Billy Donovan : ce rookie qui est en train de mettre Kerr à l’amende après avoir fessé Popovich
Le 25 mai 2016 à 17:48 par Alexandre Martin
Après 19 ans sur le banc de l’Université de Florida et deux titres de champion NCAA, Billy Donovan a fait le grand saut l’été dernier. Il a débarqué en NBA, au Thunder, où Sam Presti avait envie de donner un nouvel élan à une équipe qui était – et est toujours – à un tournant de son histoire après six ans et demi de Scott Brooks entre Finales ratées et autres frustrations. Nous l’avons critiqué voire raillé tout au long de la saison régulière – qu’OKC a tout de même fini avec 55 victoires – mais depuis presque un mois, nos bouches et bien d’autres se ferment. Car ce bon Billy est en train de nous épater en distribuant les leçons de coaching au meilleur moment.
Cela a commencé à se voir beaucoup au cours de la série de Demi-Finales de Conférence face aux Spurs de Gregg Popovich qui n’est pas ce qu’on pourrait appeler un perdreau de l’année. Alors que son équipe n’était pas favorite car les Spurs venaient de remporter 67 matchs en régulière et de sweeper sans ménagement ce qu’il restait des Grizzlies et alors que son Thunder venait de se faire violemment fesser au premier match dans l’antre des texans, Donovan n’a pas paniqué. Il nous a sorti la panoplie complète du bon coach, de l’excellent coach même. Car au lieu de vouloir tout changer dans ses rotations, au lieu de vouloir faire jouer son équipe autrement, au lieu de vouloir faire de Westbrook ce qu’il n’est pas ou au lieu de céder à la tendance actuelle des intérieurs fuyants, Billy D. a fait les bons ajustements. On sent qu’il a vraiment réfléchi à la situation, qu’il a pris des décisions claires et les a ensuite transmises à ses joueurs. Et non seulement, il a fait de bons choix mais en plus, il a su adopter le bon discours pour faire en sorte que tout son groupe adhère instantanément.
On sent que Donovan a fait le choix de laisser Westbrook et Durant jouer leur jeu, s’exprimer tels qu’ils sont en attaque mais qu’il leur a bien expliqué qu’une bague ne viendra qu’au prix de gros efforts défensifs. Les deux monstres ont visiblement acquiescé et comme cela a porté ses fruits tout de suite, leur motivation n’en a été que décuplée. En termes de rotations, Donovan a de la personnalité et de bonnes grosses baloches. Les baloches d’un coach qui est peut-être rookie en NBA mais qui traîne sur des bancs de basketball depuis un bail. Les baloches d’un gars qui n’a pas hésité à avoir quasiment tout le temps deux vrais intérieurs sur le parquet contre les Spurs histoire de faire mal là où San Antonio ne pouvait pas répondre : sous les cercles. La triplette Adams – Kanter – Ibaka a fait souffrir les vieux corps de Tim Duncan et David West tout en mangeant tout cru un LaMarcus Aldridge qui n’a existé que par ses shoots à mi-distance. Pendant ce temps-là, la bride totalement lâchée, Westbrook perdait certes des ballons et prenaient des tirs suspects mais il faisait vivre un cauchemar à toute l’arrière-garde texane. Et KD lui, livrait à Kawhi Leonard un combat que le double défenseur de l’année n’est pas prêt d’oublier tant il a dégusté. Donovan a réduit sa rotation. Les Foye, Payne, Morrow ou autres Collison et Singler n’ont eu qu’un nombre famélique de minutes sur la série ce qui a considérablement augmenté la productivité globale du Thunder. En face, Gregg Popovich – tout sorcier de la balle orange qu’il est – n’a jamais trouvé la solution et quand Oklahoma City a pris l’ascendant, le vieux Pop a coulé avec son équipe. Pour ça, il faut donner du crédit à l’ami Billy.
Et maintenant, il va falloir s’apprêter à lui donner du crédit pour ce qu’il est en train de faire lors de ces Finales de Conférence contre les Warriors. Là encore, le Thunder n’est pas arrivé en favori et, là encore, le Thunder est en train de dominer dans le sillage de son duo infernal mais aussi grâce aux bonnes options prises par un coach qui semble tellement sûr de lui qu’il pourrait en devenir aussi flippant qu’un Westbrook qui file au cercle lancé à pleine vitesse ! Car, par exemple contre les Warriors, finie l’utilisation trop poussée d’un duo d’intérieurs de grande taille. Et oui, les Warriors jouent trop bien en small ball et se retrouver trop souvent avec du Kanter pour suivre des gars comme Draymond Green voire Harrison Barnes dans le périmètre n’est pas une situation rêvée. On a alors vu Billy Donovan faire beaucoup plus jouer Dion Waiters, faire de lui son sixième homme attitré sur cette série tout en n’hésitant pas à positionner régulièrement Kevin Durant au poste 4 aux côtés d’Adams ou d’Ibaka pour proposer un small ball “made in OKC”. Un small ball qui n’a en fait rien à envier à celui de Golden State. Russell Westbrook, Dion Waiters, Andre Roberson, Kevin Durant, Serge Ibaka ou Steven Adams, voici l’un des formules les plus utilisées contre les Warriors en dehors du 5 majeur avec la paire Ibaka – Adams sur le parquet. Et ça marche ! Pardon, ça court ! Tellement vite que les hommes de Kerr ont bien du mal à repondre et vu que ça continue de défendre très sérieusement comme depuis quelques semaines, on se retrouve avec un Thunder qui mène 3 – 1 dans son affrontement contre le champion en titre et qui est donc à une victoire des Finales NBA. Steve Kerr – élu coach de l’année de manière méritée – ne sait pas trop quoi faire. Il tente, il varie ses rotations, essaie tous les défenseurs qu’il peut sur KD ou sur Westbrook mais ça ne fonctionne pas. Il propose des choses différentes parfois en attaque mais, à chaque fois, la défense sur-athlétique d’OKC tient le choc.
Concrètement, Donovan a très bien préparé ses gars pour relever le défi que sont les Warriors. Il est en train de dominer Kerr et ça, on ne l’avait pas vu venir. Bien évidemment, le coach blondinet a de la ressource et la série n’est pas finie même si elle est très mal engagée désormais. Cependant depuis quelques semaines, et encore plus avec la victoire de la nuit dernière, Billy “The Kid” Donovan est en train d’intégrer la confrérie des flingueurs du banc. Ces entraîneurs qui coachent finement, qui savent trouver les mots et qui peuvent tout écraser avec un gros effectif en main. Tiens d’ailleurs, c’est marrant, le roster du Thunder est un des plus beaux de la Ligue…
Source image : USA Today