Star de demain – Jayson Tatum : le filleul de Larry Hughes veut perpétuer la tradition familiale
Le 10 nov. 2016 à 19:46 par Benoît Carlier
Chaque année, ils sont plusieurs centaines à s’inscrire à la Draft pour tenter d’y décrocher un spot dans l’une des 30 franchises NBA. Mais au milieu de ce vivier de jeunes talents, quelques joueurs tirent déjà leur épingle du jeu et sont promis à un grand avenir chez les pros. Parmi eux, Jayson Tatum, le freshman des Blue Devils de Duke.
Dans le radar des scouts NBA depuis quelques années, Jayson Tatum joue au basket depuis qu’il a l’âge de marcher. Il tient ça de son père, Justin Tatum, ancien coéquipier de Larry Hughes au lycée Christian Brothers College High School puis en NCAA à St. Louis University. Pourtant, ses premières années dans la vie n’ont pas toujours été roses. Il se rappelle encore très bien de ce jour où sa jeune mère et lui ont trouvé un avis d’expulsion devant la porte ou ces longues heures de cours pendant lesquelles il accompagnait Brandy Cole car elle ne pouvait s’offrir une baby-sitter alors que Justin était parti tenter sa chance chez les professionnels aux Pays-Bas. Mais encouragé par sa mère, il s’engage à fond dans son sport à condition de ramener des bons résultats de l’école. Rapidement, son entourage réalise que ce jeune garçon de St. Louis a du talent et qu’il pourrait réussir là où son père avait échoué. Pour ses 8 ans, son parrain va lui faire le plus beau des cadeaux d’anniversaire qu’il soit. Il faut dire qu’il n’est autre que Larry Hughes, ami de longue date de son père, qui évolue en NBA depuis 1998 pour des statistiques moyennes de plus de 14 points, 4 rebonds et 3 passes en carrière. Ce jour là, Jayson Tatum est invité à Cleveland pour assister à un entraînement des Cavaliers de LeBron James, puis à deux matchs. Récemment, il racontait son souvenir à Benjamin Hochman du St. Louis Post-Dispatch.
“Ils jouaient contre les Lakers – nous y sommes allés car Kobe est mon joueur préféré – et le Heat. J’ai donc eu la chance de voir Kobe, Shaq avec le Heat, D-Wade. J’ai aussi pu aller près des vestiaires et quand ils sont sortis j’ai pu prendre une photo avec eux. Rencontrer Kobe fut un moment indescriptible. Depuis que j’ai commencé à jouer au basket, j’ai toujours voulu être comme Kobe. Le voir en personne et le rencontrer, c’était comme dans un rêve.” – Jayson Tatum.
Inspiré par la rencontre de son idole, il va redoubler d’effort avec comme objectif de le rejoindre un jour. Fidèle à sa région, il s’engage au lycée privé de la Chaminade College Preparatory School. Un établissement fréquenté par David Lee et Bradley Beal avant lui. Son aîné de cinq ans, ce dernier était junior lorsque Tatum est arrivé dans l’école. Il va rapidement jouer un rôle de grand frère pour l’actuel joueur des Blue Devils. Bien loin de ses déclarations prétentieuses d’aujourd’hui, le coéquipier de John Wall explique à Steve Greenberg de Bleacher Report comment il motivait son poulain à l’époque.
“Quand il était seulement au collège et que j’étais au lycée, je lui ai toujours dit ‘Assure toi de devenir meilleur que moi un jour.’ Il me répondait ‘Je veux juste être comme toi.’ Je lui ai dit ‘Non, deviens encore meilleur que moi.’ – Bradley Beal.
Aujourd’hui, on peut dire que la mission est déjà à moitié réussie alors que Tatum a effacé bon nombre des records établis par Bradley Beal à Chaminade. Parfois confronté à son père revenu entraîner un lycée voisin, là où tout avait commencé pour lui avec Larry Hughes, Jayson rentre toujours sur un terrain pour gagner. Outre ses trois sacres internationaux avec les équipes jeunes de Team USA (Coupe des Amériques U16 en 2013, Championnats du monde U17 en 2014 et Championnats du monde U19 en 2015), son titre de champion du Missouri avec Chaminade en 2016 est pour l’instant le point culminant de sa jeune carrière d’un point de vue émotionnel. Libéré de ce poids et sur un pied d’égalité avec Bradley Beal – également champion d’État en 2009 – il a pu rejoindre les bancs de l’université de Duke, accessoirement l’un des meilleurs programmes de tout le pays, cet été. Il ne sera d’ailleurs pas seul à porter le maillot mythique des Blue Devils lors des prochains mois puisqu’il retrouvera Harry Giles, l’un des prospects les mieux cotés cette année, avec qui il avait l’habitude de partager sa chambre lors des compétitions internationales avec la sélection américaine. Un potentiel concurrent en vue de la prochaine Draft, mais un ami avant tout avec lequel il a hâte de partager cette année universitaire qui devrait être la seule pour chacun d’eux.
“Nous jouons bien ensemble et en plus il se trouve que nous sommes de bons amis. A chaque fois que l’on se retrouve, c’est comme si on ne s’était pas vu depuis 20 ans. Nous sommes sur la même longueur d’onde. Du coup on s’est dit ‘Pourquoi ne pas aller tous les deux à Duke ?’ Ça semblait presque évident,” déclarait Harry Giles à Bleacher Report.
Connectés jusque dans les blessures, ils ont tous les deux été gênés par des soucis de santé lors de la pré-saison et sont encore incertains pour le season opener de demain contre Marist. Une fois rétabli, Jayson Tatum devrait vite devenir l’une des pièces maîtresses du groupe de Coack K. Du haut de ses 203 centimètres pour 93 kilos, il a un avantage de taille intéressant sur ses principaux adversaires à l’aile. Des mensurations qui ne l’empêchent pas d’avoir un sacré drible pour se créer son propre tir ou trouver un copain mieux démarqué. Sa taille et sa rapidité de tir font de lui un redoutable attaquant comme ont pu s’en rendre compte les scouts et ses adversaires lors du Nike Hoop Summit et du Jordan Brand Classic notamment. Il est très à l’aise à mi-distance mais doit encore travailler sur son tir extérieur, surtout s’il veut concurrencer les ailiers qui peuplent la Grande Ligue aujourd’hui. Mais c’est en défense que Jayson Tatum change de dimension pour devenir l’un des meilleurs joueurs de sa génération. En effet, là où beaucoup se reposeraient sur leurs acquis offensifs, le fils de Justin ne ménage pas son énergie en défense et peut vite devenir un cauchemar pour l’attaquant adverse. Avec ses longs segments et un bon jeu de jambe, il peut défendre des postes 2 à 4 sans problème. Enfin, sans être un monstre physique, ses bras télescopiques lui permettent d’aller chercher un nombre incalculable de rebonds pour aider les intérieurs. Un joueur de collectif qui devrait rapidement s’intégrer à sa nouvelle équipe alors qu’il pourra compter sur l’un des entraîneurs les plus reconnus outre-Atlantique pour le mettre dans les meilleures dispositions. Mais c’est encore son parrain qui en parle le mieux pour décrire le potentiel de Tatum.
“Son QI basket est incroyablement élevé, comme celui de LeBron. Sa taille me rappelle Kevin Durant. Son jeu offensif me rappelle celui de Carmelo Anthony. Jayson a le même jab step, il joue si bien lorsqu’il dribble et que la balle est en mouvement. Si on peut mixer tous ces joueurs ensemble, on obtient une superstar,” lâchait Larry Hughes à Bleacher Report.
Jayson Tatum n’est plus qu’à quelques mois d’offrir à son père une carrière en NBA par procuration. Faute de croiser Kobe Bryant sur les planches, il pourra toujours s’en inspirer pour se rapprocher de sa carrière. Ça ne l’empêchera pas de se mesurer à Bradley Beal pour voir s’il a tenu promesse.
Petit aperçu de ce que le garçon sait faire
Les highlights de sa performance au Jordan Brand Classic