La vérité qui fâche : Paul Pierce balance sur Ray Allen et les Nets
Le 15 avr. 2015 à 13:39 par Benoît Carlier
À 37 piges, Paul Pierce est un vieux de la vieille dans cette ligue. Il réalise sûrement son avant-dernière saison à Washington puisqu’il deviendra agent libre en 2016. Alors avant de ne plus avoir de micro à qui parler, le Bostonien de cœur s’est longuement arrêté sur sa carrière auprès de Jackie MacMullan d’ESPNBoston.com dans un entretien disponible en version originale et dans son intégralité (ici) avec la sincérité et la franchise qu’on lui connaît.
L’enfant d’Oakland – fan des Lakers lorsqu’il était gamin – a depuis parcouru du chemin jusqu’à se faire adopter par le camp ennemi, celui des Celtics. Après quinze ans de bons et loyaux services dans le Massachussetts où il décrochera une bague en 2008 Paul Pierce est parti à la découverte de la côte Est américaine à Brooklyn d’abord, puis encore un peu plus bas, à D.C. Depuis deux ans qu’il a quitté Boston, les statistiques de « The Truth » sont en baisse et coïncident aussi avec son âge qui commence à grimper pour un joueur professionnel. Alors, PP34 essaye de partager ses conseils à ses jeunes coéquipiers des Wizards avec qui il disputera sa huitième campagne de Playoffs consécutive.
« Je leur parle de préparation mentale et de régularité, » explique-t-il. « Je répète souvent à John Wall et Bradley Beal ‘Est-ce que vous voulez être bons ou est-ce que vous voulez être grands ? Parce que si vous voulez être grands, vous devez répondre présents tous les soirs, pas juste quand vous en avez envie.’ Ils ont tous les deux le potentiel pour devenir grands, je les adore, mais parfois je ne suis pas sûr qu’ils réalisent vraiment tout ce que cela implique. C’était aussi le problème de Rajon Rondo. Il ne jouait pas tous les jours. Je pense que ça vient de leur génération. Beaucoup d’entre eux sont protégés depuis la sixième. La NBA a beaucoup changé. Ce n’est pas pareil que quand je suis arrivé. Il y avait encore cette mentalité old-school et l’entraînement comptait beaucoup. Maintenant, vous avez des jeunes de 24, 25 ans qui ne s’entraînent pas pour se reposer. C’est dur pour moi de comprendre, mais j’essaye. »
Et puis, Paul Pierce est revenu sur l’année du titre à Boston, où l’ambiance interne n’était peut-être pas aussi bonne qu’il n’y paraissait. C’est en tout cas que qu’explique « The Truth » qui n’a plus aucun contact avec Ray Allen depuis son départ en Floride à l’été 2012.
« C’était une relation très bizarre que nous avions à Boston. Nous étions tous très potes sur le terrain, mais Ray faisait toujours des trucs dans son coin. C’était son caractère. Même lorsqu’on jouait ensemble, nous dinions en équipe mais Ray ne venait pas. On allait à ses événements caritatifs mais lui ne venait à ceux de personne. Je lui ai dit une fois. […] Je me rappelle quand Rondo a prolongé à Boston, nous avions prévu un dîner au restaurant et Ray n’est jamais venu. Je sais qu’il n’aimait pas trop Rondo mais ce n’était pas le problème. On n’a pas à aimer tous ses coéquipiers mais on peut leur montrer notre soutien de temps en temps. Rondo ne l’aimait probablement pas non plus mais il venait aux événements que Ray organisait pour lui montrer que nous étions tous ensemble. […] Même l’année du titre, on a voulu manger ensemble avec les vétérans de l’équipe et Ray n’est jamais venu. Finalement, le Big Three c’était plutôt moi, Kevin [Garnett] et Sam [Cassell]. On a pas de rancœur, c’était juste sa manière d’être voilà tout. Tout le monde en a fait une histoire lorsqu’on ne s’est plus parlé quand il est parti à Miami mais il n’y avait pas grand chose à dire. »
Paul Pierce a aussi réservé un petit passage savoureux à l’attention des Nets et tout particulièrement de Deron Williams. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le Californien ne gardera pas un souvenir impérissable de son passage dans le nouveau quartier chic de Big Apple.
« Je suis bien plus heureux [à Washington]. C’était dur à Brooklyn l’an dernier. C’était horrible, vraiment. Surtout l’attitude des gens là-bas. Ce n’est pas comme si nous étions entourés de jeunes joueurs. C’était des vétérans qui ne voulaient ni jouer, ni s’entraîner. Je regardais autour de moi et je me disais ‘Qu’est-ce que c’est que ça ?’ Kevin et moi devions aller les chercher tous les jours pour aller à l’entraînement. Si nous n’avions pas été là l’équipe aurait explosé. Nous les gardions debout. […] Avant que j’aille là-bas, je voyais Deron Williams comme un candidat au titre de MVP mais j’ai vite changé d’avis quand je suis arrivé. Je me suis rendu compte que ce n’est pas ce qu’il voulait être. Il a dû avoir beaucoup de pression quand il est arrivé à Brooklyn. C’est la première fois qu’il avait une telle exposition à l’échelle nationale. Les médias ne sont pas les même dans l’Utah et à New York et ça peut atteindre certains joueurs. Je pense que ça l’a beaucoup touché. »
La figure emblématique des Celtics entre 1998 et 2013 le sait, la saison prochaine sera sa dernière. Il pourra alors se retirer avec la fierté d’avoir offert une bague à la franchise qui lui a fait confiance quand il est arrivé en NBA, mais il conservera tout de même un regret.
« J’ai fait mon temps. Je regrette simplement de ne pas avoir rencontré LeBron quand j’étais à mon meilleur niveau. J’aurais aimé voir combien de titres il aurait gagné. »
On ne se lassera jamais d’une telle personnalité dans la ligue et on boira de cette liqueur sans langue de bois jusqu’à la dernière goutte. Tu nous manqueras « The Truth ».
Source : ESPN
Source image : Getty Images via NBC Sports