Gordon Hayward est le twist du moment au Jazz : Utah rentabilise son investissement critiqué

Le 19 nov. 2014 à 16:52 par David Carroz

L’an dernier à la même époque, Gordon Hayward ruminait peut-être l’absence d’accord pour une extension avec le Jazz. Il en avait pris bonne note, et quelques mois plus tard, il tentait de gonfler ses stats dans une fin de saison sans intérêt dans l’Utah afin de récupérer un gros contrat, quand d’autres joueurs de la classe 2010 (dont son coéquipier Derrick Favors) avaient déjà assuré leur sécurité financière. Agent libre avec restriction, il a vu les Mormons s’aligner sur la proposition max  de 63 millions de dollars faite par les Hornets cet été.

Le Jazz savait à quel point Hayward était fort, même si nombreux étaient les sceptiques. Certes, l’ailier est un bon joueur NBA. Ses statistiques de la saison dernière – 16,2 points, 5,1 rebonds, 5,2 passes et 1,4 interception – illustrent parfaitement sa polyvalence. Mais avec des pourcentages de 41,3% et 30,4% de loin dans une franchise aussi faible qui perd tous ses matches, cela n’inspire pas forcément confiance. Surtout, cela ne vaut pas un contrat max. À première vue.

Depuis, les détracteurs se font moins virulents. Tout d’abord parce qu’avec les nouveaux droits TV à venir, un tel salaire ne pèsera pas autant pour le salary cap. C’est quelque chose à laquelle nous devons nous habituer, mais 15 millions de dollars annuels pour les saisons à venir n’ont rien à voir avec la même somme l’année dernière, tout du moins pour les franchises.

Ensuite, parce que Gordon Hayward lui-même est en train de montrer qu’il mérite cet investissement. Et pourtant peu de personnes y croyaient. Pour sa cinquième saison en NBA, le numéro 20 d’Utah prouve qu’il peut se taper l’incruste dans le royaume des stars de la ligue. Il est encore tôt dans la saison, mais son comportement et l’impression qu’il dégage sur le parquet depuis fin octobre laissent présager le meilleur, et les fans du Jazz voient sûrement d’un bon oeil cette prolongation onéreuse du 9ème choix de la draft 2010.

Premièrement, il y a les stats. Avec 18,7 points à 47,2% et 32,8% de loin, il score plus que l’an dernier en prenant moins de shoots. Comme dans le même temps il n’a rien perdu de son côté all-around (5,4 rebonds, 4,6 passes et 1,3 interception), son bilan de début de saison est positif. Ajoutons à cela une attitude de leader sur le parquet et le buzzer beater face aux Cavs comme cerise sur le gâteau, et tout le monde revoit son jugement concernant le contrat de Gordon Hayward.

Lui n’est pas surpris. Il a bossé dur cet été, dont un bon moment avec Team USA, pour franchir ce palier. Pour progresser dans son jeu, mais également pour avoir plus de répondant physiquement. Il n’y a qu’à le voir pour se rendre compte qu’il n’est plus l’ailier parfois frêle des saisons précédentes, et cela paie. Il a pris environ 9 kilos de muscles depuis le dernier exercice. Est-ce juste cette masse musculaire supplémentaire ou alors sa nouvelle coupe à la Macklemore, mais Hayward semble plus en confiance.

Je suis capable d’être plus équilibré et moins souvent poussé au loin. C’est énorme pour moi pour jouer face à des gars plus costaud au poste d’ailier. – Gordon Hayward.

Lors de la victoire face aux Cavs, il joignait les actes à ses propos en se frottant à LeBron James défensivement avant de tuer le match.

Il ne peut plus me maltraiter comme il le faisait, et je suis capable de rester sur mes pieds face à lui. – Gordon Hayward au sujet de son duel face à LBJ qui pèse tout de même toujours près de 20 kilos de plus que lui.

Ce que le Jazz veut voir de son joueur, c’est cette volonté de devenir le leader du groupe. Le chanteur, mais sans le côté diva. Pour cela, Quin Snyder a modifié les systèmes offensifs pour plus impliquer son ailier. Cela résulte, comme évoqué plus haut, à une meilleure adresse et un jeu plus efficace. Gordon Hayward profite des écrans pour se retrouver dans des situations favorables, et surtout il ne force plus autant ses tirs par rapport à la fin de saison dernière, n’hésitant pas à faire vivre la balle. S’il a progressé en tant que scoreur et qu’il peut prendre feu comme face à Indiana ou New York avec respectivement 30 et 33 points, il n’a pas perdu ses instincts de playmaker.

C’est aussi là-dessus que le Jazz a misé en lui offrant un tel contrat : sa vision, son QI basket et sa volonté de faciliter le jeu. Sa polyvalence, sa versatilité, c’est là que réside sa valeur. Même lors des soirées plus difficiles au shoot, il sait avoir un impact différemment, en aidant ses intérieurs au rebond ou en créant du jeu pour ses coéquipiers.

Cela a parfaitement été illustré lors lors du road trip de 5 rencontres à l’Est. Sur cette période, Gordon Hayward a tourné à 20,6 points (48,6% dont 36,8% de loin), 4,6 rebonds, 4,2 passes et 2 interceptions en 35 minutes. Surtout, en fonction du déroulement de la rencontre, il a contribué de façon différente. Scoreur comme dit ci-dessus face aux Knicks et aux Pacers, il a également eu un impact défensif en se frottant à Josh Smith ou DeMar DeRozan lors de soirées moins fructueuses offensivement. S’il a fini ces déplacements fatigué, il a tout de même continué sur sa lancée en étant le coeur et l’âme du Jazz. Alors qu’il était malade, il n’a pas vu son nombre de minutes se réduire durant cette série. Il faut dire que Rodney Hood, sa doublure, était sur le flanc.

Gordon Hayward

Pas facile de jouer les leaders avec une tête de puceau. Gordon Hayward laisse donc pousser la barbe.
Source : nba.com

Aujourd’hui, Gordon Hayward a plus le comportement d’un mâle alpha qui ne va plus subir les événements et qui prend les choses en main, joueur qu’il doit être dans cette équipe inexpérimentée et avec le salaire qu’il reçoit. Nous sommes encore tôt dans la saison, et cette tendance doit se prolonger sur le long terme, mais la transformation est en cours. Le joueur du Jazz change de gamme, et il pourrait bien se révéler comme une star à la fin de l’exercice. À 24 ans, il aborde le premier tournant de sa jeune carrière. S’il semble bien le négocier, il doit atteindre le niveau All-Star pour définitivement faire taire les critiques, lui qui a signé le contrat le plus cher de l’histoire d’Utah, que même John Stockton et Karl Malone (autre époque, autre échelle de salaires) ou Deron Williams ne se sont pas vus proposer.

Gordon Hayward joue comme une star, ou en tout cas comme le leader du Jazz. En dehors de lui, seuls 4 autres joueurs affichent actuellement plus de 18 points, 5 rebonds et 4 passes de moyenne (source BasketBall-Reference). Il s’agit de LeBron James, James Harden, Stephen Curry et Damian Lillard. Du beau monde. À lui de montrer qu’il peut les côtoyer sur une saison entière, pas seulement sur une douzaine de matches.

Source image : fansided.com


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