Entre confiance en lui et amour de Chi-town, Derrick Rose n’a toujours pas changé son discours

Le 13 janv. 2016 à 13:47 par David Carroz

A mesure que les saisons passent, rythmées par les blessures, la cote de popularité de Derrick Rose dans l’Illinois chute. Pour autant, le meneur croit toujours en lui et ne désespère pas de gagner un jour le titre avec les Bulls, chez lui, à Chicago. C’est en tout cas ce qui ressort d’une interview donnée à ESPN durant laquelle le MVP 2011 est revenu sur ses objectifs, son avenir, les critiques qu’il essuie et l’émergence de Jimmy Butler, nouveau visage de la franchise.

Parmi les reproches qui sont d’ailleurs fréquemment adressés à Derrick Rose, sa relation avec “Buckets” est souvent pointée du doigt. Si aucun clash n’est apparu au grand jour, les rumeurs n’ont jamais vraiment cessées et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles ne parlent pas d’un amour fou. Pourtant, jamais le natif d’Englewood n’a manqué de respect pour son coéquipier, n’hésitant pas d’ailleurs à le féliciter pour son nouveau rôle. De là à lui donner des conseils ?

Je ne dirais pas [ndlr : que je lui ai donné de conseil] sur le leadership. Vous savez, il s’agit de grandir et progresse. Il est jeune. […]Depuis ses débuts jusque là où il en est désormais, il a été le joueur que je cherchais. Je sais que quand la bataille battra son plein il sera là, il va tout donner, et c’est quelque chose que je cherchais désespéramment donc je suis heureux de l’avoir. – Derrick Rose.

Et lorsqu’on lui demande si Jimmy Butler est le meilleur joueur avec qui il a pu évoluer, la réponse est sans appel.

Oui, c’est certain. C’est certain. Et on ne sait pas, personne ne sait encore à quel point il va devenir bon, c’est ça qui est super à ce sujet. – Derrick Rose.

Une chose est sûre, si les deux hommes ne sont pas des grands potes en dehors du parquet, le respect est bien présent. Il ne reste plus qu’à traduire cela sur les terrains en montrant plus d’alchimie et des résultats plus probants qu’actuellement, car le backcourt si excitant sur le papier n’a toujours pas prouvé qu’il pouvait cohabiter et briller pour le bien de l’équipe jusqu’à présent. Lorsque les deux joueurs sont dans le cinq ensemble, les Bulls affichent un bilan de -0,5 points sur 100 possessions. Pas besoin d’un long discours pour comprendre que cela ne tourne donc pas rond, alors que ce duo est le deuxième plus utilisé par Fred Hoiberg derrière celui formé par Pau Gasol et Jimmy Butler. Est-ce une simple incompatibilité entre eux ? La difficulté de trouver un équilibre dans la rotation lorsque les deux sont sur le parquet ? Un manque d’automatisme ? Difficile de savoir, surtout avec un Derrick Rose dont le niveau reste une véritable inconnue. Le meneur a toujours confiance en lui et en sa capacité à évoluer encore tel un All-Star, voire un MVP. On ne partage pas son optimisme au milieu de la pire saison de sa carrière, alors qu’il tourne à 14,7 points à 39,9% dont 25% de loin, 3,2 rebonds et 4,9 passes. Si son adresse semble revenir en janvier (16,6 points à 47,1%), ses 4 pertes de balle en moyenne sur cette période n’arrangent pas son cas. Des flashs d’un glorieux passés au milieu d’un océan de médiocrité. Pourtant, il ne doute pas, confiant des progrès accomplis tout en visant à s’améliorer.

En tant que personne, je dirais que je suis plus patient, bien plus patient que lorsque je suis arrivé dans la Ligue, avant les blessures. Mais je pense que c’est juste le fait de traverser des épreuves, mûrir un peu plus, vieillir, commencer à voir ce que c’est, et être bien mec. J’ai une superbe vie. Je ne peux pas me plaindre. On gagne des matchs. Je suis en bonne santé, ma famille va bien et je n’ai pas de quoi me plaindre. En tant que joueur, mon QI basket est plus élevé. Je pense que je dirige un peu mieux un match. je laisse la rencontre venir à moi, en me mettant dans de bonnes conditions au lieu de tout faire parce que je n’ai plus besoin de le faire avec cette équipe. – Derrick Rose.

Pour les matchs gagnés, les trois défaites consécutives pour la franchise de l’Illinois vont peut-être calmer son enthousiasme, tout comme l’alerte au genou qui l’a contraint à mettre fin prématurément à sa prestation cette nuit face aux Bucks. Une santé précaire qui ne l’effraie pas, Derrick Rose prenant son mal en patience.

Je vais bien, mais je sais que cela va encore prendre du temps. Je sais que c’est un processus et tout ce que je dois faire c’est faire le plus de chacun de mes jours afin d’essayer d’être le le meilleur athlète que je puisse devenir. – Derrick Rose.

Pour cela, il connait déjà quelques pistes, si bien entendu son corps le laisse tranquille, ce qui reste une hypothèse assez forte à formuler quand on voit ses difficultés à enchainer les matchs depuis presque cinq ans maintenant.

Qui sait ? C’est comme un mystère. Je ne peux pas tout faire. Ce que je peux faire c’est améliorer mon jeu, mon dribble. Toutes les choses basiques auxquelles vous ne penseriez même pas, les fondamentaux. Parce que j’ai le sentiment d’avoir tout le reste en termes de créativité et de qualités athlétiques, des choses que vous ne pouvez pas enseigner. Mais ce sont les petits détails qui vont me tirer vers le haut, comme le dribble, la passe, faire des écrans de retard. Des petites choses que vous pourriez laisser de côté mais qui peuvent faire de moi un joueur complet. – Derrick Rose.

Des détails qui pourront définir si la suite de sa carrière se passera dans l’Illinois. On le sait, Chicago cherche toujours la bonne formule, et si Derrick Rose n’est pas cité dans les rumeurs de transfert contrairement à Taj Gibson et Joakim Noah, c’est tout simplement car son salaire est à des années lumières de son niveau de jeu, ce qui le rend tout simplement hors course pour un trade. De quoi assurer sa présence chez les Taureaux jusqu’à la fin de son contrat en 2017. Ensuite ? La balle sera dans la main du front office qui tranchera certainement. Dans un an et demi, la direction prise par Fred Hoiberg devra être claire, et en dehors de Jimmy Butler et Bobby Portis qui sont liés sur le long terme aux Bulls, personne d’autre ne semble avoir son avenir garanti dans l’effectif. Déjà cet été, un premier ménage pourrait avoir lieu avec les fins de contrat de Jooks et Pau Gasol -s’il décline sa dernière année comme prévu. Le coach comptera-t-il sur Derrick Rose ? La franchise ne sera-t-elle pas tentée de miser sur un meneur plus fiable physiquement ? L’alchimie déjà évoquée avec Butler aura certainement un rôle à jouer dans le choix final de Gar Forman et John Paxson, mais pour D-Rose il n’y a aucun doute : il veut prendre sa retraite à Chicago, peu importe les critiques qu’il subit maintenant de la part des fans du United Center.

Je ne peux pas péter un câble à cause de ce que les gens pensent, c’est comme ça. C’est leur opinion. Ils ont le droit de dire ou de penser ce qu’ils veulent dire ou penser. Et peu importe ce qu’ils disent ou pensent, cela ne m’affecte pas. Je ne vis pas dans un monde où je squatte les réseaux sociaux, je n’y vais pas. […] C’est toujours vrai [ndlr : qu’il souhaite jouer toute sa carrière aux Bulls], je n’ai jamais voulu jouer ailleurs. J’ai mon fils et je fais tout ça à cause de mon fils, vous savez ? Je veux être avec lui tous les jours, qu’il vienne me voir, shoote avec moi ou me regarde shooter jusqu’à ce qu’il puisse devenir ramasseur de balle. Ce sont des petites choses comme ça que je regarde sur le long terme. J’essaye de l’habituer à être dans cet environnement.  Je veux prendre ma retraite en tant que Bull, c’est certain. – Derrick Rose.

Espérons juste pour lui qu’au rythme où vont les choses une blessure ne l’oblige pas à la prendre plus tôt que prévu. Pour l’instant, la seule certitude est que son contrat pèse encore dans la masse salariale des Bulls jusqu’à la fin de la saison prochaine. Pour la suite, les paris sont ouverts.

Source : ESPN

Source image : Twitter – @SLAMonline


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