Soyons fous : 5 raisons pour que le record des 100 points de Wilt Chamberlain tombe un jour

Le 25 mars 2017 à 17:47 par Benoît Carlier

Wilt Chamberlain 100
Source image : YouTube/TheNBAHistory

Notre première réaction après avoir assisté à l’exploit de Devin Booker la nuit dernière a tout de suite été de checker dans l’histoire les joueurs qui avaient fait mieux que l’arrière des Suns sur un match de saison régulière. Tout en haut de la pyramide, le légendaire Wilt Chamberlain nargue toujours ses successeurs avec ses 100 points. Pourtant, il y a de nombreuses raisons de croire que ce record tombera un jour, comme les autres. En voici cinq…

Wilt Chamberlain

Les 13 meilleures performances de l’histoire.
Source image : StatMuse

#1 – Il n’y avait pas de ligne à 3-points à l’époque

Si l’on en croit la ligne de statistique officielle de Wilt Chamberlain lors de ce jour sacré du 2 mars 1962, le géant a atteint la centaine avec une adresse de 36/63 au tir et un excellent 28/32 aux lancers-francs. Pas besoin de s’attarder longtemps sur ces chiffres pour constater l’absence de tir du parking. Normal, la NBA a adopté cette règle lors de la saison 1979-80. Avant cela, chaque panier valait autant de points qu’il soit marqué de sa propre moitié de terrain ou sous le cercle adverse. Parmi les 4124 témoins présents à Hershey en Pennsylvanie ce jour-là, personne ne rapporte que Wilt The Stilt aurait été extrêmement adroit au tir extérieur. Avec ses mensurations d’ogre et ses mains de bûcheron, le joueur des Warriors de Philadelphie aurait eu tort de ne pas se rapprocher de sa cible. Aujourd’hui les règles ont bien changé et les joueurs ont l’opportunité de marquer un point de plus par possession en faisant mouche derrière la ligne tracée à 7 mètres 24 du panier. Kobe Bryant ne s’en est d’ailleurs pas privé pour établir la deuxième meilleure marque de l’histoire (81 points contre les Raptors à 7/13 du centre-ville). À adresse équivalente, plus besoin donc de prendre autant de tirs pour marquer le même nombre de points. Parce que, qu’on se le dise, une fois que la main est chaude, un step-back primé sur deux défenseurs n’est pas plus compliqué à rentrer qu’un lay-up à l’entraînement. C’est ce qu’on appelle “être dans la zone”.

#2 – C’est l’ère des orgies statistiques

Les fans de grosses orgies offensives façon All-Star Game ont retrouvé le sourire. Depuis quelques années, le nombre de points moyens augmente régulièrement, tranchant avec les années 1990 et le début des années 2000 qui faisaient la part belle aux grosses défenses bien musclées. Le rythme du jeu s’accélère avec 96,4 possessions par équipe par match cette saison contre 91,9 il y a dix ans. Dans le même temps, jamais il n’y avait eu autant de tirs à trois points tentés chaque match. Stephen Curry et son insolence à 12 mètres du panier sont passés par là et ont totalement redistribué les cartes et redessiné les playbooks de toutes les franchises sauf quelques rares exceptions. Aujourd’hui, Houston, Cleveland, Golden State et Boston trustent les premières places du classement grâce à une adresse extérieure indécente et une préférence pour les tirs du parking. Une évolution générale qui fait l’affaire des gros cartonneurs offensifs comme Russell Westbrook et James Harden avec un offensive rating général record de 108,7 points de moyenne toutes les 100 possessions toutes équipes confondues. Les franchises les plus réputées en défenses délaissent progressivement les tâches ingrates pour se concentrer sur l’aspect offensif et c’est notamment ce qui a permis à Devin Booker d’en planter 70 aux Celtics alignant pourtant un backcourt défensif redoutable avec des spécialistes comme Marcus Smart Jae Crowder (Avery Bradley n’était pas là). C’est le progrès et il faut l’accepter. Même vous, les fans des Bad Boys.

#3 – Les records sont faits pour être battus

C’est la base du sport et c’est la raison pour laquelle on continue à veiller toutes les nuits pour suivre les exploits de nos héros contemporains. Ceux qui étaient justement debout pour suivre en direct la rencontre entre Phoenix et Boston la nuit dernière pourront en témoigner fièrement en disant “j’y étais”. L’imprévisibilité du sport est ce qui fait son charme et même les records qui semblent les plus inaccessibles n’ont aucune certitude de ne pas être dépassés un jour, surtout à une ère aussi propice aux grosses feuilles de stat’. Qui aurait pu prévoir que Golden State allait battre le record des Bulls de 96 et leurs 72 victoires en saison régulière ? Même si l’absence de titre ne valide pas cette performance hors du commun pour les puristes, les Warriors peuvent légitimement se présenter comme la meilleure équipe de saison régulière de tous les temps avec 73 preuves dans leur dossier. Autre exemple récent, même idée : la saison historique de Russell Westbrook est une anomalie statistique en passe d’effacer Oscar Robertson des tablettes. Le surnom de Monsieur Triple-Double va peut-être changer de propriétaire si l’autre allumé du Thunder garde ses moyennes jusqu’au bout et qu’il dépasse les 41 performances en 3D de la légende de Cincinnati et Milwaukee. Une phrase encore impossible à prononcer hier, une réalité bien tangible aujourd’hui. Alors après tout, 100 points dans un match qu’est-ce que c’est ?

#4 – Le talent ne s’est pas éteint dans les années 60’

Les générations se succèdent mais le talent subsiste. Les Thompson, Jordan, Robinson et Bryant sont passés après Chamberlain et se rapprochant parfois à moins de 30 unités de son record. Aujourd’hui, la NBA compte encore quelques dérangés de la gâchette théoriquement capables de faire tomber la barre des trois chiffres. Pour rappel, Devin Booker n’a que 20 ans et il aura des centaines d’autres occasions de venir titiller le grand Wilt. Lors de son énorme carton contre les Pacers en décembre, Klay Thompson était sur le rythme d’un match à 100 points. Si l’écart n’avait pas poussé Steve Kerr à mettre son sniper sur le banc au bout de trois quart-temps, le Splash Bro aurait pu viser très haut. Auteur de 60 points en 29 minutes, il est le plus rapide à avoir atteint cette barre grâce à un rythme de 2,07 points par minute. À titre de comparaison, Wilt Chamberlain tournait à 2,08 points toutes les 60 secondes lors de ce fameux 2 mars 1962. Si ce ne sont pas eux, les générations futures se chargeront de reprendre le flambeau pour tenter de franchir cette barre mythique des 100 points. Les frères Ball ont les qualités et le melon pour oser tenter ce record. D’ailleurs, LaMelo Ball s’est est rapproché au lycée cette saison avec une perf’ à 92 points dont 41 dans le dernier quart-temps.

#5 – Cela s’est déjà vu dans d’autres compétitions

Si Wilt Chamberlain est le seul à atteindre ce palier extrêmement symbolique en NBA, d’autres ont déjà fait mieux dans d’autres championnats. On est obligé d’avoir une pensée pour Jack Taylor qui a rendu fous ses adversaires, le public et même ses coéquipiers en prenant presque tous les tirs de son équipe pour taper 138 points dans un match de troisième division de NCAA en 2012. Il récidivera la saison suivante pour en claquer 109 dans une nouvelle parodie de basket. En Europe aussi, des joueurs ont assommé la concurrence avec des performances historiques. Il y a eu les 153 points de l’ancien entraîneur du Mans Sarthe Basket, Erman Kunter, avec le Fenerbahçe en 1988 ou plus récemment les 100 pions de Borys Klimek dans un mystérieux match de ligue polonaise en 2014. Dans la plupart des cas, ces exploits tiennent plus de la légende urbaine qu’autre chose mais les quelques exemples ci-dessus ont le mérite de prouver qu’il est possible d’atteindre un score à trois chiffres en 48 minutes, voire moins. Même si l’opposition n’est pas la même en NBA qu’en deuxième division roumaine, le niveau des défenseurs n’a plus trop d’importance quand il s’agit de mettre au moins 35 tirs dans le match et une trentaine de lancers-francs. Le jour de ses 81 points, Kobe voyait des plots à la place des défenseurs de Toronto.

Il y a quelques jours, le record de Wilt Chamberlain a fêté ses 55 ans mais la performance de Devin Booker hier a rappelé que les 100 points n’étaient pas si inaccessibles qu’on ne le pense. Les règles ont changé, le jeu a évolué et la période semble propice pour aller chercher ce genre de record. Il faudra donc guetter les Booker, les Thompson, les DeRozan et Harden ou les frères Ball. On n’est pas à l’abri d’une nouvelle grosse surprise lors d’une nuit anodine de saison régulière.


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