Mais que se passe-t-il à Atlanta ? Zoom sur des faucons subitement transformés en pigeons…

Le 28 avr. 2015 à 15:06 par Bastien Fontanieu

Atlanta

S’il y a bien une équipe qui foire à merveille son premier tour de Playoffs en comparaison avec les pronostics avancés, ce sont les Hawks d’Atlanta. Un paquebot de 60 victoires en saison régulière, finalement aussi solide qu’un radeau ?

Il y aura un Game 5 décisif à la Philips Arena ce mercredi. Phrase que personne n’aurait osé prononcer il y a encore 10 jours, mais les faits sont  là : Lionel Hollins appuie sur tous les bons boutons et Mike Budenholzer semble dépassé par ce qui se passe actuellement. Cependant, l’heure n’est pas à la panique du côté des Hawks, puisqu’il reste deux rencontres à domicile et le pire est peut-être derrière eux. Peut-être ? L’heure est justement venue pour nous de zoomer sur ce qui pourrait expliquer un aussi mauvais début de campagne printanière, et les solutions envisageables : un Top 5 qui roucoule aussi fort qu’un pigeon.

Le chasseur devient chassé

Tiens tiens, n’aurions-nous pas là un schéma semblable aux… Pacers de l’an passé, confortablement installés en tête de leur conférence et censés rouler sur les Hawks au premier tour ? Après des années vécues dans le ventre mou de la Conférence Est, les joueurs d’Atlanta se sont retrouvés dans une position aussi agréable qu’inconfortable : celle du favori. Pour certains, cela double leur confiance et explose leur niveau de jeu. Mais pour d’autres, la pression est trop forte et la véritable solidité du groupe est affichée. Ainsi, un numéro 1 de conférence aura toujours le petit 8 prêt à tout donner pour réaliser l’exploit, ce que les Nets appliquent parfaitement sur ces 10 premiers jours. Quand on passe des mois à vouloir buter le roi mais qu’on hérite subitement de la couronne, il y a un paquet de prétendants qui en veulent à votre peau. Et les Hawks, aussi bons fussent-ils pendant la régulière, se rendent compte que la cible est enfin sur leur dos. Un poids assez lourd à porter, qui demande un ajustement dès le premier tour.

Timing parfait pour l’infirmerie

On en a connu des dizaines, ces équipes qui déroulent en régulière avant de se taper une ou deux sales blessures à quelques jours du début des choses sérieuses. Alors que la campagne des Hawks se passait tranquillement et que les joueurs profitaient joyeusement de leur fin de saison, un quatuor de blessures est tombé sur Atlanta et a quelque peu chamboulé la rotation locale. Premièrement, Thabo Sefolosha qui ne peut plus jouer de l’année après son incident avec la police new-yorkaise. Le genre de bonne nouvelle qui rassure quand t’es le 9 avril et tes Playoffs démarrent dans une semaine. Vétéran respecté, polyvalent et apprécié dans son vestiaire, le Suisse a flanqué un sale coup aux siens. Deuxièmement, Al Horford dont la main est flinguée, ce qui est assez pratique quand ton métier est de jouer avec une balle. On se souvient des Hawks l’an passé sans leur pivot, on les voit aujourd’hui avec mais à 60% de ses capacités, pas de surprise là-dessus : Atlanta ira aussi loin que son pivot, pour le moment c’est pas jo-jo. Troisièmement, Paul Millsap qui se blesse bien évidemment à l’épaule le… 6 avril face aux Nets, quitte à enchaîner les histoires de timing autant se donner à fond. Quand ton meilleur scoreur en saison régulière joue avec un demi-bras, pas sûr que tu ailles très loin. Et enfin, pour compléter le tableau on ajoutera Mike Scott qui s’est mangé une belle gamelle face aux Knicks en fin de saison et souffre encore du dos puisqu’il ne participe que rarement aux entraînements de son équipe. Les équipes sont-elles toujours fatiguées en Playoffs ? Oui, les Hawks ne peuvent pas utiliser cela comme excuse. Mais force est de constater qu’en un mois, le budget Doliprane a explosé dans la franchise.

Confiance envers le système

La particularité du basket proposé par Mike Budenholzer à Atlanta, c’est qu’il est super sympa quand tu gagnes mais peut vite montrer ses limites quand le score se resserre. Ainsi, face aux difficultés imposées par les Nets, on voit chaque joueur quitter petit à petit ce qui a été construit depuis octobre pour retomber dans un basket qui ne marche pas chez les Hawks : l’isolation. On le sait tous, le niveau de talent individuel n’est pas assez fort pour tenir tête aux grosses cylindrées de l’Est, du coup quand l’alarme sonne chez Bud on a droit à un petit cirque venu de nulle part. Mouvement de balle réduit, dribbles multipliés, tirs forcés et défense moyenne, chacun n’en fait qu’à sa tête et tout le monde veut sauver sa franchise. Désolé, chers Teague et Millsap, ce n’est certainement pas en jouant ce type de basket qu’un ou deux tours seront passés. La force d’un système et d’un groupe se vérifie quand l’adversité se dresse devant lui, pour le moment c’est carnaval à Atlanta et personne n’ose pousser de gueulante. Le Game 5 sera l’occasion de voir si ce quatuor d’All-Stars élu joueur du mois de janvier est aussi solide qu’annoncé, ou bien s’il s’agit d’une illusion liée à la saison régulière.

Les Miracles, en tournée cet été dans toute la France

Comme le disent souvent les anciens, tout peut arriver en Playoffs. Un Brandon Roy qui prend feu, un Derek Fisher défiant les lois du chronomètre, un rebond qui finit dans les mauvaises mains ou des rookies dont le moment de gloire arrive plus tôt que prévu : shit happens. Du coup, après deux victoires à domicile durant lesquelles les Hawks n’avaient pas vraiment été convaincants, c’est à Brooklyn qu’une paire de miracles s’est réalisée. Premièrement, sur ce Game 3 perdu le weekend dernier, Kyle Korver et ses potes sont devenus tout simplement congelés offensivement, ne scorant que 83 points face à une défense des Nets qui n’est pas non plus redoutable. La preuve ? Sur 44 tirs non-contestés pendant cette rencontre, les soldats d’Atlanta n’en ont mis que… 13. Treize  ! On est donc sur du 30% de réussite dans des situations de paniers faciles. Un match où rien ne rentre arrive à tout le monde, même aux plus grands. C’est dans d’autres compartiments du jeu qu’il faut combler, quoi qu’il en soit les Hawks ont bien eu leur cold-ass-game où même Korver a terminé à 1/8 au tir… Du coup, il fallait bien enchaîner ça avec un second clin d’oeil signé James Naismith, permettant à Deron Williams de prendre feu à domicile. Quand on voit le meneur balancer des ogives en plein dernier quart-temps et le public scander WTF, on a le droit de limiter ce type de performance à une soirée isolée. Si Williams claque une nouvelle trentaine à Atlanta, là on pourra parler de fait répété sur lequel les Hawks devront se concentrer. Mais la bande à Carroll a de quoi aborder le Game 5 avec confiance ce mercredi : pas sûr qu’un autre miracle se produise dans leur antre…

Le banc, surtout pour s’asseoir

Ce qui est pratique avec un banc, c’est que tu peux t’asseoir dessus, inviter des gens, t’allonger, le transporter. En NBA, c’est aussi extrêmement important en Playoffs car cela décide souvent certaines séries. Et alors qu’on imaginait plutôt bien Dennis Schröder mettre la misère aux Nets avec Mike Scott, le duo des Hawks a perdu toute cohésion et se fait littéralement bouffer par Jarrett Jack et compagnie. Pépite pendant la saison régulière, l’Allemand perd déjà 3 ballons par rencontre et ne semble pas vouloir calmer le jeu quand ça tremble : normal, pour un joueur de deuxième année. Mais entre lui, Scott, Bazemore obligé de jouer deux fois plus suite à l’absence de Sefolosha et les DNP vécus par Mack et Brand, on ne reconnaît pas trop le gang qui déroulait derrière le cinq majeur de novembre à février. Seule satisfaction, Pero Antic qui adore les Nets et peut par moment faire transpirer Brook Lopez. On va être très clair, si le Macédonien devient la clé de la série il va falloir vite revoir les ambitions des Hawks…

Voilà où en sont les hommes de Mike Budenholzer. Est-ce le moment de paniquer ? Non, cette série est encore longue et deux matches doivent être joués à domicile. Mais si le système n’est pas à nouveau respecté et le mouvement de balle retrouvé en validant ce premier tour, on connaît un certain Paul Pierce qui va devoir ressortir le balai.

Source image : Telegraph.co.uk


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