Profil Draft 2017 : Lauri Markkanen, de qui sera-t-il la meilleure amie ?

Le 14 juin 2017 à 07:23 par David Carroz

Profil Draft Lauri Markkanen
Source image : Youtube

Le fils de Pekka Markannen, passé par Kansas mais aussi divers championnats européens au cours de sa carrière, semble déjà parti pour dépasser la renommée de son paternel. Il faut dire que Lauri Markkanen affole les scouts après une très bonne année freshman chez les Wildcats, validant son titre de meilleur scoreur de l’Euro U20 l’été précédent. Alors, un nouveau Dirk Nowitzki est dans la place ou alors on se contentera de la version finlandaise d’Andrea Bargnani ?

Profil

> Âge : 20 ans. Hier encore, j’avais vingt ans. Comme Charles Aznavour.

> Position : Intérieur. Avec sa taille on a du mal à l’imaginer à un autre poste.

> Equipe : Arizona Wildcats. Un chat sauvage finlandais, c’est peu commun.

> Taille : 213 centimètres. Parfait.

> Poids : 105 kilos. A pris du volume et doit poursuivre.

> Envergure : Pas de chiffre officiel. Mais à vue d’œil, on sent que ça n’a rien d’exceptionnel.

> Statistiques 2016 : 15,6 points, à 54,5% à 2 points et 42,3% du parking, 0,9 passe, 7,2 rebonds, 0,5 contre et 0,4 interception en 30,8 minutes.

> Comparaison : Nikola Mirotic, mais version Real. Ou Ryan Anderson. Certains parlent de lui comme d’un nouveau Dirk, comme pour tous les intérieurs européens sachant shooter. Genre on a oublié Andrea Bargnani comme référence ?

> Prévision TrashTalk : Top 10.

Qualités principales

# Un shooteur polyvalent

Si le nom de Dirk Nowitzki est évoqué lorsque l’on regarde jouer Lauri Markkanen, c’est parce que l’intérieur finlandais envoie la sauce du parking, lui qui a mis plus de tirs primés que n’importe quel autre seven-footer depuis 2000. Rien d’étonnant avec sa mécanique de shoot : joli coup de fouet, équilibre, toucher en douceur, les pieds qui restent dans l’alignement… toutes les cases sont cochées pour une mécanique donc simple et bien huilée, sans mouvement superflu lorsqu’il doit dégainer après réception de la balle. Dès sa prise d’appuis, il se met dans le rythme en sachant très bien se situer par rapport au panier, histoire d’être le plus en face possible. Comme en plus il est grand, il n’a pas de mal à relâcher la gonfle en étant au-dessus de son défenseur, ce qui ma foi est plutôt pratique sur les catch and shoot, même quand ils sont défendus. De qualités qu’il met à profit sur pick and pop, sortant bien des écrans. Son agilité lui permet de vite se positionner par la suite, et on retrouve là le bon positionnement de ses pieds. Les 42,3% de réussite derrière l’arc font donc saliver, surtout qu’il shoote bien derrière la ligne NCAA, indiquant qu’il a la distance NBA dans les bras. Ajoutons que Lauri Markkanen peut aussi jouer en tant que porteur de balle sur pick and roll, histoire de conclure lui-même sur un pull-up. S’il n’a pas utilisé des masses son jump shot à mi-distance, il est loin d’être maladroit dans cet exercice aussi. En bref, le Finlandais est tout à fait apte à jouer face au cercle.

# Un combo taille/agilité excitant

Ce qu’il y a de particulièrement excitant dans l’adresse de Lauri Markkanen, c’est qu’elle est la propriété d’un mec très agile mesurant 2m13. Vu son style de jeu, il est fort probable qu’il évoluera en NBA en tant qu’ailier fort, où son avantage de taille sera certain, sans pour autant être moins vif que la plupart de ses adversaires. Même si ses foulées ne sont pas grandes, il fait preuve de fluidité dans ses déplacements, comme en atteste par exemple un bon premier pas qui lui permet d’attaquer un mec qui le serrerait de trop près. Ou encore sa capacité à aller au cercle lorsqu’il reçoit la balle en mouvement. Cette agilité, on la voit sur pick and roll, qu’il soit celui qui plonge, ou celui qui porte la gonfle comme déjà évoqué, se permettant même des spin moves. Sans être un athlète d’exception, Markkanen saute bien et peut apporter de la verticalité au jeu. Il sait décoller même dans les petits espaces et il est un rebondeur offensif honnête, surtout pour un mec qui joue en tant qu’intérieur fuyant et qui s’éloigne du cercle. En défense également, cette agilité et le fait qu’il ait de bons pieds sont des arguments appréciables au moment de sortir au large.

# Mentalité

Dans les qualités qu’on ne voit pas forcément mais qui vont compter au moment où les franchises vont devoir faire leur choix, Lauri Markkanen apporte des garanties non négligeables. Professionnel, mature dans son approche du jeu, il est un coéquipier apprécié qui fait les efforts pour jouer juste et collectivement. Il connait ses forces et ne va pas chercher à se prendre pour un autre, privilégiant l’efficacité plutôt que l’excès. Son adresse en est un exemple criant. Avec déjà plusieurs campagnes chez les équipes jeunes finlandaises ainsi que des débuts chez les pros à 15 piges au pays, il possède déjà une expérience intéressante. Tout en proposant un potentiel très élevé.

Défauts majeurs

# Potentiel défensif

Depuis le début de ce portrait, on a surtout évoqué les qualités offensives de Lauri Markkanen. Mais il semblerait que le basket se joue aussi en défense et que de ce point de vue-là, le Finlandais brille un peu moins. Tout d’abord parce qu’il ne dispose pas d’une grande allonge, ce qui le limite d’entrée. Sur le bas du corps, il manque également de cannes puisqu’il n’est pas solide sur ses appuis et galère pour maintenir sa position. Pas assez physique, il se fait enfoncer par les autres intérieurs. Il donne parfois l’impression de mesurer moins que ses 2m13 alors qu’on attend d’un tel gabarit d’être imposant en défense pour impressionner l’adversaire. Mais son instinct reste limité pour protéger son cercle ou poser un verrou au large, la compréhension globale du jeu de ce côté du parquet par Markkanen étant juste moyenne. La technique globale est à bosser pour ne pas être trop voûté, trop sur les talons et mieux contester les tirs, en particulier les hooks. Le timing n’est pas là pour aller au contre, la vitesse de déplacement non plus pour suivre tous les joueurs. Et comme les bras sont courts, on commence à avoir une liste un peu longue d’aspects négatifs pour briller en défense. Surtout quand on ne semble pas avoir la mentalité pour être un protecteur de cercle confirmé alors qu’on mesure une tête de plus que la plupart des autres joueurs.

# Qualités de rebondeur

Si Lauri Markkanen est un shooteur hors pair pour sa taille, il est aussi bien différent des autres mecs de son gabarit au moment de prendre des rebonds puisqu’il est médiocre dans ce secteur, l’un des moins bons intérieurs présents à la Draft. C’est une question athlétique en partie, car il n’est pas monté sur ressort, mais aussi physique car en dépit de sa grande taille, son manque de longueur lui porte préjudice. Il n’a pas non plus suffisamment d’envergure et de coffre pour repousser ses adversaires sur les box out. Du moins quand il fait l’effort d’essayer de prendre la position préférentielle, car sa dureté peut être mise en cause tant il semble être là uniquement pour faire acte de présence par moment. Au final, cette intensité irrégulière, les limitations physiques mais aussi un manque d’instinct font qu’il n’a pas les armes aujourd’hui pour proposer un double double des familles qu’on pourrait être en droit d’attendre d’un lascar aussi haut perché.

# Est-il plus qu’un shooteur ?

On en vient donc à la question qui fâche : Lauri Markkanen peut-il être plus qu’un simple shooteur chez les pros ? Vous me direz, c’est déjà pas mal de faire sa place comme gâchette en NBA, mais si le Finlandais est appelé tôt par Adam Silver en cette fin de mois de juin, on attendra plus qu’un mec qui se pose en attendant la gonfle pour dégainer. La liste des progrès à faire en attaque est longue, entre le jeu au poste à développer, la finition à apprendre à assurer ou se rappeler qu’on peut partir en drive sur le côté droit également. En effet, il n’est pas rare de le voir refuser un drive sur cette main pourtant ouvert, préférant se compliquer la tâche sur la gauche. Pour l’instant le Wildcat n’aura pas de quoi répondre présent face aux intérieurs physiques, pour conclure face à eux. S’il n’est pas apte à les avoir sur le registre des muscles, il faut compenser par un arsenal plus important, entre jump hooks ou shoots en se retournant. Ce qui n’est pas en stock aujourd’hui. On sent qu’il manque d’extension mais aussi de confiance lorsqu’il se retrouve dans une telle situation. Il doute ce qu’il doit et peut faire. Son jeu en iso est également un chantier en cours. Enfin, il est un passeur médiocre, même pour un intérieur. Il ne crée absolument rien. Mais comme il le sait, il ne perd pas trop la balle, si on veut voir le verre à moitié plein.

Conclusion

Lorsqu’on est grand, agile et qu’on sait shooter, on s’assure quasiment une place parmi les lottery picks. Du coup on ne se fait pas trop de souci pour Lauri Markkanen le soir de la Draft. Par contre, on sera plus attentif par la suite, car si le potentiel est là, il faudra du travail et plus de dureté pour s’imposer dans la Grande Ligue. Être comparé à Dirk Nowitzki, c’est bien. Ne pas finir comme Andrea Bargnani, c’est mieux.


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