Les Warriors de Steve Kerr : attention, machine de guerre !

Le 26 nov. 2014 à 18:19 par Alexandre Martin

Lors des derniers Playoffs, l’élimination des Warriors au match 7 du premier tour contre les Clippers fut bien évidemment une grande déception. Mais, dans un sens – et même si l’absence de Bogut a joué un rôle important – cette défaite reflétait bien la saison des hommes de la baie d’Oakland : du talent à ne plus quoi savoir en faire mais une irrégularité dans l’intensité de jeu d’un match à l’autre tellement irritante et incompréhensible et qui a fini par coûter cher…

Et puis, à peine la saison terminée, les dirigeants des Warriors ont décidé de purement et simplement virer Mark Jackson que les joueurs déclaraient pourtant adorer ! Sur fond d’incompatibilité totale avec la direction, le pasteur Jackson est donc retourné commenter sur ESPN laissant ses joueurs comme orphelins d’un père. Enfin, c’est ce que nous croyions… Jackson est un coach paternel qui joue sur l’émotion, sur l’influence qu’il peut avoir sur ses joueurs pour les faire grandir notamment mentalement. C’est tout à fait louable et très intéressant pour faire progresser une équipe mais finalement, les résultats du dernier exercice – même s’ils sont tout à fait bons – ont peut-être montré les limites de la “méthode Jackson”. Toujours est-il que peu d’observateurs imaginaient que Steve Kerr allait faire mieux. Certains trouvaient même surprenant que les Warriors aient licencié Mark Jackson pour embaucher un “coach rookie” dans la foulée (TrashTalk lors d’un de ses “Apéro” notamment) et lui confier ce roster 4 étoiles qu’ils ont si admirablement construit.

Oui parfaitement, un roster 4 étoiles ! Un roster bourré de joueurs talentueux et complémentaires. Un roster qui attaquer furieusement, défendre dur, jouer vite, appliquer sur demi-terrain, jouer intérieur, tout faire brûler à longue distance… Tout d’abord, à la mène Stephen Curry est un fou offensif absolument indéfendable qui semble se donner de plus en plus en défense et qui sera clairement un candidat sérieux dans la course au MVP s’il ne se blesse pas en cours de route. Son acolyte Klay Thompson a effectué un début de saison tonitruant, à la hauteur de son nouveau contrat et de ses incroyables qualités de basketteur. Enfin bref, on ne présente plus les “Splash Brothers” sans compter que les briscards que sont Shaun Livingston, Brandon Rush et Leandro Barbosa apportent un bel écot depuis le banc. Sur les deux postes d’ailiers, Kerr a le luxe de pouvoir choisir entre Harrison Barnes, Andre Iguodala, David Lee, Draymond Green et Marreese Speights (qui a également des minutes au poste 5) pendant qu’au pivot, Andrew Bogut tient fièrement la baraque tout en pouvant compter sur son suppléant, Festus Ezeli, pour faire de son mieux qu’il est sur le banc. A noter, qu’à part les deux vétérans Livingston et Barbosa qui ont remplacé Steve Blake et Jordan Crawford, l’effectif est le même que celui de 2013/2014 qui ne s’est hissé “qu’à la 6ème place” à l’Ouest et s’est empalé sur les Clippers dès le premier round de post-season.

C'est vrai que tu shootes bien gamin mais reviens me voir quand tu auras aligné 4 saison à plus de 50% derrière l'arc... (image : Noah Graham/NBAE)

C’est vrai que tu shootes bien gamin mais reviens me voir quand tu auras aligné 4 saisons à plus de 50% derrière l’arc… (image : Noah Graham/NBAE)

On a longtemps parlé de Kevin Love pour venir dans la baie d’Oakland mais les Warriors n’ont pas voulu lâcher Klay Thompson et le barbu avaleur de rebonds est finalement parti rejoindre “King James” dans l’Ohio. Il y avait également quelques gros agents libres sur lesquels Golden State aurait pu se positionner cependant les Warriors sont restés très calmes et le roster a été très peu remanié. C’est probablement une autre raison expliquant cet “optimisme modéré” qui entourait l’arrivée de Steve Kerr. Mais c’était oublier que Steve Kerr n’est pas un “coach rookie”comme les autres. C’était oublier que l’ami Steve connaît la NBA sur le bout des doigts. Il a gagné 5 bagues en tant que joueur (3 avec les Bulls de Jordan et 2 avec les Spurs de Duncan et Robinson), il a exercé en tant que commentateur sur TNT ainsi que comme General Manager chez les Suns et même s’il n’a pas laissé que de grands souvenirs, notamment à Phoenix, il n’empêche que ces expériences ont dû être assez formatrices car l’ex-sniper blondinet se révèle être un coach créatif tout en étant pragmatique et réfléchi, tout en laissant une bonne part à la folie qui ambiance l’Oracle Arena soir après soir.

Depuis le début de saison, les Warriors n’ont perdu que deux rencontres pour 11 gagnées. Ils ont la deuxième meilleure attaque la ligue (107,1 points marqués en moyenne) tout en étant la huitième meilleure défense (96,5 points encaissés). Ils sont 5èmes de la ligue au rebond (44,5 prises par match) et 2ème en terme de passes décisives (25,4) !! Des chiffres bien clinquants qui permettent à Golden State de se positionner à la deuxième place de la Conférence Ouest (derrière Memphis) mais des chiffres qui reflètent surtout ce que Steve Kerr vient de réussir d’entrée : garder le côté génial et imprévisible de ses Guerriers tout en leur inculquant une certaine rigueur aussi bien tactique qu’émotionnelle. Dans cette lignée, Kerr a imposé des choix pour le moins couillus mais tellement payants… Déjà, ce bon Steve a tenu à améliorer le rendement collectif global de ce roster et donc essentiellement la qualité de la second unit. Pour ce faire, il a commencé par faire accepter à Andre Iguodala qu’il serait plus utile au groupe s’il sortait du banc. Le swingman, dans sa grande mansuétude, a pris sur lui et respecté le choix de son coach qui se retrouve, du coup, avec un panel de solutions très intéressantes offertes par la polyvalence de “Dédé” aussi bien en terme de positionnement sur le parquet qu’en terme de versatilité offensive et défensive. Ensuite, Kerr a profité de la blessure de David Lee pour introniser Draymond Green titulaire en ailier-fort. Mais quelle bonne idée ! Quel coup de poker archi-gagnant ! Ce bon Draymond – qui ne mesure au passage “que” 2m01 et n’est qu’un deuxième tour de Draft – s’avère être un excellent complément de Bogut pour défendre la raquette ET un shooteur d’une fiabilité suffisamment correcte pour qu’il puisse punir les défenses qui voudraient serrer de trop près un des deux “Splash Borthers”. D’ailleurs, si Green a le troisième plus gros temps de jeu de l’effectif, ce n’est certainement pas un hasard. Enfin, le nouveau coach des Warriors peut-être encore plus surpris son monde car, alors qu’il a toujours prôné le jeu rapide et offensif, on se rend compte que ses joueurs ne rigolent pas du tout lorsqu’il s’agit de défendre et que Kerr a l’air d’y tenir particulièrement ! On sent qu’en quelques semaines, Steve Kerr a assis un belle autorité et introduit un bel état d’esprit, celui de la gagne ni plus ni moins.

A l’heure où s’écrivent ces lignes, les Warriors sont sur 6 victoires consécutives dont une très solide la nuit dernière sur le parquet du Heat. Cette nuit, ils affronteront le Magic avec la ferme intention d’enchaîner sur un septième succès d’affilée. Ils donnent l’impression d’en avoir largement les moyens. Ils donnent surtout l’impression d’avoir – pour la première fois depuis longtemps – trouvé un équilibre et une sérénité qui pourraient leur permettre de faire beaucoup mieux que bien figurer une fois venu le temps des batailles de Playoffs. Ces batailles sont sans pitié et Steve Kerr ne le sait que trop bien. C’est bien pour cette raison qu’il est en train de mettre sur pied une véritable machine de guerre… 

Source image : Sam Forencich/NBAE via Getty Images


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