Chiants, fragiles et peu actifs : les Bulls d’aujourd’hui sont insupportables, explosons l’effectif

Le 10 févr. 2016 à 15:58 par David Carroz

Depuis 2010, les Bulls figurent dans la première moitié du classement de la Conférence Est. Entre des saisons prometteuses et d’autres plus laborieuses, ils ont instauré un certain niveau d’excellence qui n’est plus d’actualité. Il est temps de dire stop et de reconstruire en disant merci au noyau en place pour les services rendus, pour enfin repartir sur de bonnes bases.

Année après année, malgré les échecs successifs en Playoffs, la franchise de l’Illinois s’est évertuée à s’appuyer sur les mêmes joueurs, apportant juste quelques retouches ou attendant que Derrick Rose redevienne le joueur qui remportait le titre de MVP en 2011. En vain. La patience et la stabilité ont pu s’expliquer jusqu’à présent. Jusqu’à la saison dernière pour être plus précis, quand Pau Gasol est arrivé pour être le chaînon manquant qui ferait des Bulls des finalistes NBA. Et ce fût un échec. L’été dernier déjà, en dégageant Tom Thibodeau, Gar Forman et John Paxson prenaient la décision d’une nouvelle direction à suivre pour les Taureaux, mais ils ne sont pas allés au bout de leur idée et on aboutit aujourd’hui à une saison pourrie, sans relief ni identité. Une saison de perdue car elle ne donne absolument pas au groupe en place l’occasion de prouver qu’il mérite mieux que les critiques reçues régulièrement et parce qu’elle ne permet pas non plus une reconstruction en donnant à Fred Hoiberg un effectif conforme à ses principes de jeu. Au final, des matchs sans saveur, des joueurs qui répètent les mêmes phrases concernant les manques de l’équipe tout en montrant les mêmes défauts, sans âme ni envie de jouer.

chicago bulls

Source : AP Photo – Paul Sancya

Mirotic – McDermott – Snell : le ménage commence par là

Certains se rabattront une fois de plus sur les blessures, entre un D-Rose diminué en début d’exercice, un Mike Dunleavy qui retrouve juste le chemin des parquets, ou un Joakim Noah absent jusqu’à la fin de la saison. Mais cette excuse n’a que trop servi dans l’Illinois, et il est temps – il est même trop tard, ce constat aurait dû être fait l’été dernier – de voir la réalité en face. De reconnaitre que le noyau en place n’a pas l’étoffe d’un prétendant. Pas le niveau qu’on lui prête. Collectivement, mais aussi individuellement. Car plusieurs joueurs sont tellement de ce qu’on attendait d’eux. Comment ne pas pointer du doigt Nikola Mirotic, Tony Snell et Doug McDermott, trois éléments qui devaient être les fers de lance – ou du moins les principaux bénéficiaires – de l’arrivée de Fred Hoiberg ? Combien de fois a-t-on reprocher à Tom Thibodeau de ne pas assez s’appuyer sur eux et qu’ils étaient ceux qui pouvaient faire franchir un palier aux Bulls en leur offrant encore plus de profondeur ? Le nouveau coach a tout fait pour les mettre en confiance, et aucun n’a été capable de saisir réellement sa chance dans la continuité. Alors la blague a assez durée, l’Espagnol, le fantôme et le sophomore n’ont plus aucune raison d’être considérés comme des joueurs à conserver. Car c’est cela dont il est question maintenant que la trade deadline est proche. Continuer sans changement, juste en se disant qu’une demi-finale de Conférence c’est cool, ou alors qu’avec un intervention divine et une hécatombe chez les Cavs, Hawks, Raptors et même Celtics ça peut passer, n’est plus permis. Hors de question d’attendre encore six mois avant de repartir sur des bases saines. Commencer dès maintenant le ménage qui se terminera cet été, en se montrant malin sans être trop gourmand.

On attaque donc avec la triplette déjà citée. Pas facile de s’en séparer car leurs prestations ne vont pas déchainer les foules. Mais dans des rôles de scoreur en sortie de banc, Doug McDermott et Nikola Mirotic peuvent trouver preneur. L’idéal serait des contrats expirants ou des tours de Draft, une combinaison des deux si la providence veut bien s’en mêler. Pour Tony Snell, même en fournissant un pot de vaseline en bonus, il semble impossible de le voir quitter l’Illinois. Sauf si le dit pot est un premier tour de Draft, mais cette denrée pourrait être précieuse à l’avenir pour les Bulls. Au final, il n’y aura pas grand chose à tirer de tels échanges. Les salaires n’étant pas élevés, les conserver reste une éventualité. Mais pas en les considérants comme des membres précieux de l’équipe.

Doug McDermott et Tony Snell chicago bulls

Source : bleacherreport.com et dawindycity.com

Le dilemme de la raquette

Si on y regarde de plus près, Chicago ne dispose pas de beaucoup d’assets à envoyer dans le cadre d’un échange. Joakim Noah et son contrat expirant aurait pu en être un, mais le re-signer cet été à un prix sympa est une alternative également. Et même s’il quitte Windy City en tant qu’agent-libre donc sans contrepartie, il ne vaut pas plus actuellement avec sa blessure. Donc son cas sera traité cet été, et l’issue finalement importe peu d’un point de vue sportif, peut-être plus pour le côté symbolique. Dans les rumeurs avec lui ces derniers temps, les noms de Taj Gibson et Pau Gasol étaient régulièrement associés. L’ailier fort est peut-être celui qui possède le plus de valeur sur le marché, car son contrat reste convenable (8,5 millions cette année, 9 millions la suivante) et son comportement est exemplaire. Oui, le voir partir serait une perte importante pour les Bulls et le signe fort qu’une page se tourne, mais c’est ce qui est recherché. En outre, peut-il prétendre à être plus qu’un role player ? Probablement pas. Mais pour le laisser partir, Chicago veut une denrée rare : un ailier athlétique capable de mettre des shoots. L’inclure dans un package avec l’une des trois plaies évoquées plus haut pourrait être la solution, reste à trouver la franchise pour signer un tel deal.

Le cas Pau Gasol est plus épineux sur le papier, mais l’historique de Gar Forman peut nous éclairer dans la stratégie qu’il va adopter. Souvenez-vous, janvier 2014. Luol Deng est un joueur majeur des Bulls qui va arriver en fin de contrat. L’ailier et le General Manager ne sont pas sur la même longueur d’onde concernant le salaire pour continuer l’aventure ensemble. Gar pose une offre sur la table, à prendre ou à laisser. Il souhaite conserver le Soudanais, mais au prix qu’il juge le bon. Deng refuse, Forman l’échange contre du cap space et des cacahuètes. Une situation très proche de celle du pivot espagnol aujourd’hui. Le GM est prêt à le re-signer, mais selon ses conditions salariales qui ne semblent pas forcément correspondre à ce qu’attend Pau. Il est donc envisageable qu’une issue semblable se profile si une franchise se manifeste avec un pick – même un second tour – pour “louer” les services de Gasol en cette fin de saison afin d’accrocher les Playoffs ou de s’offrir plus de chance lors d’un run en post season.

Pau Gasol Chicago Bulls

Source : Getty Images

Dunleavy – Rose : on va au bout de la saison et on avise

Quid du cas Mike Dunleavy ? Son salaire est très doux (4,8 millions cette saison, idem l’an prochain) mais quel est son niveau après sa blessure ? S’il revient au même point que l’an dernier, il peut être une marchandise attirante. Sauf qu’aujourd’hui, avec les incertitudes sur son état physique, sa valeur est au plus bas. Autant le conserver sur cette fin de saison et jauger l’intérêt qu’il suscite cet été. Le garder jusqu’au bout de son contrat ne pénaliserait pas Chicago dans sa reconstruction, le mec étant pro, expérimenté et capable d’envoyer de loin tout en étant intelligent en défense. Mais sur le long terme, son rôle va diminuer. Ben ouais, papy Mike a déjà 35 piges mine de rien.

On arrive maintenant au cas qui fâche, ou du moins qui divise. L’ancien fils prodige n’est plus vénéré comme par le passé, et beaucoup réclament le départ de Derrick Rose. Très bien, mais qui voudra de lui ? Personne tant son salaire est imposant et décolérer de ses prestations, même si celles-ci sont encourageantes depuis début 2016. Sur cette période, il tourne à 18,4 points à 44,3%, 3,8 rebonds et 4,4 passes. Si son adresse de loin reste faible (22,9%), il ne prend plus que deux tirs du parking par rencontre, pénalisant bien moins son équipe que lorsqu’il envoyait plus de 5 saucissons en moyenne l’an dernier. On est certes toujours loin du MVP de 2011, mais plus personne de censé ne pense un jour revoir ce joueur. Par contre, dans un rôle de lieutenant, on a connu pire. Son entente avec Jimmy Butler s’affine depuis quelques temps, et devant donc l’incapacité d’échanger le meneur, continuer avec lui est non seulement la seule alternative, mais une option pas si farfelue que ça. Jouer vite et attaquer le cercle, il sait faire, et c’est ce que Fred Hoiberg lui demande. Pour lui aussi, on attendra la fin du contrat – à moins d’une offre miraculeuse d’ici là – pour définitivement statuer sur son cas.

 

Derrick Rose Jimmy Butler Chicago Bulls

Source : bullsnation.net, montage TrashTalk

Butler – Portis : on ne touche pas, et on les entoure

Reste ensuite – avant d’aborder la free agency estivale – les deux seuls joueurs sur qui les Bulls sont sûrs de s’appuyer à l’avenir. Jimmy Butler bien entendu, nouveau franchise player et qui confirme cette saison son titre de MIP. S’il doit encore progresser en tant que leader, il est sur la bonne voie, et le contrat signé l’été dernier ne fait aucun doute quant aux ambitions chicagoanes avec leur arrière. Sans oublier bien sûr qu’il est celui qui colle le mieux à la philosophie d’Hoiberg, tout en étant capable de défendre. À ses côtés, Bobby Portis a su se montrer à son avantage lorsque l’occasion s’est présentée. Le rookie est encore tendre, mais par son placement défensif, sa compréhension du jeu, son intensité et sa capacité à tirer de loin, il a déjà coché un paquet de cases pour servir de base à la reconstruction des Bulls. Les départs des uns et des autres dans la raquette sont justement l’occasion de favorise son développement et accélérer sa progression.

Problème, deux joueurs – quatre si on compte Mike Dunleavy et Derrick Rose – sont loin d’être suffisants non seulement pour s’afficher en tant que contender, mais aussi bien trop juste pour exister en NBA. Il faudra donc – en plus des contreparties de potentiels échanges – s’appuyer sur la Draft et la free agency pour étoffer tout cela. Première bonne nouvelle, les Bulls disposeront de leur propre choix au premier tour, mais aussi de celui des Kings – sauf s’ils héritent d’un pick dans le Top 10. On mettra juste un bémol. Si Gar Forman et John Paxson on su avoir le nez creux sur certaines sélection (Taj Gibson, Jimmy Butler, Bobby Portis), ils ont aussi à leur actifs de beaux fails. Citons par exemple le choix de Tony Snell alors que Gorgui Dieng était disponible et attendu dans l’Illinois, celui de Marquis Teague alors que Tom Thibodeau voulait Draymond Green ou encore l’échange de Doug McDermott contre Jusuf Nurkic et Gary Harris. Soit quatres jeunes joueurs qui feraient tellement de bien aujourd’hui à Chi-town. Il ne faudra donc pas se planter cette fois-ci. Ensuite, la gestion des agents-libres va animer l’été sur les bords du Lac Michigan. On l’a vu, Jooks et Pau seront sur le marché. Kirk Hinrich, Aaron Brooks et E’Twaun Moore également. Les deux premiers – à moins d’une belle ristourne – ne devraient pas revenir. Pour les trois joueurs du backcourt, conserver le vieillissant Kirk Hinrich ne sera pas une priorité. Idem pour Aaron Brooks. Moore peut par contre apporter une étincelle en sortie de banc. S’il ne demande pas un trop gros salaire – une légère augmentation par rapport au million qu’il touche cette saison – son avenir peut se conjuguer avec celui des Bulls. Enfin, les cas Cameron Bairstow et Cristiano Felicio sont accessoires leur salaire étant le reflet de leur temps de jeu.

kirk hinrich chicago bulls

Source : thekevinburkeproject.com

La free agency des Bulls, entre espoirs et futures déceptions

Reste alors le dernier gros chantier, celui qui chaque saison fait naitre les rêves les plus fous mais qui souvent aboutissent à de belles désillusions chez les fans des Bulls. Car la deuxième étape de la free agency consiste à attirer des joueurs pour évoluer au United Center qui malheureusement n’est pas une destination très prisée historiquement. Vous voulez des noms ? Si on retire Pau Gasol dont le fit avec le reste de l’équipe est un échec, on ne peut citer que le vieillissant Ben Wallace en 2006 et le quatrième choix – derrière la triplette qui a fait le bonheur du Heat – Carlos Boozer en 2010, on cherche toujours quel joueur de calibre All-Star a fait le choix de Windy City au moment d’exporter ses talents en tant qu’agent-libre. Pourtant, les cibles ont été bien plus nombreuses : Melo, Wade, Bosh, James, Grant Hill, Duncan… lorsque les grands noms étaient sur le marché, les Bulls ont régulièrement tenté leur chance. En vain. Actuellement, si on n’acte aucun départ en dehors des free agents de l’effectif – Noah, Hinrich, Gasol, Brooks et Moore – les Bulls vont claquer 64,7 millions de dollars la saison prochaine, auxquels il faudra donc ajouter deux contrats rookies (si le pick des Kings leur revient bien) pour un montant total qui devrait avoisiner les 3,5 millions (sûrement un peu moins), soit une masse salariale de 68 millions grosso modo. Ce qui en laisse 21 pour recruter, les projections pour le salary cap se situant aux alentours de 89 millions. Mais pour quelles cibles ?

Tout d’abord des mecs qui collent au style de jeu prôné par Fred Hoiberg. Du joueur athlétique, qui cavale et qui shoote. Et de préférence pas en fin de parcours pour permettre de construire au moins sur du moyen terme. Bon, on oublie immédiatement l’idée de récupérer Kevin Durant bien entendu, idem concernant LeBron James qui peut se retrouver libre s’il opt-out sa dernière année de contrat pour gagner plus – d’argent, pour ce qui est des titres on en reparlera. Le premier touchera le pactole dans l’Oklahoma, à D.C. ou un peu moins en allant s’encanailler avec les Dubs pour un titre, le second continuera dans l’Ohio. Passons donc aux vraies opportunités. La plus belle de toute est du côté de la baie d’Oakland et pourrait bien être accessible, surtout si KD vient prendre se place. S’il est seulement agent-libre avec restriction, Harrison Barnes ne restera pas forcément aux Warriors, et il se cassera si Durant vient. L’ailier est talentueux, mais il vit dans l’ombre des “Splash Brothers” et de Draymond Green. Gagner des titres serat-il suffisant pour qu’il reste alors que jusqu’à présent, les négociations pour une prolongation n’ont pas été fructueuses ? Son profil colle en tout cas parfaitement aux recherches des Bulls. Il doit être l’option numéro un visée par la franchise de l’Illinois qui devra être persuasive car malheureusement, les plans de secours ne sont pas légion en cas d’échec. On en voit un autre, plus expérimenté et très connu dans l’Hexagone. Nicolas Batum pourrait former un bien beau duo sur les postes 2 et 3 avec Jimmy Butler. Lui aussi remplit les critères pour jouer sous les ordres de Fred Hoiberg, et quand on voit ce qui compose les solutions sur l’aile à Chicago, il serait une bien belle plus-value. Derrière ces deux pistes, les solutions de repli sont assez limitées et n’ont pas le même pedigree. Jeff Green, Courtney Lee, Evan Turner, O.J. Mayo, Evan Fournier, Dion Waiters… des éléments qui peuvent compléter le roster certes, mais les fondations d’une franchise ? Restons sérieux un moment…

Harrison Barnes

Source : FanSided

Pour la base intérieur, Fred Hoiberg aura tout de même besoin d’un pivot autour duquel tourneront les arrières et ailiers. On l’a déjà dit, ce joueur ne doit pas être Pau Gasol. Joakim Noah ? Difficile de l’imaginer retrouver un poste de titulaire, mais pourquoi pas. Il serait une solution potentiellement moins onéreuse que le gros poisson de l’été, Hassan Whiteside. Sauf qu’il faudra faire un choix entre aller chercher le mastodonte du Heat et ajouter un extérieur de grande qualité, à moins de mettre en place un sign-and-trade. Mais on en revient alors au problème déjà abordé : quelles contreparties les Bulls peuvent-ils mettre sur la table ? Restent ensuite Ryan Anderson – à n’aller chercher que si Mirotic fait ses valises, et encore il pourrait gêner le développement de Bobby Portis -, Terrence Jones ou Al Horford – même si on imagine plus l’intérieur poursuivre à Atlanta – pour ajouter un peu de talent dans la raquette.

Le tableau n’est pas idyllique et la franchise de l’Illinois ne redeviendra pas une place forte de la Conférence Est pouvant viser le titre en quelques mois. Voilà pourquoi il ne faut plus tarder à activer le plan de reconstruction, quitte à faire un grand pas en arrière. Ça sera toujours mieux que le moonwalk effectué au ralenti depuis plusieurs saisons et au moins les choses seront claires. Ce noyau a échoué, il est temps de tourner la page. Jimmy Butler et Bobby Portis doivent maintenant porter le projet de Fred Hoiberg comme Jooks et D-Rose ont pu le faire pour celui de Thibs. Les autres devront soit se greffer s’ils en ont les capacité, soit partir. Le plus vite serait le mieux pour les Bulls.

Source image : Claude Brunet – ici Radio Canada


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