Vince Carter repousse les limites de la science : Vinsanity n’est plus, mais la légende reste éternelle
Le 15 nov. 2016 à 13:04 par Alexandre Martin
La nuit dernière, les Grizzlies ont fait quelque chose qui n’est jamais simple à réaliser surtout par les temps qui courent : s’imposer à Utah. Les Oursons ont été solides. Marc Gasol et Mike Conley ont porté l’équipe tout en sobriété et en efficacité comme ils savent le faire. Zach Randolph a apporté sa contribution en sortie de banc avec un sympathique double-double. Mais ce qui a frappé en voyant Memphis jouer hier – et même depuis le début de saison – c’est la forme olympique que tient Vince Carter alors qu’il va avoir 40 ans en janvier prochain et qu’il est le joueur le plus vieux de la ligue !
Il reste un peu moins d’une minute avant la fin du temps réglementaire de ce très serré Jazz vs Grizzlies. Les hommes venus du Tennessee mènent de 4 points (94-90) et ont la possession. Vince est sur le parquet mais c’est bien évidemment Conley qui a la balle en main et qui bricole autour d’un écran de Gasol très haut en face du panier. Le meneur qui valait 153 millions est d’ailleurs à deux doigts de perdre la gonfle sous la pression de Shelvin Mack. A cet instant, la défense du Jazz monte pour mettre la pression. En bon briscard, Vince en profite pour se faire oublier de son vis-à-vis (n’est-ce pas M. Hayward) et reste tapis dans le corner. Puis, exactement quand il le faut, il coupe ligne de fond. Conley le voit et le sert immédiatement. Pépé Carter nous montre qu’il en a encore dans les mollets et nous claque un bon gros dunk à deux mains. 96-90 pour Memphis. 54 secondes restent sur l’horloge. Le Jazz a un genou à terre.
Un tout petit peu plus tard, revenus à 4 points (100-96), les locaux feront faute sur l’ami Vince qui ne tremblera pas et transformera ses deux lancers sans que le cuir n’effleure le cercle. 102-96, 8 secondes à jouer. Le match est plié. Pardon, Vince Carter vient de plier le match dans le plus grand des calmes, avec cette tranquillité de l’ancien qui n’a peur de rien, qui n’a plus rien à prouver à personne et qui venait de poser 20 points (à 6/11) accompagnés de 7 rebond set 2 offrandes sur l’une des meilleures défense de la ligue… Depuis le début de saison, les Grizzlies ont joué 10 matchs pour 5 victoires et donc 5 défaites. Rien de dingue mais rien de catastrophique non plus et nous attendrons de voir cette équipe avec tous ses joueurs en pleine forme avant d’émettre un jugement plus définitif. En revanche, en ce qui concerne le doyen des joueurs de notre chère NBA, il n’y aucun doute possible : il pète le feu et fait plaisir à voir. Il a participé aux 10 rencontres de son escouade pour un temps de jeu moyen de presque 28 minutes avec une production de plus de 10 points (à 47% au tir) et plus de 4 rebonds. Il ne rigole pas l’ancien.
Tellement pas qu’il est devenu – grâce à cette performance contre le Jazz – le plus vieux joueur de l’histoire à avoir marqué 20 points dans un match NBA en sortie de banc, battant ainsi le record qu’il avait lui-même établi 6 jours plus tôt lors de la victoire de siens contre Denver. Entre temps, il nous gratifié de 17 points samedi à Milwaukee. En fait, après deux saisons très moyennes, deux saisons “de vieux” avec Memphis, ce bon VC semble revivre. Et, alors qu’on l’imaginait plutôt dans une sorte de tour d’honneur cette année, le swingman est clairement encore bien dans le coup et la retraite n’est pas à l’ordre du jour. Sentiment que son pote Randolph partage et n’hésite pas à exprimer quand vient le sujet d’un éventuel nouveau contrat pour Carter (via ESPN) :
Vue la façon dont il joue encore, vous voulez qu’il prenne sa retraite ? Pourquoi ? Lui donner un contrat de deux ou trois ans ! Voilà ce que je ferais ! Merde, vous avez intérêt à lui donner son fric !
Forcément, notre bon vieux Vince doit faire très attention à son corps, notamment à cette cheville droite qui est désormais plus que fragile. C’est d’ailleurs pour ça que, quand il est monté au dunk hier, il a bien pris soin de rester un peu accroché à l’arceau, non pas pour faire le show mais bien pour assurer son atterrissage. Oui, Carter fait attention, il arrive très tôt à la salle les jours de match pour bien prendre le temps de “préparer sa cheville”, il a passé son été à bosser pour renforcer au maximum son articulation douloureuse… Il sait que sa longévité et l’entretien de son niveau passe maintenant par ce genre de “sacrifices” et il est prêt :
Toutes les petites choses comptent. Je suis décidé à tout bien faire.
Ce n’est pas facile. Cela peut paraître facile sur le terrain mais ça ne l’est pas… Jouer a été facile pour moi pendant longtemps. Maintenant, c’est un peu plus dur et je dois bosser plus. Cela m’a rendu meilleur. Avoir mon âge et encore jouer à ce niveau, c’est juste hallucinant.
Connaissant le bonhomme, nous savons qu’il n’est ici pas en train de se jeter des fleurs pour nourrir un égo surdimensionné. Il est juste réellement en train d’halluciner sur le niveau de jeu qu’il peut encore fournir. Nous aussi pour le coup et cela ne peut que nous faire réaliser un peu quel immense joueur est Vince Carter, quelle éthique de travail il a mis en place pour durer et nous régaler le plus longtemps possible. Vinsanity n’est plus, c’est un fait. Mais Vince Carter lui, semble éternel…
Ses Highlights d’hier…