Chauncey Billups souffle ses bougies : big up à “Mr. Big Shot”, l’un des meneurs les plus classes des années 2000 !
Le 25 sept. 2016 à 11:26 par Nicolas Meichel
En ce 25 septembre, un certain nombre de monuments NBA soufflent leurs bougies. C’est le cas notamment des deux Hall of Famers, Scottie Pippen et Bob McAdoo, ainsi que de l’inoubliable Rashad McCants, arrière NBA légendaire sélectionné au 14ème choix de la draft 2005 et qui joue aujourd’hui en République Dominicaine, après être passé par la D-League. Mais c’est également l’anniversaire d’un certain Chauncey Billups, champion NBA et MVP des Finales en 2004. C’est donc l’occasion parfaite de rendre hommage à l’ancien meneur de jeu des Pistons, souvent sous-estimé dans le microcosme NBA.
Quand on pense aux meilleurs meneurs des années 2000, ce sont souvent les mêmes blazes qui ressortent. Évidemment, impossible de ne pas parler des génies de la balle orange que sont Steve Nash ou Jason Kidd, ni de leurs successeurs Chris Paul et Deron Williams, qui se sont souvent battus à la fin de la décennie pour le spot de point guard numéro un. Et puis, il y a aussi notre Tony Parker national, qui a enchainé les titres au sein de la maison Spurs en ne cessant de progresser sous les ordres du coach Gregg Popovich. Cependant, il y en un autre qui mérite de faire partie de la discussion. Son nom ? Chauncey Billups, aka “Mr. Big Shot”. Déjà, avec un surnom pareil, difficile de ne pas être pris au sérieux. A force de planter des tirs assassins durant sa carrière, le meneur sélectionné en troisième choix de la draft 1997 a réussi à se forger une réputation très solide dans le milieu. Pendant que d’autres craquaient sous la pression, Billups était le genre de mec à faire exploser la salle de son équipe dans les dernières minutes d’un match, et climatiser celles de ses adversaires. Cependant, être clutch ne suffit pas pour être considéré comme l’un des meilleurs joueurs à son poste, sinon Robert Horry serait aujourd’hui le plus grand ailier-fort de l’histoire. En effet, il faut cocher beaucoup d’autres cases si on veut faire partie de la crème, comme par exemple le palmarès collectif et individuel, le niveau de jeu pur, la régularité, ou encore l’impact sur son équipe et ses coéquipiers. Ça tombe bien, Chauncey remplit parfaitement ces critères.
Déjà, il suffit de regarder son CV pour avoir une idée du bonhomme. Champion NBA ? Check (2004). MVP des Finales ? Check (2004). All-Star ? Cinq fois check (2006 à 2010). Présence dans l’une des All-NBA Teams de la saison ? Done (2006, 2007, 2009). Présence dans l’une des All-Defensive Teams de l’année ? Pareil (2005, 2006). Maillot retiré ? Jeter un œil au plafond du Palace d’Auburn Hills. Vous l’avez compris, on a affaire à un gars qui a presque tout accompli durant les années 2000, le tout en ayant toujours un comportement exemplaire sur les parquets (vainqueur du NBA Sportsmanship Award en 2009). Et ça, il n’y en pas des masses qui peuvent en dire autant. Mais surtout, ce qui est à souligner avec Chauncey Billups, c’est qu’il a su être régulier tout au long de la décennie. En effet, de 2002 à 2010, “Mr. Big Shot” était une véritable référence à son poste. Que ce soit à Detroit (2002-2008) ou Denver (2008-2011), il a dirigé d’une main de maître son équipe en étant le parfait relais du coach, qu’il se nomme Larry Brown ou George Karl. Si ces équipes ont connu autant de succès durant ces années-là (55 victoires en moyenne pour les Pistons de 2002 à 2008 avec six participations consécutives aux Finales de Conférence, 53 et 54 victoires pour les Nuggets en 2008-2009 et 2009-2010 avec une participation aux Finales de Conférence), c’est notamment parce qu’elles avaient à leur tête un leader capable à la fois de défendre, d’organiser le jeu et d’impliquer correctement ses coéquipiers, tout en ayant les cojones pour prendre les choses à son compte lorsque ça commençait à chauffer. Bref, un pur meneur que toute équipe aurait aimé avoir à sa tête, et sur lequel reposaient la stabilité et l’équilibre du collectif.
Le meilleur exemple pour illustrer cela reste son transfert de Detroit à Denver en échange d’Allen Iverson au mois de novembre 2008, qui a complètement changé le visage des deux équipes impliquées. D’un côté, les Pistons se sont écroulés, eux qui ont terminé avec 20 victoires de moins par rapport à la saison précédente lorsque Billups était encore à la mène. De l’autre, les Nuggets sont passés d’une équipe talentueuse mais sans structure à un candidat sérieux au titre. Après cinq éliminations consécutives au premier tour des Playoffs, le nouveau Denver version “Mr. Big Shot” atteint les Finales de Conférence pour la première fois de son histoire, avant de finalement s‘incliner face à Kobe Bryant et sa bande. Alors évidemment, ce très beau parcours s’explique également par les performances XXL de Carmelo Anthony, la très bonne contribution de notre « Gérard » Smith adoré en sortie de banc, l’apport défensif de Dahntay Jones ainsi que l’impact d’une raquette alors composée de Nene Hilario et Kenyon Martin. Avec Iverson, les Nuggets étaient peut-être plus excitants et plus explosifs offensivement, mais il était évident que cela manquait de cohérence pour espérer survivre en Playoffs. Une fois que Billups est arrivé avec son expérience, son leadership et sa défense dans les bagages, Denver s’est tout simplement trouvé une équipe de basket, avec des rôles beaucoup mieux définis et surtout un équilibre qui était jusque-là absent.
Si on n’avait pas réalisé le transfert de Chauncey Billups, je ne serais pas là actuellement. […] A l’époque, nous jouions de manière très ordinaire. Dès qu’il est arrivé, nous sommes passés très rapidement d’une équipe moyenne à une bonne équipe.
George Karl, en janvier 2012 lorsqu’il était encore le coach de Denver.
Si son passage chez les Nuggets a été assez court, il a eu le mérite de montrer à quel point Billups était précieux pour l’équipe dans laquelle il évoluait. Et surtout, cela a prouvé qu’il n’était pas simplement le produit d’un système, comme on aurait pu le penser lorsqu’il excellait à Detroit. Aujourd’hui, on entend encore certains dire que la réussite de Tony Parker à San Antonio est due avant tout à l’environnement dans lequel il évolue depuis ses débuts en NBA, c’est-à-dire aux côtés de coach Pop et du meilleur power forward de l’histoire Tim Duncan. Après tout, il est vrai qu’on n’a jamais vu “TP” dans un autre uniforme, et il est donc impossible de dire s’il aurait eu la même réussite ailleurs que chez les Spurs ou s’il aurait cartonné encore plus. Guess what ? Cette question ne se pose plus pour “Mr. Big Shot”. A Detroit, à Denver ou sur Pluton, Chauncey faisait le taf. Chez les Pistons, sous les ordres du très exigeant Larry Brown, il a été au cœur d’un collectif qui fait encore figure de référence aujourd’hui. Accompagné de Rip Hamilton dans le backcourt, du jeune Tayshaun Prince à l’aile et du duo Wallace (Ben et Rasheed) dans la peinture, Billups dirigeait parfaitement cette équipe des Pistons qui a remporté la bagouze en 2004 avant d’échouer lors d’un Game 7 irrespirable l’année suivante face aux Spurs. Cet impact qu’il avait à Detroit, il l’a ensuite dupliqué dans le Colorado, dans un tout autre contexte, hors de sa zone de confort (coucou Kevin Durant), avec une équipe au profil complètement différent. Et surtout, ce n’est pas lui qui s’est adapté, mais les autres joueurs qui se sont adaptés à lui.
Pourtant, si on regarde son début de carrière, tout cela était loin d’être évident. En effet, lors de ses premières années en NBA, à savoir de 1997 à 2002, “Mr. Big Shot” a connu cinq franchises différentes. Clairement, il y a plus stable comme trajectoire de carrière pour espérer se faire une place au plus haut niveau. Drafté par les Celtics, il n’a jamais vraiment eu sa chance avec l’impatient coach Rick Pitino aux commandes, et Boston n’a pas hésité à le transférer aux Raptors contre…Kenny Anderson au milieu de sa saison rookie. Au pays du sirop d’érable et de l’orignal, Billups s’est retrouvé dans l’une des pires équipes de la ligue à l’époque. Là aussi, il y a mieux pour se développer. Il n’est finalement resté qu’un an à Toronto, qui l’a envoyé dans sa ville natale de Denver au début de l’année 1999. Chez les Nuggets, Chauncey n’a pas fait long feu non plus, puisqu’il a été transféré dès février 2000 à Orlando, où il n’a même pas joué le moindre match à cause d’une blessure à l’épaule. Considéré alors comme un gros bide, Billups parvient enfin à lancer sa carrière chez les Loups du Minnesota, aux côtés de Kevin Garnett. Profitant de la blessure du meneur de jeu titulaire Terrell Brandon, celui qui n’était pas encore “Mr. Big Shot” à ce moment-là se fait un petit nom au sein de la ligue, notamment lors de la saison 2001-2002 où il réalise d’excellents Playoffs. Cependant, pour des raisons de masse salariale, les Timberwolves ne le conservent pas puisqu’ils décident de le laisser filer chez les Pistons en tant qu’agent libre. Le reste fait partie de l’histoire, comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique.
Malgré ce parcours qui impose le respect et toutes les qualités qui sont associées au nom de Chauncey Billups, ce dernier a toujours souffert d’un certain manque de reconnaissance. Si le respect de ses coéquipiers et adversaires était bien là lorsqu’il jouait, il n’y a jamais eu beaucoup de hype pour ce joueur. Alors évidemment, comme dirait Public Enemy, il vaut mieux ne pas croire au buzz et tout ce qui peut entourer quelque chose ou quelqu’un, mais c’est ce qui manque aujourd’hui à Billups pour regarder Nash, Kidd ou encore “CP3” dans les yeux lors des différents débats. La question qui se pose à présent, c’est pourquoi ? La première raison, c’est son style de jeu. En effet, “Mr. Big Shot”, ce n’était pas le genre de joueur à briser des chevilles en mode “Uncle Drew”, à dunker sur les pivots adverses à la Russell Westbrook, à enchainer les triple-doubles comme “J-Kidd” ou encore à sortir des passes aveugles à la manière d’un petit Canadien. Et même s’il était un bon shooteur à trois points, Billups ne sortait pas non plus des shoots improbables du parking tel un Steph’ Curry de nos jours (quoique, les Nets ne sont pas forcément d’accord avec ça). Raison numéro deux, les statistiques. Pendant que certains tournaient en double-double de moyenne et d’autres plantaient 25 pions par rencontre, Chauncey était plus discret et faisait plutôt du 18 points – 7 assists par soir lors de ses meilleures années. Autrement dit, Billups n’était pas forcément le genre de mec que vous preniez dans votre équipe fantasy, à part si vous cherchiez absolument à limiter les pertes de balle (seulement deux turnovers par match en moyenne en carrière) et à garder des bons pourcentages à trois points et aux lancers francs (38,7 % en carrière derrière l’arc et 89,4 % depuis la charity stripe). Bref, “Mr. Big Shot” n’était pas le plus flashy et le plus spectaculaire des meneurs de sa génération, mais il était propre, il rendait les autres meilleurs et faisait toutes ses petites choses importantes qui ne se voient pas forcément dans les feuilles de stats mais qui font gagner votre équipe. Et au final, c’est bien ça le plus important.
Parti à la retraite en septembre 2014, Chauncey Billups s’est depuis reconverti dans le monde des médias puisqu’il est actuellement analyste sur ESPN. Souvent cité dans des rumeurs pour rejoindre un poste dans le front office d’une franchise NBA, “Mr. Big Shot” pourrait même un jour s’asseoir sur le banc pour transmettre sa connaissance du jeu et ses qualités de leader. Mais en attendant de voir comment il va évoluer, on lui souhaite de passer une bonne soirée d’anniversaire, aux côtés de “Gérard” et du “Sheed” bien évidemment.