Star de demain – Jonathan Isaac : l’énigme qui voulait rejoindre la NBA à la sortie du lycée

Le 10 déc. 2016 à 14:01 par Benoît Carlier

jonathan isaac
Source image : YouTube

Chaque année, ils sont plusieurs centaines à s’inscrire à la Draft pour tenter d’y décrocher un spot dans l’une des 30 franchises NBA. Mais au milieu de ce vivier de jeunes talents, quelques joueurs tirent déjà leur épingle du jeu et sont promis à un grand avenir chez les pros. Parmi eux, Jonathan Isaac, l’énigme de Florida State.

Originaire de la célèbre cité mafieuse de Naples en… Floride, c’est le 3 octobre 1997 que Jonathan Isaac voit le jour. Un rapide calcul permet de se rendre compte qu’à 19 ans, il aurait légalement pu inscrire son nom à la dernière Draft. Le principal intéressé s’est d’ailleurs posé la question très sérieusement dans le courant de la saison dernière, alors qu’il terminait un cursus rallongé d’un an au lycée de l’IMG Academy non loin de la terre des exploits d’Evan Fournier. Le règlement de la NBA à ce sujet est assez obscur mais les experts confirment qu’étant dans sa 19è année, Jon aurait eu la possibilité de négocier un passe-droit pour sauter la case universitaire. Une première depuis 2005 qui l’a longtemps tenté, d’autant que la classe 2016 était réputée plus faible et que les premières estimations lui promettaient une place entre le 14è et le 24è choix du premier tour. De quoi faire rêver un jeune au moment de choisir entre une colocation sur un campus de fac et les paillettes de la plus grande ligue du monde. Tentant, surtout que s’inscrire à la Draft ne l’engageait en rien et qu’une place l’attendait bien au chaud à Florida State s’il n’était pas satisfait de ses performances au Draft Combine ou lors de ses workouts avec les différentes franchises NBA.

“C’est cool et effrayant à la fois,” expliquait-il dans une interview téléphonique accordée à Pete Thamel de Sports Illustrated. “C’est cool parce que personne n’a fait ça depuis une décennie mais ça reste flippant parce que je ne veux pas prendre la mauvaise décision.”

L’enjeu est colossal pour un jeune basketteur de 18 ans. Comme tout le monde, il a vu la cote de Skal Labissière s’effondrer au fil des mois l’année dernière. Il n’a pas non plus manqué la saison laborieuse de Ben Simmons à LSU et ses récents commentaires expliquant la frustration des joueurs universitaires dont l’image est exploitée par la NCAA mais ne rapporte rien aux athlètes, parfois obligés de vivre dans des situations précaires alors que des millions de dollars les attendent quelques mois plus tard.

“Certaines personnes ne sont peut-être pas ravies à l’idée d’aller à l’université. Pourquoi ne pas rester une année supplémentaire au lycée pour tâter le terrain ? Je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose.”

Plutôt que de risquer une blessure fortuite en College Basketball, tout ça pour manger des pâtes tout seul dans sa chambre et finir ses devoirs le dimanche soir après minuit, on peut comprendre l’attrait d’assurer l’avenir de sa famille dès la majorité avec un contrat garanti en NBA. Quitte à passer l’hiver en D-League pour continuer sa formation. Mais après mûre réflexion, Jonathan Isaac annoncera au mois de février qu’il avait encore à apprendre avant de rejoindre les professionnels et qu’il serait bien sur le campus de Florida State à la rentrée. Jackpot pour la modeste fac basée à Tallahassee et qui avait obtenu l’accord de principe de la future star au détriment de programmes bien plus réputés tels que Kentucky, Duke, Kansas, North Carolina, Louisville ou Wisconsin. À l’instar de Ben Simmons, Isaac fait partie de ces top prospects qui ont fait le choix du cœur en reniant les favoris pour rester à proximité de ses proches et rejoindre la grande “famille” des Seminoles.

Troisième membre du big three de LSU complété par Dwayne Bacon et Xavier Rathan-Mayes, il a pour mission de ramener l’université au tournoi de la March Madness cette année. Une saison qu’il a pris par le bon bout dans son rôle d’ailier polyvalent. Car du haut de ses 211 centimètres, Jonathan Isaac possède des qualités de dribble impressionnantes qui s’expliquent par sa soudaine crise de croissance lors de ses années au lycée. Près de 18 centimètres supplémentaires en l’espace de quatre ans qui motivent ses entraîneurs à le repositionner à l’aile.

“Même quand il faisait 1m85, c’était un gros shooteur qui pouvait bien manier la balle et même jouer post up,” se rappelle Jeffercy Jean, son ami et ancien coéquipier au micro d’Andrew Sodergren du Naples Daily News. “Il a grandi si rapidement qu’aujourd’hui il mesure presque 2 mètres 10 mais il continue de dribbler et de tirer comme quand il était un petit joueur extérieur. Son jeu au poste est cent fois meilleur et il est plus complet aujourd’hui. Avant c’était plus un meneur mais maintenant il peut jouer n’importe où. […] C’est un monstre et l’un des meilleurs joueurs que j’ai vu.”

Comme Giannis Antetokounmpo ou Kevin Durant, son modèle, le Floridien pourrait facilement être rangé dans la catégorie des nouveaux freaks qui envahissent la Grande Ligue depuis quelques années. Du haut de ses 211 centimètres, on ne sait plus très bien quelle est sa position de prédilection tant il semble à son aise des postes 1 à 4. Sa mobilité lui permet de garder n’importe quel adversaire du moment qu’il pèse moins que Jared Sullinger et ses longs bras (2,13 mètres d’envergure) en font un défenseur redoutable. Oui, Isaac c’est le type de mec qui poste des triple-doubles grâce aux contres comme c’était le cas lors d’un match de high school contre Chipola College (18 points, 10 rebonds et 11 bâches). Merci, au revoir. Cette saison, il totalise 1,1 contre et 1,3 interception de moyenne en plus de ses 15,1 points à 58,8% au tir dont 44,4% derrière l’arc et 7,3 rebonds après ses sept premiers matchs en NCAA. Non seulement il dégoûte les attaquants mais il est lui-même une fine gâchette derrière l’arc. Ce n’est pas pour rien si le MVP 2014 tient une place particulière dans son cœur, ses entraîneurs valident volontiers la comparaison entre les deux hommes, toute proportion gardée. Car même si son talent est indéniable, Jon Isaac reste un mystère pour beaucoup. Convié au Jordan Brand All-American Game ainsi qu’à l’incontournable Nike Hoop Summit cette année, son plafond semble difficile à mesurer et il fait partie de ces joueurs à haut risque qui peuvent rapporter gros lors de la prochaine Draft.

“Il a toujours eu le sens du jeu,” déclarait son ancien entraîneur, Joe Rader, au Naples Daily News. “Il est vraiment devenu mature en grandissant mais il a gardé ses compétences dans le périmètre. Quand vous passez d’un arrière de 190 centimètres à un arrière de 2,11 mètres qui est adroit au tir, qui est long et aussi doué que lui, c’est un prospect très intéressant. Il a un beau futur devant lui.”

Déjà membre de la Junior Select Team de Team USA, Jonathan Isaac est promis à un bel avenir à condition qu’il soulève un peu de fonte pour résister aux monstres qui sévissent actuellement dans la Ligue. On surveillera aussi sa jambe droite, victime d’une fracture de fatigue au lycée ce qui n’est jamais bon signe pour la suite, mais la franchise qui le sélectionnera en juin prochain devrait tout de même en avoir pour son argent avec un bon retour sur investissement d’ici quelques années. Vu le début de saison poussif du Heat et l’attachement du joueur pour la Floride, cela pourrait être la belle histoire de cette Draft 2017. À défaut d’avoir été celle de 2016.

Quelques highlights du lycée

Résumé de sa belle performance contre Temple (19 points, 7 rebonds, 3 assists)

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