Isaiah Thomas veut que son exemple serve de leçon pour tout le monde : “la loyauté, ce n’est qu’un mot”

Le 07 sept. 2017 à 04:57 par Bastien Fontanieu

Avery Bradley Isaiah Thomas Celtics
Source image : YouTube

Après avoir partagé en détail l’annonce de son transfert par téléphone, Isaiah Thomas s’est penché sur un thème qui fait mouche en  NBA ces dernières années : la différence dans la perception des transferts choisis par les franchises, et ceux choisis par les joueurs.

C’est peut-être le sujet qui marquera la décennie 2010, quand on voit la manière dont les mentalités ont changé et évolué au fil des années. Le fait que les joueurs, dans leur ensemble, souhaitent rééquilibrer la balance avec les propriétaires et General Managers, en décidant beaucoup plus de leur avenir. LeBron avait lancé la mode en 2010 avec un départ choquant du côté de Miami, le King sera ensuite suivi par quelques âmes aventureuses qui n’auront pas peur de se faire canarder par le grand public. Et notamment Kevin Durant, six ans plus tard, rejoignant les Warriors contre un paquet d’attentes. Cette prise de contrôle des joueurs sur leur avenir agace de nombreux observateurs, sauf qu’il existe un autre cas de figure, comme celui d’Isaiah. Et celui-ci passe comme une lettre à la poste, avec des managements qui transfèrent des joueurs à tour de bras. Une liberté d’action connue dans la Ligue, justifiée par les rémunérations et le fonctionnement de la NBA, mais qui chamboule tout de même des hommes ainsi que leur famille. Thomas a donc utilisé son propre exemple pour envoyer un message clair, à ceux qui applaudiraient les décisions des hauts-placés mais tabasseraient les choix des plus téméraires. Que le cas d’IT serve de leçon, dans une jungle qui est avant tout un business.

Mais oui, je vais le dire : ce truc me fait mal. Beaucoup de mal.

Et je ne vais pas mentir, ça continue à me faire mal.

Ce n’est pas que je le comprends pas, évidemment que je le comprends : il s’agit d’un business. Danny est un businessman et il a fait un choix purement business. Je ne suis pas d’accord avec celui-ci, juste moi, et je ne pense pas que les Boston Celtics se sont améliorés en faisant ce transfert. Mais ce n’est pas mon boulot, c’est celui de Danny. Et c’est un job compliqué, qu’il a très bien géré. Mais au final, ces transferts reviennent à un point : il s’agit d’un business. Donc pas de mauvais sentiment envers l’autre de ce point de vue. Je suis un adulte, et je sais dans quoi je me suis aventuré en rejoignant cette Ligue. Jusqu’ici, cela a rapporté plus d’avantages que d’inconvénients. Je ne suis pas ici en train d’écrire cette lettre car je me sens lésé. Je n’ai pas été lésé, c’était le droit de Boston de me transférer.

De plus, sous plusieurs angles, je crois que c’était une bonne leçon. Pour moi, comme pour la Ligue toute entière. Pour les fans comme pour les médias également, lorsqu’il s’agit de parler de joueurs qui changent d’équipes. Je pensais à cela l’an dernier lorsque Kevin Durant était agent-libre, et à quel point les gens lui en voulaient pour avoir fait ce qui semblait meilleur pour lui et son futur. Voir à quel point ils en ont fait un méchant, juste pour avoir exercé son droit en tant qu’agent-libre dans cette Ligue. Soudainement, on entendait qu’il était “égoïste” ou que c’est “un traître”. Comme ça, juste pour avoir pensé business de son côté, et pour avoir fait ça il a été dépeint comme un type méchant.

Et je pense que mon transfert peut montrer cela aux gens. Je veux qu’ils regardent mon cas, en étant soudainement échangé sans le moindre avertissement, par la franchise pour laquelle j’ai tout donné, en grattant, en saignant, en m’épuisant sur le terrain. Voilà pourquoi les gens doivent changer leur perspective. Hormis quelques exceptions, quand vous êtes agent-libre, 99 fois sur 100 ce sont les propriétaires qui ont le pouvoir. Donc quand les joueurs sont transférés de droite à gauche, en ayant leur vie modifiée sans leur consentement, c’est trois fois rien… mais les quelques fois où le jeu est retourné et les joueurs ont le pouvoir, soudainement c’est un scandale ? Je veux juste être honnête, mais pour moi cela veut dire pas mal de choses sur où nous en sommes dans notre Ligue et dans notre société. Et cela veut aussi dire le chemin qu’on a encore à parcourir.

Et comme je l’ai dit, il n’y a pas de mauvais sentiment. Mais la prochaine fois qu’un joueur décide de changer d’équipe, et que quelqu’un veut écrire quelque chose de méchant ou envoyer un sale tweet à ce joueur, peut-être que les gens réfléchiront à deux fois. Peut-être qu’ils regarderont la Ligue, qu’ils regarderont un cas comme le mien, et se souviendront que la loyauté, ce n’est qu’un mot. C’est un mot puissant si vous souhaitez le rendre ainsi. Mais honnêtement… lorsqu’il s’agit de business, on ne peut compter sur rien.

Sur toute la ligne, Isaiah est en effet pertinent car il ouvre son propre portail afin que le grand public puisse voir à quoi ressemble la vie d’un joueur transféré sans le moindre signe. C’est la loi, actée, en NBA. On intègre un business qui utilise ses joueurs comme des pions, c’est comme ça. Maintenant, chaque cas est différent, à prendre avec des pincettes. En ce qui concerne KD par exemple, ce n’est pas vraiment son envie de partir qui a été pointée du doigt. Les joueurs ont le choix, Paul George vient de mentionner ses intentions aux Pacers et sa franchise a agit en conséquence. Mais c’est plutôt le fait de rejoindre l’armée qui vient de te tabasser en finale de conférence et a réalisé la plus grosse régulière de l’histoire qui a secoué la planète basket. Petite précision qu’il fallait tout de même souligner, pour ne pas mélanger les torchons et les serviettes. Par contre, sur le reste ? Isaiah a de quoi ouvrir sa gueule. Que certains fans puissent utiliser son exemple afin de mieux comprendre la façon dont la NBA fonctionne, et qu’ils réduisent le brouillard existant entre l’aspect sportif et l’aspect business. Notre Ligue préférée est une boîte, il faut en avoir conscience. Les recrutements et licenciements s’enchaînent, tout est une question d’attitude et de comportement face à ceux-ci.

Bonne initiative de la part du Little Guy, sachant que les prochains étés seront justement remplis de joueurs souhaitant changer d’air. Tant qu’ils font ça “bien”, il faudra l’accepter et le comprendre. Sans les tabasser forcément.

Source : The Players’ Tribune


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