prochaine cible.
Adam Silver n’aime pas voir les choses traîner trop longtemps. Récupérant la Ligue dans un excellent état, le successeur de David Stern sait que son jouet a un potentiel incroyable, et il veut l’utiliser au maximum en redessinant certaines règles. On avait déjà vu la Draft modifier sa Lottery récemment, afin de tenter de réduire le tanking massif. On avait déjà vu le All-Star Game changer son mode de sélection des joueurs dernièrement, afin de tenter de redonner une âme à cet événement. En déplacement en Chine cette semaine, pour notamment voir les Wolves et Warriors s’affronter devant un public conquis, Silver a réalisé sa Conférence de presse protocolaire et a répondu à un paquet de questions venant des médias. L’occasion idéale pour exposer les progrès de la NBA, sauf que sur un sujet précis, le boss a dû choisir les bons mots et faire preuve d’optimisme car il sait que la question est épineuse : les Playoffs en 1-16, pour contrer le 1-8 connu depuis des décennies, y aurons-nous droit prochainement ? Actuellement, la Ligue propose ses 82 matchs de régulière pour ensuite donner lieu à deux batailles. La Conférence Est d’un côté, la Conférence Ouest de l’autre, deux fois 8 équipes. Sauf qu’avec un écart qui grandit entre les deux camps, on retrouvera bientôt des équipes moyennes de l’Est en Playoffs, pendant que de grandes équipes de l’Ouest devront se poser devant leur télé, à cause d’une concurrence trop forte. Et ça, c’est pas tip-top pour le niveau de la Ligue. Du coup, Adam, quelle est la position de son gang sur le futur des Playoffs en NBA ?
“Reformer les Playoffs est un projet que nous allons continuer d’observer. Mais je pense que cela demanderait également une relecture complète du calendrier de la saison régulière. Comme je l’ai dit précédemment, nous ne proposons pas de calendrier équilibré actuellement, comme vous vous en doutez. Et pour ceux qui ne le savent pas, cela signifie que les équipes de l’Est se rencontrent plus de fois qu’elles ne rencontrent d’équipe de l’Ouest. Et notre sentiment est le suivant, si on décide de partir sur des Playoffs au format 1-16, on devra proposer un calendrier plus équilibré pour que cela soit juste auprès de chacun. Cela pourra aller dans ce sens, pendant que nous continuons de déterminer le nombre total de jours sur lequel nous pouvons potentiellement programmer 82 rencontres de régulière, et afin de créer un calendrier plus équilibré.
Mais j’ajouterais ceci, et je l’ai déjà souligné auparavant. Il n’y a pas de magie dans un calendrier de 82 matchs. Ce n’est pas un changement que vous allez pouvoir observer sur le court-terme, mais je pense que quand nous prenons un peu de recul et observons de manière holistique notre calendrier et la façon dont les Playoffs sont construits, nous devrions regarder le format dans son ensemble. Pour contre-balancer le classement des équipes de Playoffs sur les spots 1-16, il y a aussi le désir de créer davantage de repos pour nos joueurs et réduire le nombre de déplacements si cela est possible.
En ajoutant la semaine supplémentaire à la saison régulière comme nous l’avons fait cette année, nous allons pouvoir supprimer complètement les situations de quatre matchs en cinq jours. Et je crois que c’est la première fois dans l’histoire de la NBA que cela est faisable. Nous avons également un nombre de back-to-backs parmi les plus faibles de l’histoire. Si nous prenions le format existant, le calendrier actuel, et nous imposions des Playoffs en 1-16, nous ajouterions des déplacements supplémentaires, et on aurait des équipes traversant tout le pays pendant le premier tour.”
En optant pour un format 1-16, il serait surtout question de dire au revoir aux Conférences chéries, qui représentaient des structures fondamentales par le passé. Et on dit bien par le passé, quand on voit la bascule identitaire réalisée par la NBA comme par les fans au fil des ans. Il y avait une certaine fierté de représenter l’Est, rugueux et bourré de fondamentaux, cols bleus de l’enfer qui s’arrachaient sur chaque ballon. Il y avait une certaine fierté de représenter l’Ouest, offensif et possédant les plus grands athlètes, stars de toujours qui scoraient à outrance. Aujourd’hui ? C’est plus trop la même, la preuve avec les modifications du All-Star Game. Le public s’identifie nettement plus aux joueurs qu’aux équipes, et clairement moins aux Conférences. Qui peut encore dire “allez l’Est” ou “allez l’Ouest” ? Une fois par an, peut-être, en Finales NBA ou au All-Star Game, et encore. C’est donc un premier aspect identitaire qu’il faudra prendre en compte, et qu’Adam Silver a l’air de bien capter quand on voit ses modifications récentes.
Ensuite viendront évidemment les histoires de la régulière, sachant que de pauvres Mavs affrontant Spurs et Rockets à quatre reprises auront nettement moins de chances d’intégrer le Top 16 que les Pistons, qui eux ne croiseront la route de Kawhi et Harden que deux fois, dans le schéma actuel. En réorganisant totalement le calendrier, on aurait du coup droit à des croisements plus chiants, géographiquement parlant, mais plus justes, sportivement parlant. Il est d’ailleurs assez intéressant de voir qu’on se fout souvent de la concurrence de LeBron à l’Est pour se rendre compte du déséquilibre actuel : comment s’étonner que James aille autant de fois de suite en Finales NBA, quand on voit la gueule de sa Conférence ? Ce n’est même pas pour manquer de respect au King, très loin de là, mais nombreux sont ceux-ci qui, en scred, affirment la chose suivante. Si les Cavs avaient par exemple joué les Grizzlies puis les Celtics puis les Spurs en Playoffs l’an dernier (dans le cadre du format 1-16), auraient-ils atteint aussi aisément les Finales NBA…? Et la question se pose pour toutes les équipes, Warriors inclus, qui auraient peut-être eu droit à un parcours moins chouette jusqu’au titre. Forcément, comme Silver l’a souligné, cela demanderait une reconstruction totale du calendrier de régulière, et donc une réorganisation totale des déplacements effectués par chaque franchise. Mais l’intérêt sportif dépasse tellement l’histoire, sur ce sujet, qu’Adam doit clairement s’y pencher au moment où ces lignes sont écrites.
Chaque saison, est-ce que la NBA propose les deux meilleures équipes de sa Ligue en Finales NBA ? Pour la plupart oui, mais pour d’autres non. Et dans une Ligue qui souhaite continuer à avancer dans le droit chemin, changer le modèle des Playoffs serait une belle idée. Maintenant, est-ce que cela se fera demain et est-ce que cela chamboulera nos habitudes en régulière : deux des milliers d’interrogations entourant ce dossier. On fait confiance à Adam Silver, vu le taf effectué jusqu’ici il trouvera bien la solution.
Source : ESPN