Profil Draft 2016 : Patrick McCaw, le 3 and D qui a oublié de passer par la salle de muscu
Le 25 mai 2016 à 15:09 par David Carroz
Parfois avant la Draft, certains joueurs n’attirent pas les spotlights. Pas flashy, pas dans les standards actuels, pas assez impressionnants physiquement. Négligés, leur nom est appelé tard par le commissionnaire et quelques années plus tard on se dit que le mec est un vrai steal. Pour nous, ce joueur s’appellera Patrick McCaw dans la cuvée 2016. Pari risqué ? Pari tenu quand même.
Profil
> Âge : 20 ans. Né le 25 octobre 1995, le 298e jour de l’année 195 du calendrier grégorien. Il s’agit d’un mercredi qui a vu le décès de Jean Bastide. Bref, on a rien de bien intéressant à vous raconter à ce sujet.
> Position : Arrière.
> Equipe : UNLV Rebels. Comme Anthony Bennett dernièrement. Autant signer tout de suite en D-League.
> Taille : 200 centimètres. Grand. A bu beaucoup de soupe.
> Poids : 82 kilos. Et longiligne. N’a pas mangé beaucoup d’épinards.
> Envergure : 208 centimètres.
> Statistiques 2016 : 14,5 points à 45,4% dont 35,2% du parking, 5,2 rebonds, 3,9 passes, 2,4 interceptions et 2,1 balles perdues en 34,2 minutes.
> Comparaison : Anfernee Hardaway du pauvre pour son physique, Jimmy Butler pour son côté underrated au moment d’entrer en NBA, mais ne sera certainement ni l’un ni l’autre.
> Prévision TrashTalk : Fin de premier tour, début du second.
Qualités principales
# Sa taille et son allonge
Culminant à deux bons mètres, Patrick McCaw se présente comme un arrière de grande taille qui pourra tirer partie de cette supériorité. Même si certains essaient encore de nous faire croire que l’important c’est pas la taille, on ne peut cependant pas exclure que c’est un avantage. Surtout quand elle s’accompagne d’une belle allonge, comme c’est le cas pour l’ancien joueur des Rebels. De quoi contenir ses adversaires en défense et de leur proposer un beau casse-tête quand il s’agit de prendre un shoot sur sa tête. En plus de cet aspect physique, McCaw possède de qualités athlétiques sympathiques puisque sa vitesse et son explosivité lui permettent d’être une menace en transition. Son premier pas lui donne aussi la possibilité de démarrer vite pour prendre le dessus sur son adversaire dans de petits espaces. Alors certes, il n’est pas l’athlète du siècle, mais son bagage est intéressant et lui sera bien utile en NBA.
# Un avenir en 3 and D
On vient de l’évoquer, mais sa taille et son allonge font de Patrick McCaw un bon défenseur, encore plus car il dispose d’un sens de l’anticipation développé. Cela lui permet de couper les lignes de passes et donc d’intercepter de nombreux ballons. Il est capable de défendre sur le meneur ou les ailes, même si en NBA son manque de force risque de peser lourd face aux postes 3 bien plus solides que lui. Lorsqu’il s’agit de défendre sur pick and roll ou de maintenir son adversaire, il dispose d’un bon footwork, se place bien et se déplace avec aisance latéralement. Sa posture est aussi un atout puisqu’il se baisse bien. On l’a également vu éteindre des shooteurs par moments car il est tout à fait capable de contester les tirs via sa longueur qui lui permet d’être embêtant pour son joueur lorsque celui-ci souhaite shooter face au panier ou encore lorsqu’il semble battu pour revenir sur une pénétration. De l’autre côté du parquet, même s’il n’est pas – encore – un tireur d’élite, il se débrouille bien sur catch and shoot. Ses 36,7% en carrière NCAA ne sont pas forcément élogieux car il jouait dans une équipe remplie de mecs qui pensaient avant tout à scorer et qui ne lui offraient que peu de positions ouvertes. Son geste à 3 points – mais aussi au jumpshot – n’est pas parfait mais il pourrait s’améliorer car il lui manque peu de chose pour devenir une arme fiable. Il positionne bien ses pieds, s’élève bien et relâche plutôt rapidement la balle, mais il doit apprendre à être plus en équilibre encore. De toute façon, il ne sera jamais une première option en NBA, mais s’il reçoit la gonfle dans une position libre, il punira l’adversaire avec régularité. En bonus, il offre un joli toucher sur son flotteur.
# Playmaker potentiel
Mais son petit plus par rapport aux “3 and D” traditionnels vient de sa versatilité en attaque et sa capacité à faire vivre le ballon. Sans être un bon dribbleur, il peut soulager son meneur en tant que porteur de balle secondaire qui sait jouer le pick and roll, même s’il doit encore progresser dans ce secteur. Collectif et instinctif, il ne va pas casser le rythme d’une attaque ou oublier l’extra-passe, surtout qu’il possède une bonne vision du jeu, accentuée là encore par sa taille qui lui permet d’être au-dessus de ses adversaires. On l’a également vu envoyer quelques passes laser qui indiquent clairement qu’il sent le jeu et que l’altruisme ne lui fera pas défaut, ni la créativité.
Défauts majeurs
# Très frêle
Si Patrick McCaw est grand, il manque cruellement de muscle. Il a grandi tardivement et apprivoise encore cette carcasse qui fait de lui un joueur frêle qui risque de se faire bouger physiquement en NBA. Première mission s’il débarque chez les pros : prendre du muscle, ce qui lui permettra certainement en plus de gagner en explosivité, car actuellement son bas du corps est bien trop faible pour qu’il optimise cette partie de son jeu. Forcément, les adversaires n’hésitent pas à le cibler au poste ou sans surprise, il se fait enfoncer. Sur les écrans, même si sa qualité de déplacement lui évite d’être une chèvre, il peut vite morfler s’il y a contact. Contact qu’il craint également en attaque ce qui freine son apport en pénétration. Par conséquent, il ne provoque que peu de fautes.
# Un profil brut qui doit être façonné
La franchise qui misera sur Patrick McCaw devra se montrer patiente, car le gamin est un projet sur le long terme, un joueur encore très brut qui ne demande qu’à être façonné pour entrer parfaitement dans un collectif par ses qualités. Malheureusement, il souffre actuellement d’un manque de régularité, non seulement d’un match à l’autre, mais aussi au cours d’une même rencontre où il peut perdre le fil de la soirée. Des difficultés mentales qui accompagnent donc un manque de maturité physique comme nous l’avons vu déjà. Offensivement, son jeu est encore en chantier puisqu’il galère pour créer son propre tir, en particulier parce qu’il est peu adroit en sortie de dribble. Le maniement du ballon sera aussi un axe d’amélioration pour qu’il mette cet aspect technique en adéquation avec son potentiel athlétique pour ensuite mettre à l’amende les défenses. Actuellement, changer de rythme ou de direction balle en main n’est pas chose aisée pour lui et à cause de cela il hésite à partir au panier et se contente bien souvent de pull-ups qui ne valent pas grand chose. En effet, son jumpshot est peu fiable, mais on sent qu’il manque vraiment peu pour qu’il soit performant dans ce secteur et peut-être même qu’en prenant du volume et en maitrisant mieux son corps, cette faiblesse se transformera en arme car il sera plus équilibré. En résumé, Patrick McCaw doit prendre du volume, bosser les fondamentaux passer un cap dans l’intensité, la discipline et la concentration. Du boulot certes, mais rien d’insurmontable s’il s’en donne les moyens
Conclusion
Non, Patrick McCaw n’est pas l’arrière le plus doué offensivement de cette Draft. Ses forces reposent surtout sur sa défense et sa capacité à remplir un rôle bien défini sur l’aile, avec en prime un bonus à la création en attaque. Mais des joueurs comme lui sont fortement recherchés en NBA et son profil intriguera certainement plus d’une équipe qui pourrait miser sur son potentiel à long terme. Parce qu’au final, la NCAA n’est pas le meilleur endroit où mettre en avant ses qualités, et sa supériorité sur les autres postes 2 de cette cuvée en défense dépasse largement les lacunes qu’il a par rapport à eux en attaque. Et comme en plus tous autant qu’ils sont ne sont pas de futurs James Harden, notre choix est vite fait.
Source image : Stephen R. Sylvanie-USA TODAY Sports