Voyoucratie et parodie de management : bienvenue chez les Suns
Le 17 févr. 2016 à 12:48 par Alexandre Martin
La semaine dernière, les Suns – qui croyaient certainement avoir touché le fond – ont plongé encore un peu plus dans les abysses de la NBA où ils squattaient déjà depuis un bon mois. Enfilant les défaites dans le cadre d’un tanking effréné et facilité par les nombreuses blessures qui ont vidé le roster et rempli l’infirmerie, les Cactus ont carrément défrayé la chronique en nous gratifiant d’une échauffourée entre joueurs (Markieff Morris et Archie Goodwin). Sur le banc ! En plein match !
Une honte puissante que les fans de la franchise d’Arizona n’avaient encore jamais eu l’occasion de ressentir, voilà le sentiment qui a envahi la grande famille des Suns mercredi dernier lors de la réception des Warriors. Et le responsable de ce désastre n’est pas le seul Markieff Morris. Oh que non, ce serait trop facile. Nous ne cherchons pas à faire de la politique ici. Il ne s’agit pas de trouver un bouc émissaire pour lui faire porter le chapeau en solitaire. Il s’agit d’analyser froidement – enfin le plus froidement possible – la situation pitoyable dans laquelle les Soleils se sont mis. Car oui, les Suns – sous la houlette d’un management qu’à un moment on a cru compétent – se sont bien mis eux-mêmes en position de finir cette saison avec le pire bilan de leur histoire (depuis l’exercice initial terminé avec seulement 16 victoires) tout en donnant une image déplorable d’une franchise peu habituée à se retrouver dans la rubrique “bad boys”. Et oui…
Markieff Morris est peut-être un joueur de basket muni d’un certain talent mais il est avant tout un garçon simple d’esprit et armé d’une capacité impressionnante à se transformer en voyou à la moindre contrariété. C’est un fait. Depuis que son frère a été envoyé à Detroit cet été, il boude, il traîne des pieds, se comporte comme un gamin capricieux et pourrit l’ambiance d’un vestiaire jeune qui ne demande qu’à travailler dans la sérénité afin de pouvoir progresser. Oui, Markieff Morris est un boulet, un poison, un cancer, une mauvaise herbe, enfin il est tout ce que vous voulez mais pas un professionnel… Il faut absolument se débarrasser de lui, cela semble évident. Mais alors, comment se fait-il que les dirigeants – Rob Sarver le propriétaire et Ryan McDonough le GM – n’aient pas encore fait en sorte de dégager ce voyou de Phoenix, de l’Arizona tout entier même ? Comment est-ce possible ? Au lieu de ça, ils ont laissé le ver contaminer le fruit, pire même, ils l’ont encouragé.
Oui, parfaitement ! Encouragé. En virant Jeff Hornacek après que cet ancien de la maison ait redonné des couleurs à la franchise en gérant admirablement le groupe sur l’exercice 2013-2014 et en nommant Earl Watson à sa place, la direction des Suns a envoyé un message catastrophique, signifiant la priorité donnée à MoMo le voyou plutôt qu’à Jeff le coach dévoué. De quoi déstabiliser définitivement un groupe de joueurs déjà très mal en point. Et alors, les premières déclarations de Watson – rapportées notamment sur abc – après sa nommination en tant qu’intérimaire furent tout simplement à la limite du grotesque :
Je vais peut-être être le seul… mais je vais encourager et comprendre Markieff Morris. Je le comprends. Nous avons besoin de lui. C’est un joueur talentueux.
Il (Markieff) comprend que nous avons besoin de lui. Nous avons besoin que son attitude soit positive, peut importe ce qu’il se passe. Il peut nous aider à gagner des matchs.
Désolé Earl mais considérer Markieff Morris comme un joueur talentueux passe encore puisque l’ailier-fort a déjà montré de quoi il est capable sur un parquet mais espérer une attitude positive de la part d’un tel joueur est complètement utopique. Et de toutes façons, tout aussi hésitant soit-il, Ryan McDonough va finir par mettre sur pied un échange qui enverra le joueur loin de Phoenix et ce, possiblement d’ici la trade deadline qui approche à grands pas même si les clients ne se bousculent pas pour l’instant. Donc, vouloir miser sur lui pour gagner des matchs n’est clairement pas la bonne solution. Élémentaire non, mon cher Watson ? À sa décharge, le coach en interim a fait ces déclarations à sa prise de poste, soit avant les incidents sur le banc mercredi dernier. Des incidents qui ont bien montré au coach et au front office que rien ne serait possible avec Markieff dans les parages. La mauvaise herbe, il faut la couper et vite. On comprend que McDonough ne veuille pas brader un tel joueur au vu de son contrat finalement assez bas (encore 24 millions sur trois ans) et de ses qualités intrinsèques. Mais, à un moment donné, il faut aussi arrêter de tourner autour du pot et prendre de vraies décisions pour le bien d’un groupe.
McDonough a certainement de belles qualités de GM, notamment pour choisir des joueurs le soir de la Draft, pourtant il se retrouve aujourd’hui obligé de reconstruire sur de véritables ruines alors qu’il avait eu la chance de démarrer avec une excellente saison sur le plan sportif. Mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même car c’est bien lui et son staff qui ont détruit ce qu’ils avaient mis en place. Entre la mauvaise gestion du cas Dragic, la trade deadline catastrophique de l’an dernier et cette incapacité à trancher clairement sur le cas Morris, McDonough a mis sa franchise dans une position très inconfortable. Aujourd’hui ça tanke à Phoenix. On y espère un premier choix de Draft très haut afin de se donner un peu de baume au coeur et enfin pouvoir construire autour d’Eric Bledsoe, Devin Booker, Alex Len voire T.J. Warren et Brandon Knight ou encore Tyson Chandler. Car c’est bien ça le pire, cet effectif des Suns n’est pas du tout aussi mauvais que ses résultats l’indiquent.
Nous surveillerons donc attentivement ce qui va se passer chez les Suns dans les deux prochains jours car il est sûr que la franchise d’Arizona va bouger avant la deadline. En espérant que ces mouvements soient le signe d’un vrai renouveau sur des bases saines avec un vestiaire apaisé, d’une identité retrouvée avec la fin de cette parodie de management et d’une ligne de conduite claire, non dictée par un élément perturbateur…
Source image : montage via images de USA Today et Barry Gossage/NBAE/Getty Images