Le dossier LaVar Ball : un père qui met trop de pression sur ses gosses, ou un pionnier ?
Le 15 mars 2017 à 12:30 par Bastien Fontanieu
C’est un des noms dont on entend le plus parler en ce moment, pourtant il ne joue pas au basket. Ni en NBA, ni en NCAA, ni ailleurs : LaVar Ball est le père de trois phénomènes, qui pourraient bien devenir des stars au niveau supérieur. Mais à force d’attirer l’attention, le paternel ne serait-il pas en train de se tirer une balle dans le pied ?
Lonzo Ball, LiAngelo Ball, LaMelo Ball. Un nom de famille qui claque, un trio qui fait le show, et des caméras qui suivent. Voici la hype qui entoure les enfants de LaVar Ball, ancien basketteur à Washington State et aujourd’hui grande figure de l’actualité autour de la balle orange. Pourtant, aucun de ses rejetons n’évolue encore chez les pros, mais ces derniers font la une au niveau inférieur. Lonzo, actuellement à UCLA, est annoncé sur le podium de la prochaine Draft et pourrait bien être choisi en premier. LiAngelo et LaMelo, au lycée de Chino Hills, font des folies au scoring avec notamment 92 points en un match rien que pour le second. Cette tornade médiatique entourant les trois gosses a forcément provoqué quelques questions dans le monde du basket, que ce soit concernant le parental comme celui de l’avenir de ces garçons. Mais plus intrigant encore, c’est dans la séparation totale du modèle de sponsoring pré-établi que LaVar Ball choque : pas de Nike, pas de Jordan, pas d’Adidas, le chef de famille veut que ses fistons restent sous sa propre marque, Big Ballers Brand. Et en agissant ainsi, le père de famille a forcément créé des réactions vives et variées sur la planète orange. Car non seulement LaVar a montré qu’il était sérieux dans son délire, mais il a aussi ponctué le tout de sorties médiatiques marquantes. Quelques exemples récents ? Un contrat de sponsoring à 1 milliard de dollars sur 10 ans, voici ce qu’il a demandé pour ses trois fils. Le fait qu’il battrait aussi Jordan en un-contre-un. Ou bien que Lonzo, pas une seule minute jouée en NBA, sera meilleur que Stephen Curry dans sa carrière. Bla, bla, bla.
Forcément, face à ce torrent de déclarations bruyantes, LaVar Ball a créé deux camps : les pro et les anti, en quelque sorte. Il y a ceux qui n’en peuvent plus de l’entendre déblatérer autant de conneries, et ceux qui soutiennent son envie de se séparer du modèle de sponsoring établi. Il y a ceux qui parlent de travail forcé sur des mineurs voire d’abus de pouvoir parental, et ceux qui parlent d’un père poussant ses gosses à réaliser (ses) leurs rêves. Maintenant, comment prendre justement cette situation actuelle et la décortiquer pour mieux aborder la suite ? Plusieurs aspects sont à prendre en compte. D’abord, le sponsoring. Il y a de fortes chances pour que Lonzo Ball devienne une star en NBA, tant son niveau de jeu et sa sérénité semblent avancés pour son âge. Et en tant que parent, vouloir profiter pleinement de son talent en devenant totalement indépendant est un acte financièrement compréhensible. Seulement, difficile de savoir ce que donneront les deux autres fistons, et surtout comment cette marque pourra s’implanter durablement dans un marché dominé par le quatuor Nike-Adidas-Jordan-Under Armour. Est-ce risqué ? Bien évidemment, mais c’est aussi ce qui explique l’attitude de LaVar ces derniers temps. Plus on parle de lui, plus on parle de sa marque. Plus on parle de sa marque, plus il a d’exposition. Plus il a d’exposition, plus il a de chances de provoquer et de faire marcher son business. Que le père demande un contrat d’un milliard de dollars semble fou à l’heure actuelle, mais la folie peut devenir rapidement moins distante si Lonzo devient une star en NBA et que ses frères suivent, dans un marché où les dollars pleuvent de plus en plus.
Ensuite, vient l’aspect sportif. Et c’est là que ça devient bien plus compliqué. Car autant sur le business on peut capter les intentions de LaVar, autant sur le jeu les risques sont plus nombreux. Au niveau inférieur, et vue la domination de ses petits, intervenir sur le coaching et ce que ses enfants doivent faire a encore sa place, aussi troublant que ce soit. Mais en NBA ? Difficile de croire que le daron pourra dicter le temps de jeu et les opportunités données à ses gosses, surtout que ces derniers deviendront par la suite des adultes. Ce n’est pas comme si nous étions dans un modèle à la Woods ou Williams, avec un golfeur construit par son père et deux soeurs motivées par ce dernier dans le tennis. Sports individuels ? Sport collectif. Et à moins que le trio fasse jackpot, il y en aura forcément un qui sera “délaissé”, ce qui pourrait vite engendrer des emmerdes sportives. Le tout, et c’est là aussi un aspect à prendre en compte, dans une ère où les réseaux sociaux dominent notre quotidien. Attirer autant l’attention a ses avantages, comme ses inconvénients. Une merde, une seule, et le lance-flammes pourrait vite se retourner contre LaVar Ball et ses gosses. C’est donc sur le sportif et le cadre strict imposé par la NBA que le plus gros des paris sera fait, avec des risques de même taille en conséquence. Lonzo semble destiné à toucher le jackpot, non seulement car il a grandi dans un milieu qui l’a poussé à le croire, mais aussi parce qu’il a le talent pour. Mais les deux autres, avec ce potentiel déséquilibre et donc des critiques qui pourraient se retourner contre leur père ? Tendu. C’est sans parler du cadre de vie qui entourera bientôt le trio. Le lycée et son rythme habituel, ça va. Mais la NBA, ses millions de dollars, ses tentations et ses nombreux joueurs qui s’y sont perdus, c’est autre chose.
Nous n’avons pas fini d’entendre parler de LaVar Ball et ses trois enfants. Si Lonzo sera très certainement un gros client en NBA, difficile de parier sur les deux autres. Et si la marque de famille pourra faire le buzz au début, difficile de croire en sa durabilité. Cependant, un point demeure au final. Les plus grands compétiteurs ont souvent été drivés par des parents qui osaient s’aventurer hors-piste. Aurons-nous droit à ce type de destin chez les Ball, ou juste un clown qui aura fait son business pendant quelques années ? Affaire à suivre.