Pau Gasol vs Joakim Noah : qui sera la doublure de l’autre chez les Bulls ?
Le 15 août 2015 à 17:13 par David Carroz
L’an dernier à la même époque, les Bulls se frottaient les mains : en signant Pau Gasol alors agent libre, ils frappaient un grand coup et imaginaient une association impressionnante entre l’Espagnol et un Joakim Noah qui sortait de sa meilleure saison (Defensive Player of the Year, All NBA Team et 4ème au vote pour le MVP). De quoi faire trembler les raquettes adverses. 12 mois plus tard, alors que le duo n’a pas été aussi complémentaire que prévu et que Tom Thibodeau a été remplacé par Fred Hoiberg, cette doublette pourrait bien disparaitre. Qui des deux joueurs ira prendre place sur le banc pour servir de doublure à l’autre ?
En effet, le nouveau coach des Bulls – même s’il n’a pas encore décidé de son 5 majeur – va devoir faire des choix pour adapter son roster à son style de jeu. Prônant une stratégie plus rapide en attaque et appréciant le small ball, il ne devrait pas utiliser Jooks et Pau ensemble sur le parquet, ou alors de façon sporadique. Un ailier fort dynamique comme Taj Gibson ou un 4 fuyant comme Nikola Mirotic sont plus dans les principes de l’ancien d’Iowa State. Même un petit McDermott pourrait gratter des minutes comme intérieur dans les systèmes d’Hoiberg, même si avec une raquette surchargée, chaque seconde sur le parquet poste 4 ou 5 coûtera cher. Mais les changements tactiques qu’il va mettre en place ne sont pas la seule raison de la fin de l’expérience Noah – Gasol dans la peinture pour les Bulls. En effet, si l’Espagnol a sorti l’une des meilleures saisons de sa carrière (All NBA Second Team, leader de la Ligue au nombre de doubles-doubles), le SPF (sans patrie fixe) n’a quant à lui pas retrouvé le rendement qui était le sien en 2014, la faute à une condition physique précaire et à un nouveau rôle qui l’a moins mis en valeur. L’association si prometteuse a fait flop, non seulement parce que Chicago n’a pas atteint son objectif en se faisant sortir par les Cavs en demi-finale de Conférence Est, mais aussi parce que la complémentarité espérée n’a pas existé.
Une question déjà soulevée
Cette question de mettre un des deux pivots sur le banc a déjà été soulevée l’an dernier. Alors que Joakim Noah peinait à retrouver son niveau et qu’il avait perdu son positionnement naturel en défense au profit de Pau Gasol, des rumeurs annonçaient la volonté de Jooks de commencer sur la touche afin de disposer d’un maximum de minutes en tant que 5. Si en attaque son rôle n’était pas altéré quelque soit la combinaison choisie dans la raquette, on ne peut pas en dire de même de l’autre côté du parquet. Lorsqu’il évoluait aux côtés de Gibson ou Mirotic, le Français était le patron de la défense chicagoane, celui qui replaçait tout le monde et contrôlait les déplacements des uns et des autres. Mais avec Gasol sur le terrain, la protection du cercle était confiée à l’Espagnol, moins mobile que Noah, et l’ancien des Gators ne pouvait plus avoir l’influence qui était la sienne la saison précédente. Malgré ces bruits de couloir et ce changement de statut, Jooks ne s’est pas plaint de la situation. Pas le genre du bonhomme qui a suivi l’orientation de l’équipe qui devait permettre de gagner le plus de matches possibles et qui consistait à s’appuyer au maximum sur Pau Gasol. En sera-t-il toujours de même si cela signifie commencer les rencontres sur le banc ?
Le bilan de l’an dernier
Car à première vue, la tendance serait plus de laisser Pau dans le 5 et demander à Noah d’apporter son énergie avec la second unit. Un regard rapide sur les apports des deux joueurs l’an dernier abonde en tout cas en ce sens.
Comparaison des statistiques de Pau Gasol et Joakim Noah en 2014-2015.
Difficile de ne pas considérer Gasol comme le futur titulaire du poste 5 chez les Bulls, même s’il faut relativiser les chiffres ci-dessus. Si l’impact offensif de Pau ne souffre d’aucune contestation – et n’est pas une surprise – sa supériorité affichée dans les stats d’un point de vue défensif (rebonds et contres) est à relativiser. En effet, malgré tout le respect dû au Catalan, même diminué et avec moins de rebonds et de contres, Joakim Noah reste un meilleur défenseur. Tout d’abord parce qu’en étant celui qui chasse les 4 fuyants pendant que Pau Gasol reste en second rideau, les opportunités de briller dans ces catégories statistiques sont moindres. Ce qui est intéressant de remarquer d’ailleurs, c’est que si l’ancien Laker prend plus de rebonds que Jooks, 63,6% de ses prises ne sont pas contestées. Science du placement, chance monstrueuse, ballon qui tombe dans les mains ou bénéfice de sa position rapprochée du cercle ? Le Français lui est proche du 50-50 (48,3% contestés, 51,7% non contestés). Serait-il plus agressif, accrocheur ? Maitriserait-il mieux le box out ? Pire, on constate que lorsque Gasol est sur le parquet, les Bulls récupèrent moins de rebonds (en proportion) que lorsqu’il est sur la touche (50,8% avec lui, 52,1% sans lui). Des 10 joueurs prenant en moyenne le plus de rebonds la saison dernière, le frère de Marc est le seul qui voit son équipe faire mieux sans lui sur le parquet dans ce compartiment du jeu. Attention, cela ne signifie pas que Pau Gasol est un mauvais rebondeur. Mais juste qu’il faut relativiser son éventuel avantage sur Joakim Noah dans cet exercice. : Jooks reste le meilleur rebondeur des Bulls, en plus d’être le “capitaine” de leur défense. Suffisant pour prendre l’avantage sur son coéquipier ?
Duo ou duel, ils sont indispensables aux Bulls
Une chose est sûre, titulaires ou pas, les deux joueurs vont avoir un rôle majeur à jouer si Chicago veut briller. Avec Fred Hoiberg, les minutes seront probablement mieux réparties qu’avec Tom Thibodeau, ce qui peut équilibrer la concurrence pour le poste de pivot avec un temps de jeu proche entre Noah et Gasol. Mais la durée d’un match n’est pas non plus extensible à l’infini. Si diminuer les efforts de Pau (qui jouait plus de 34 minutes par match) sera forcément bénéfique, combien de temps acceptera-t-il de passer sur le banc ? Après une saison où il aura été bridé pour des raisons médicales (seulement 30,6 minutes contre plus de 35 les années précédentes), Jooks ne voudra-t-il pas lâcher les chevaux et jouer un maximum ? Si les deux pivots ont montré par le passé qu’ils savaient faire des sacrifices pour l’équipe, seront-ils d’accord pour passer moins d’une demi heure chacun par rencontre sur le parquet ? Il le faudrait pour les Bulls et Hoiberg. En économisant ses deux tours, Chicago pourrait bénéficier de deux joueurs de calibre All-Star en forme pour les Playoffs, deux joueurs aux profils différents et donc un atout non négligeable pour contrer la stratégie adverse dans la raquette. C’est certainement ce que le nouveau coach a dû dire à Pau Gasol et Joakim Noah, qu’il a rencontré séparément cet été. A-t-il déjà évoqué avec eux les rotations à venir ? Si cela ne presse pas tant que le camp d’entrainement n’a pas repris, il faudra tout de même définir rapidement le rôle de chacun. A 35 ans et après 14 saisons dans la peau d’un titulaire, Gasol devrait continuer dans le 5. Joueur d’équipe ultime ayant toujours mis ses ambitions collectives avant son cas personnel, Jooks pourrait retrouver un rôle d’energizer en sortie de banc, job qu’il a déjà connu par le passé avant que Tom Thibodeau bâtisse sa forteresse défensive autour du Frenchy. Avec un coach plus offensif que “Thibs”, c’est une possibilité plus qu’envisageable.
Il sera bien sûr question d’ego et de sacrifice cette saison à Chicago. Mais que ce soit Joakim Noah ou Pau Gasol qui pose ses fesses sur le banc de touche en début de match, ce changement sera une opportunité majeure pour que les Bulls progressent en 2015-16, puisque le renfort ne viendra pas de l’extérieur et qu’il faudra composer avec le même roster que l’an dernier. De ce premier choix découlera certainement l’ailier fort titulaire, Taj Gibson apporterait la touche athlétique et défensive qu’il manque à Pau tandis que Nikola Mirotic offrirait ses qualités offensives et sa capacité à étirer les défenses aux côtés d’un Jooks. Deux doublettes complémentaires qui font que les Bulls ont un des secteurs intérieurs les mieux fournis de la Ligue. A eux d’en tirer un avantage en gérant au mieux les rotations. Le premier défi de Fred Hoiberg est là.
Source image : montage @TheBigD05 pour TrashTalk
