Il est temps pour Jonas Valanciunas de rentrer de Copacabana : il y a du bûcheron à taper

Le 16 août 2016 à 20:11 par Francois M

Les Lituaniens ont perdu leur deuxième match d’affilée cette nuit et se retrouvent donc à la 3ème place de leur groupe après un début de compétition de rêve. Le collectif vice-champion d’Europe est en place, mais un joueur n’est pas du tout à son niveau : Jonas Valanciunas. Face à une équipe d’Australie très chargée à l’intérieur, la Lituanie aura besoin que son pivot star se décide enfin à jouer comme il sait le faire… 

Jonas Valanciunas avait pris les commandes de la sélection nationale en septembre en la menant en finale tout en étant élu dans le 5 majeur de l’EuroBasket. Avec 16 points à 59% et 8,4 rebonds, le pivot de 23 ans s’était affirmé en patron, capable de prendre le jeu à son compte quand son équipe était en manque de solution offensive, et imposant une pression monstrueuse au rebond. Son éclosion au niveau international était très attendue, après qu’il ait dominé les raquettes européennes dans toutes les catégories de jeune. On savait que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne règne sur les peintures avec ses 2 mètres 11 et 120 kilos. A la suite de son éclosion, sa saison NBA a été plutôt réussie, avec de solides stats de 12,8 points et 9,1 rebonds en 26 minutes, et un rôle essentiel dans une équipe des Raptors qui s’est hissée en finales de Conférence. Cependant le pivot a dû manquer plus de 20 matchs en saison régulière à cause de blessures à la main, ainsi que quelques matchs de Playoffs en raison d’une entorse à la cheville. En son absence, son back-up, Bismack Biyombo, s’est rendu essentiel par sa dureté, sa défense, et sa dissuasion près du cercle. En fait, le Congolais a souligné tous les défauts du Lituanien. La dureté et le sens du combat, Jonas les a, mais sans le contrôle, et il se retrouve régulièrement cloué au banc comme un jeune rookie à cause de ses fautes. Pire, ces fautes sont souvent évitables : poussettes au rebond, passages en force, mains qui traînent, le pivot de 23 ans est encore très tendre, du genre à se faire déstabiliser par les coups vicieux des vieux darons de départ’ du dimanche matin. Le genre de gars qui aurait pété un câble face à des vieux briscards comme Bill Laimbeer. Sa défense s’améliore, notamment en second rideau, mais il est encore un poids en pick and roll, où malgré sa mobilité, il se fait trop facilement déborder. Heureusement, Valanciunas a pour lui des qualités athlétiques au dessus de la moyenne, des mains de velours et un sens du rebond aiguisé, qui lui permettent de peser énormément sur les défenses adverses.

Cependant, depuis le début de ces Jeux Olympiques, le patron de la Lituanie n’y est pas, et ça se voit dans ses statistiques : 

– face au Brésil : 6 points à 3/6, 3 rebonds, 3 pertes de balles et 5 fautes en 19 minutes.
– face au Nigéria : 10 points à 3/5, 5 rebonds, 3 pertes de balles et 4 fautes en 24 minutes.
– face à l’Argentine : 6 points à 2/4, 10 rebonds, 2 pertes de balles, 3 fautes en 23 minutes.
– face à l’Espagne : 0 points à 0/6, 10 rebonds, 2 pertes de balles en 19 minutes.
– face à la Croatie : 13 points à 6/15, 6 rebonds, 3 pertes de balles en 32 minutes,

Le pivot ne semble pourtant pas diminué physiquement quand on voit son activité au rebond et ses déplacements. En fait, le Raptor est en plein doute, et a ainsi tendance à s’agacer rapidement. Bousculé à l’intérieur par les défenses plus serrées du basket FIBA, il est souvent mis à la faute sur des gestes d’énervement en attaque ou au rebond, et il a clairement besoin de contrôler son intensité. Les Lituaniens se sont mis à le chercher de plus en plus au fil de la compétition pour le mettre dans le bain, mais sans succès, à l’image du match face à la Croatie. Opposé à Miro Bilan et Darko Planinic, bons joueurs certes, mais bien moins talentueux, le joueur de Toronto n’a jamais réussi à s’imposer, malgré son avantage de puissance. Il a même arrosé assez salement et montré une sélection de tirs très douteuse. On peut comprendre à la rigueur que le 5ème choix de la Draft 2011 ait été mis en difficulté par Pau Gasol, Nêne ou bien Luis Scola, mais il se doit de dominer des opposants qui n’ont clairement pas ses capacités.

Si l’on parle autant de Valanciunas, c’est qu’il a la capacité de transformer son équipe en véritable machine de guerre. Il peut apporter tout ce qu’il manque actuellement aux vice-champions d’Europe. A ses côtés, Mantas Kalnietis est en train de se faire un duel à distance avec Patty Mills pour le titre de meilleur meneur de ces Jeux Olympiques. Jonas Maciulis et Mindaugas Kuzminskas ont quant à eux montré qu’ils pouvaient prendre feu et faire gagner les matchs à eux seuls, tandis que Renaldas Seibutis est toujours aussi propre. Bref, les extérieurs lituaniens ont tous les outils pour mener leur équipe au podium, mais sans une présence intérieure régulière, le jeu de la sélection nationale devient trop stéréotypé. Le futur rookie Domantas Sabonis a montré de bonnes choses, notamment lorsque Valanciunas était en foul trouble, mais il fait encore les erreurs d’un joueur de son âge, et celles-ci vont pourraient être très handicapantes lors des matchs à élimination directe. C’est bien simple : face à une paire australienne Baynes – Bogut, si le pivot ne se réveille pas, la Lituanie peut dire au revoir à ses espoirs de médaille. Les deux bûcherons forment la meilleure raquette de ces Jeux Olympiques et seront un test grandeur nature pour le pivot des Raptors. Il est temps de voir s’il peut corriger ses défauts, car entre Bogut qui n’hésitera pas à la jouer dirty et à lui rentrer dans la tête – et dans le lard -, et Baynes qui va le faire travailler au poste et en pick and roll, Valanciunas aura du boulot.

Demain, on espère voire un Jonas Valanciunas à son vrai niveau, sans quoi le match pourrait vite être expédié. Le pivot a dû se perdre du côté de Copacabana, et il est grand temps qu’il se ressaisisse : certes, le Raptor est encore jeune, mais il incarne le futur de la sélection et a déjà montré qu’il pouvait jouer les patrons. Cependant, s’il passe au travers, les Lituaniens pourront toujours se consoler en regardant le futur joueur du Thunder Domantas Sabonis se mesurer à une raquette taille NBA.

Source image : Youtube – Fiba