Profil Draft 2016 : Jakob Poeltl, le futur premier porte-drapeau autrichien en NBA

Le 15 juin 2016 à 17:10 par Benoît Carlier

Jakob Poeltl

On poursuit notre revue des rookies qui vont venir peupler la cour de récré à partir d’octobre prochain en NBA. Aujourd’hui on décortique le profil de Jakob Poeltl, ce pivot autrichien à deux doigts de réaliser son rêve de devenir le premier représentant de son pays à fouler les beaux parquets lustrés de la Grande Ligue.

Profil

> Âge : 20 ans. Né le même jour que Arron Afflaflo, Didier Deschamps et David Trezeguet. On attend son game-winner avec l’Autriche contre l’Italie en finale de l’Euro.

> Position : Pivot. Peut-être le meilleur poste 5 traditionnel de cette cuvée 2016.

> Equipe : Utah Utes. Comme Andrew Bogut. Les intérieurs étrangers ont la cote dans la région du lac salé.

> Taille : 216 centimètres. Le plus grand joueur présent au NBA Draft Combine à Chicago.

> Poids : 108 kilos. Encore un peu léger contre les plus gros shorts de la NBA.

> Envergure : 220 centimètres. Le cercle à portée de bras.

> Statistiques 2016 : 17,3 points, 9,1 rebonds, 1,9 passe, 1,5 contre à 64% au tir et 69,4% aux lancers, le tout en 31 minutes.

> Comparaison : Andrew Bogut. Parce que Utah. Parce que étranger.

> Prévision TrashTalk : Fin de Top 10.

Qualités principales

# Un gros bébé avec beaucoup de toucher

Déjà annoncé au premier tour la saison dernière, notre client du jour avait préféré prolonger sa formation universitaire une année de plus et bien lui en a pris. Plus mûr et plus confiant, il a réalisé de gros progrès dans son approche du jeu offensivement. C’est au poste bas que l’on comprend vraiment à qui l’on a à faire puisque l’Autrichien alterne bien entre les moves pour enrhumer ses adversaires à tous les coups. Turnaround par-ci, up-and-under par là, Jakob est comme un poisson dans l’eau sous le cercle comme en atteste son pourcentage de réussite plutôt flatteur de 64% sur la saison. Grand amateur de un-contre-un, il est aussi bien capable de finir main droite que main gauche et fait preuve de beaucoup de toucher pour un golgoth de sa taille.

# Rapport taille-vitesse intéressant

Dans une Ligue toujours plus rapide, on s’inquiète forcément pour les grands phares des raquettes aux jambes lourdes et maladroites. Soyez rassurés, l’ami de Jacques Prévert se défend plutôt bien en ce qui concerne les déplacements sur le court. Rapide sur ses appuis et léger pour sa taille, il dispose d’une course assez fluide qui lui permet de mener des contre-attaques en coast-to-coast ou d’être servi lorsqu’il arrive en trailer. On ne parle pas d’un danseur de ballet, mais le pivot est assez tonique pour feinter ses adversaires sous le panier ou pour finir fort vers le cercle en étant servi sur un bon vieux pick-and-roll des familles. Ce mix entre verticalité et vitesse se répercute aussi sur sa défense où il arrive vite pour contrer en second couteau. Il n’est ainsi pas rare de le voir switcher sur PNR pour suivre un adversaire plus petit, la longueur de ses bras dissuadant la plupart des extérieurs de prendre leur chance face à lui alors qu’il arrive bien à rallonger leur chemin vers le cercle sur les drives.

# Une marge de progression qui intrigue

Encore presque inconnu il y a trois ans, l’enfant des montagnes a connu un destin atypique jusqu’ici puisqu’il a déjà évolué en première division autrichienne avant de se faire repérer par les scouts NCAA. Heureux de pouvoir prolonger ses études, Jakob a fait le grand pas il y a deux ans en pensant rester dans l’Utah jusqu’au terme de son cursus universitaire, quatre années et huit semestres plus tard. Lors de son année freshman, il avait déjà attiré l’œil des observateurs de la NBA mais avait décidé de prolonger l’aventure d’un an avec les Upes après un été patriotique avec la petite nation alpine. Après ce retour aux sources, c’est un nouveau joueur qui est venu à Utah avec des statistiques de leader ne laissant que peu de doute sur son avenir dans la Grande Ligue. En plus de sa confiance sur le plan offensive, il a ainsi largement progressé aux lancers-francs, passant de 44,4% à 69,2% sur la ligne. Enfin, il a laissé entrevoir de vraies qualités de passeur cette saison en délivrant des caviars à la légion de snipers qui composait le roster des Mormons cette année. Une vista qui lui permet de repérer le copain le mieux démarquer lorsque ça cafouille un peu dans la peinture et qu’il est victime d’une prise à deux. Bref, un mec qui pourrait se régaler avec les shooteurs extérieur hors pairs qui peuplent la NBA.

Défauts majeurs

# Un profil d’intérieur old school qui ne colle pas trop à la NBA moderne

On a vu des DeMarcus Cousins ou des KAT se reculer derrière la ligne à 3-points cette saison avec plus ou moins de réussite. Ce n’est pas demain la veille que Jacky va les y rejoindre. Avec 4 jumpers répertoriés sur toute la saison 2015-16, autant vous dire que notre copain du jour est aussi à l’aise au tir que Shaquille O’Neal pour tricoter. Conscient de sa faiblesse, il a commencé un gros travail sur le mid-range pour ne pas rebuter trop de scouts lors de ses workouts pour les différentes franchises NBA qui souhaitent évaluer son talent avant la grande messe du 23 juin au Barclays Center. Car si personne ne lui demandera de faire ficelle des 12 mètres, le tir à mi-distance est devenu un must sur le CV, qu’importe la section “centimètres”.

# Manque de dureté

Malgré son double mètre bien généreux, il risque de se faire bousculer face aux mastodontes qui peuplent les raquettes NBA. Pas assez tonique et musclé du haut du corps, il se laisse facilement enfoncer en défense. Il a donc tendance à fuir le contact pour jouer la charge plutôt que de mettre son corps en opposition et cela ne joue que très rarement en sa faveur, son vis-à-vis obtenant les deux points, la faute, voire les deux. En attaque, il va préférer contourner son adversaire plutôt que de sortir les muscles pour jouer au plus costaud. Que cela soit un problème physique ou culturel, le gosse va vite devoir se mettre au parfum des us et coutumes dans la Grande Ligue sous peine de prendre cher lors de ses premières sorties chez les pros.

# Protection de cercle qui laisse parfois à désirer

Avec des bras relativement courts quand même relativement à sa taille, Jakob Poeltl est bien loin de la dissuasion d’un Rudy Gobert ou d’un Hassan Whiteside. Les intérieurs n’hésitent donc pas à l’attaquer directement pour se faire plaisir avec du jeu au poste et des petits floatters au dessus de ses deux tuteurs qui lui servent de bras. Le manque d’explosivité développé au-dessus lui empêche donc de rattraper son attaquant une fois que celui-ci a pris l’avantage et sa détente au ras des pâquerettes ne devrait pas squatter beaucoup les Top 10 du quotidien. Il a les mains et la vision, il doit désormais tonifier son corps pour pouvoir répondre au défi physique imposé en NBA et défendre les monstres athlétiques qui squattent le poste 5 dans la Ligue d’aujourd’hui.

Conclusion

Malgré un profil peu recherché par les temps qui courent, Jakob Poeltl pourrait être l’une des bonnes pioches de cette Draft avec une marge de progression potentiellement intéressante, notamment au tir. Déjà très en avance pour le jeu au poste, il est également capable de survivre au rythme rapide du jeu NBA pour offrir un excellent point d’appuis dans la raquette. Le genre de joueurs de luxe que beaucoup d’entraîneurs aimeraient avoir dans leur équipe.

Source image : Twitter @utahathletics


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