Jason Terry tacle les adeptes des congés payés : “Vous aviez tout l’été pour vous reposer”
Le 18 déc. 2016 à 11:15 par Benoît Carlier
L’amende infligée par la NBA à Gregg Popovich en 2012 avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque. Aujourd’hui, Jason Terry en rajoute une petite couche avec un avis bien personnel sur le sujet : les joueurs de la nouvelle génération sont trop chouchoutés et ne méritent pas tout ce repos qui leur est accordé.
Ce n’est pas nouveau, le calendrier est l’un des points de tension majeur chaque saison. Adam Silver ne s’y est d’ailleurs pas trompé en acceptant de raccourcir la pré-saison d’une semaine pour étaler un peu les matchs de la régulière à partir de l’année prochaine grâce au nouveau CBA fraîchement signé. Car même si la NBA a déjà fait des efforts pour réduire le nombre de back-to-backs et de séries de quatre rencontres en cinq jours, la densité de l’agenda de certaines franchises a poussé les entraîneurs à mettre au repos forcé certains de leurs joueurs vedettes ces dernières années. Gregg Popovich a été l’un des précurseurs de cette nouvelle “mode” en envoyant son équipe bis affronter le Heat et ses “Tres Amigos” un soir de novembre 2012. Une initiative qui lui avait valu une belle prune de 250 000 dollars à l’époque mais qui a fini par être reprise par bon nombre d’équipes par la suite. Mais cette nouvelle pratique ne fait pas l’unanimité dans les coulisses de la Ligue, à commencer par Jason Terry qui la condamne fermement comme il a pu l’expliquer dans son émission hebdomadaire “The Runway” sur les ondes de SiriusXM.
“Du repos ? Qui veut se reposer ? Qui veut s’asseoir pendant un match ? À l’entraînement peut-être oui, je peux le comprendre. Mais en match ? Non, non, non, non. Qu’est-ce que disait A.I. [Allen Iverson] ? Pas en match, pas pour ce jeu que j’adore. Non, on ne va pas se reposer. Je peux peut-être l’envisager en avril, quand c’est la dernière ou l’avant-dernière semaine, que la qualification en Playoffs est déjà validée et qu’il n’y a plus rien à jouer. Là d’accord, on peut se reposer un petit peu. Mais nous sommes encore dans le deuxième mois de la saison, il n’y a aucune raison de se reposer. Vous aviez tout l’été pour vous reposer.”
La cible de ces critiques ? Tyronn Lue, notamment, puisqu’il a décidé de mettre au repos ses trois superstars pour affronter les Grizzlies ce mercredi. Sans LeBron James, Kyrie Irving ni Kevin Love, les Cavaliers ont logiquement subi la loi de Memphis en milieu de semaine. Pour Jason Terry, c’est un comportement inimaginable de la part d’un staff qui dispose d’un tel effectif.
“C’est là toute le défi d’une saison. Pouvez-vous jouer à votre meilleur niveau quand votre corps et votre esprit ne sont plus tout à fait à bloc ? C’est ce que tous les grands ont fait. C’est pourquoi nous regardions Michael Jordan. C’est la raison pour laquelle nous regardions Larry Bird, Magic Johnson, Isaiah Thomas et tous les grands. Ces gars ne prenaient jamais de repos. Ils ne prenaient jamais de jour de congé. Pour moi, nous sommes dans une nouvelle ère. Alors peut-être que ça offre de la longévité à certains joueurs mais […] j’ai joué dans ces deux ères et je n’ai jamais pris de repos, je n’en ai jamais eu besoin.”
Bim, prends ça LeBron. Car si le vétéran des Bucks vise d’abord les preneurs de décision, on se doute que le quadruple MVP a également son mot à dire quand il en vient à parler du licenciement de son entraîneur de son utilisation sur le parquet. À bientôt 32 ans, LBJ sent le poids des années à parcourir les terrains et bien qu’il se déclare en meilleure forme que jamais, il a déjà pris deux petits congés ponctuels cette saison. L’année dernière, il avait déjà passé six soirées en costume et on se souvient encore de ses RTT en janvier 2015 pour aller se ressourcer sous le soleil de Miami Beach et revenir entièrement reposé. Du haut de ses 39 printemps, le “Jet” rajoute que les grandes stars ne s’entraînent que très rarement tout au long de la saison. Pourtant, on peut aussi comprendre le point de vue des entraîneurs qui voient leurs joueurs s’éreinter la santé en enchaînant les matchs comme Russell Westbrook enchaîne les triple-doubles. À force, cette fatigue s’accumule et provoque une baisse de niveau des joueurs si elle ne les blesse pas. Ainsi, Pop a choisi son camp depuis un moment. Mieux vaut perdre un match de régulière et faire souffler ses vétérans plutôt que de terminer avec un nouveau record de franchise mais en ramassant ses joueurs à la petite cuillère au moment où ça compte le plus, en Playoffs. Encore assistant à l’époque, Tyronn Lue a aussi tiré ses conclusions des Finales de 2015 où les Cavaliers avaient dû composer sans Kevin Love ni Kyrie Irving, tous les deux blessés pour affronter Golden State. Ce n’est sûrement pas le résultat de la saison dernière qui va le faire changer d’avis.
Dans un autre style, Steve Kerr aurait très bien pu laisser jouer Klay Thompson plus longtemps pour aller titiller les 81 points de Kobe Bryant lors de son coup de chaud face aux Pacers. Mais l’entraîneur des Warriors avait prévenu en début d’exercice, les tentations seront nombreuses tout au long du chemin mais seul l’objectif final est important. Et tant pis pour l’image laissée par la NBA auprès du grand public et des spectateurs qui ont laissé un bras à la billetterie pour s’asseoir en tribune. Tyronn, Pop et Steve ou Jason, on vous laisse vous faire votre propre opinion.
Source : NBC Sports