Jabari Parker et Giannis Antetokounmpo : l’avenir de la Ligue leur appartient, le présent des Bucks aussi
Le 24 nov. 2016 à 20:26 par David Carroz
Milwaukee. Ses brasseries. Ses Daims. Ses jeunes joueurs qui prennent le pouvoir et sur qui les fans fondent beaucoup d’espoirs. Avec Giannis Antetokounmpo et Jabari Parker, ils savent que le potentiel est là et certains rêvent déjà de voir le duo l’exploiter à plein régime. Mais alors qu’ils ont tout juste l’âge de profiter justement des bières de la région, l’apprentissage reste long avant de pouvoir de nouveau lorgner sur le titre dans le Wisconsin, plus de 40 piges après le dernier. Sauf qu’aujourd’hui, on accélère le rythme des cours : sans Khris Middleton out pour la saison ou presque, les jeunots doivent prendre le pouvoir et mettre les bouchées doubles pour faire progresser les Bucks.
Juin 2013. Les Bucks se paie un Grec et mettent la main sur un spécimen hors norme. On ne parle pas encore de qualité de basketteur pures, mais le phénomène de foire aux mensurations hallucinantes a déjà un surnom tout trouvé avec ses bras interminables, ses capacité athlétiques et ses phalanges surdimensionnées : le Greek Freak est un pari sur l’avenir qu’il va falloir développer. La preuve, les Daims ne brillent guère, tout comme Giannis Antetokounmpo qui apprend les ficelles du métier, progressant tout de même tout au long d’un exercice laborieux dans le Wisconsin. Mais qui offre la possibilité de choper un bon pick à la Draft suivante, sans devoir miser sur un mec sorti de nulle part puisque la franchise ne se pose pas beaucoup de question au moment d’appeler Jabari Parker issu du programme reconnu de Duke. A ce moment-là, le message est plutôt clair : on est en mode reconstruction et l’enclos se remplit de daguets qu’on espère conquérants dans le futur, drivés par Jason Kidd et encadrés par quelques vieux grognards – Zaza, Dudley, Bayless – pour leur mettre du plomb dans la cervelle. Quelques années plus tard, Giannis a progressé et Jabari a rattrapé le retard qu’il avait pris suite à sa grave blessure contractée lors de sa saison rookie.
Tant et si bien qu’aujourd’hui, ils sont appelés à être les patrons des Daims, certes pour le futur, mais également dès maintenant. En effet, suite à la blessure de Khris Middleton avant d’entamer le nouvel exercice, les cartes – et les tickets shoots – ont été redistribuées, et ce n’est pas le trade faisant débarquer Tony Snell dans le Wisconsin qui va changer la donne : le ballon est maintenant dans les mains de Giannis et Jabari doit être numéro un – ou un bis si on considère que le Grec reste la première option – dans les systèmes de Milwaukee. D’ailleurs cela se confirme sur ce début de saison puisque les deux ailiers prennent chacun 16,5 tirs, preuve qu’ils partagent les munitions et qu’ils ont pris le pouvoir. Ils doivent continuer de s’affirmer dans ce rôle de scoreur pour compenser les 18,2 points qui manquent suite à l’absence de Middleton. C’est en effet lorsqu’ils alimentent la table de marque que les Bucks sont les plus conquérants et dès qu’ils faiblissent en scorant moins de 35 pions à eux deux, cela se traduit automatiquement par un revers – trois défaites sans aucun succès quand les adversaire les musèlent et limitent cette production en dessous de ce seuil.
Il existe une raison toute trouvée à cela. Les soutiens au scoring ne sont pas légion au sein du roster, entre un Greg Monroe dont le rôle et les minutes sont en mode restreint ou variable, selon l’humeur du jour, et d’autres coéquipiers qui n’ont jamais eu vocation à faire gonfler les points. Bon ok, il y a bien Michael Beasley, mais avec moins de 15 minutes par rencontre, il ne peut pas faire l’étalage de son talent. Ce qui implique donc que personne n’atteint le “double digit” dans la case points marqués en dehors de Jabari Parker et Giannis Antetokounmpo. Cependant, voir les deux jeunes daims scorer (35 points pour reprendre les chiffres précédents) ne garantit pas pour autant la victoire, sinon Milwaukee aurait déjà 10 cases cochées dans la colonne victoire ce qui n’est pas le cas. C’est dire l’attente placée sur leurs épaules puisque dès maintenant, la franchise a besoin de les voir performer de façon plus complète, ou du moins plus complémentaire entre eux, et cela doit servir d’axe de progression aux deux lascars. Se répartir les tâches en fonction de leurs qualités. On voit déjà régulièrement le “Greek Freak” proposer des feuilles de stats bien fat – leader de l’équipe à la moyenne de points, rebonds, interceptions, contres, cafés servis et tables nettoyées – qui laissent penser que dès cette saison, le All-Star Game sera proche. Enfin, si on laisse de côté le bilan collectif qui devrait le laisser sur le carreau. Pour Jabari Parker, la donne n’est pas la même. Moins complet que son coéquipier, c’est surtout ses qualités offensives qui doivent être mises en avant, la raison qui avait poussé les Bucks à miser sur lui. Il est donc temps que ce rôle naturel d’option numéro 1 lui revienne.
Que la balle soit dans les mains de Giannis Antetokounmpo pour la création, rien de plus normal. De toute façon on ne va pas non plus demander à Dellavedova de gérer le tempo de l’équipe, même si on a vu aux Jeux qu’il savait driver sa sélection et qu’aujourd’hui il s’affirme comme le meilleur distributeur des Bucks. Et si on a vu que Jabari Parker avait fait des progrès au niveau du handle – qui se constatent lors de son attaque du panier, conclue maintenant par plus de lancers-francs (4 en moyenne contre moins de 3 sur ses deux premières saisons) que de balles perdues -, il s’ouvre plus facilement une position de shoot pour lui même que pour ses coéquipiers. Bref, n’attendons pas de lui qu’il soit une machine à triple double comme son coéquipier. Qu’il continue déjà à contribuer au rebond tout en évitant d’être un souci en défense – là encore des points qu’il a clairement bossé et où il doit poursuivre son taf – et le reste suivra naturellement. Il ne faut pas se voiler la face, ce qui est attendu du tweener, c’est qu’il envoie plus de 20 pions tous les soirs via son arsenal offensif. Qu’il le développe encore plus en devenant une menace derrière l’arc. Qu’il exploite à fond ses qualités athlétiques – certes pas au niveau de celles du Freak – que sa blessure n’a finalement pas entamées. Qu’il profite des failles créées par Giannis. Et que ce dernier en fasse de même, en sachant alterner entre balle à lâcher pour le produit de Duke et finition létale sur un double pas lancé depuis Athènes. Les deux le savent, la complémentarité se construit au fil des matchs. Reste maintenant à peaufiner le tout et à encadrer les pépites de joueurs leur permettant d’exprimer au mieux leurs points forts. Les gâchettes sont donc attendues dans le Wisconsin pour offrir un peu de spacing, car le parking est loin d’être la zone de confort de Jabari (certes ses 38,5% soulignent les progrès, mais la régularité n’est pas toujours là) et Giannis et l’absence de Khris Middleton comme assurance tout risque dans ce secteur du jeu souligne encore plus cette lacune, Mirza Teletovic, Tony Snell ou encore Matthew Dellavedova gérant l’essentiel, mais n’ayant pas le même impact que l’ancien des Pistons dans les autres domaines.
Le décor est donc planté maintenant pour Giannis Antetokounmpo et Jabari Parker. Encore jeunes, ils ne sont plus des novices et ont pris le pouls de la Grande Ligue qu’ils doivent conquérir maintenant en se rapprochant des attentes placées en eux. Un challenge élevé mais à la mesure de leur potentiel. En attendant que la NBA soit à eux, cette saison leur appartient déjà dans le Wisconsin. Le point forward de 2m13 et le tweener scoreur ont les cartes en main, à eux d’en profiter et de devenir un duo dominant et inarrêtable. Et les vrais leaders des Bucks.