Warriors – Clippers, Analyse du Game 4 : Stephen Curry embrase l’Oracle

Le 28 avr. 2014 à 09:39 par Kevin

Dans ce contexte si particulier de l’affaire Sterling, les Clippers se sont battus avec leurs armes pour tenter de faire vaciller les Warriors dans leur antre de l’Oracle. Mais Stephen Curry, bien décidé à s’appuyer sur son sixième homme pendant 48 minutes ne voulait pas faire de cadeaux à Doc Rivers et sa troupe blessée. Golden State s’impose 118 à 97 pour égaliser à 2-2 avant de retourner à Los Angeles mardi soir, dans une ambiance qui risque d’être pour le moins étrange.

Ce qu’on attendait 

Mark Jackson devait apporter des réponses tactiques aux problèmes posés d’un côté par l’absence de son pivot australien Andrew Bogut, de l’autre par l’outrageante domination des Clippers à l’intérieur. Le small-ball aperçu lors du Game 3 a inspiré le technicien californien, qui n’a pas caché ses cartes à Doc Rivers. Daymond Green serait titulaire en lieu et place de Jermaine O’Neal. Et puis,  question subsidiaire  mais primordiale : les Splash Brothers vont-ils se réveiller ?

Pour les Clippers, impossible de ne pas mentionner l’affaire Donald Sterling. Ce charmant personnage taxé de racisme, qui au meilleur moment pour les siens, a encore fait des siennes. Dans ce contexte délétère, Lob City a perdu de l’énergie, forcément. Une réunion en urgence pour prendre une décision. Pas de boycott finalement, mais un geste fort à l’entame du match. Les Angelinos ont laissé leur haut de survêtement au milieu de terrain, avant de s’échauffer le maillot à l’envers. Ainsi, hormis le Los Angeles inscrit sur le maillot, impossible de voir le nom Clippers apparaître… Sur le terrain pourtant, pas d’inquiétude particulière. CP3 et sa bande avaient déjà récupérés l’avantage du terrain. Gagner une seconde fois ici leur permettrait d’espérer conclure au Staples Center mardi. S’incliner ne ferait que repousser l’échéance, mais tout en conservant cet avantage si aléatoire en PlayOffs cette année!

Ce qui s’est passé 

D’emblée l’intensité mise par les deux équipes dans la rencontre nous fait oubliés le contexte extra-sportive, et c’est tant mieux ! Blake Griffin nous gratifie d’un circus shot splendide, avant que Stephen Curry fasse rêver la planète basket durant cinq minutes d’anthologie. Baby Face, devant sa femme et sa mère – sur laquelle les réseaux sociaux ont quelque peu fantasmés – démarre son show à 3 points (5/6 dans ce seul quart). Step-back, tirs en transition, sur la tête de Blake Ops, de CP3. Ils y passent tous, et le meneur des Clippers est même contraint à 2 fautes. Doc Rivers lance déjà Darren Collison. Dans le même temps, Andre Iguodala se souvient qu’il peut être agressif des deux côtés du parquet flottant de l’Oracle, et vient violemment détruire le cercle pour le nous rappeler. +15 pour les Warriors à la fin du premier quart.

Le 2ème quart-temps voit le principal du premier acte se reposer. Normal. C’est le moment choisi par Jamal Crawford pour tenter de ramener sa franchise dans les plate-bandes des Warriors. Il y parviendra brièvement, en ramenant les visiteurs à 12 points. Mais DeAndre Jordan, pas dans son assiette hier, établit déjà sa 3ème faute. Ce sera le début d’une soirée très complexe pour le pivot (0 point, 6 rebonds). Stephen Curry fait son retour sur le parquet. Plus de 3 points venus d’ailleurs mais des acrobaties bien senties pour maintenir l’écart. Golden State s’envole à la mi-temps (66-48). 

Mais à l’inverse du Game 2, pas de blow-out dans cette rencontre. Enfin, pas aussi vite. Par l’intermédiaire de Blake Ops, les Clippers tentent de rester au contact. D’autant plus que Klay Thompson et David Lee sont eux aussi perturbés par les fautes (l’arrière sera expulsé à six minutes du terme). Sous l’impulsion de Blake Ops et JJ Redick (qui inscrit deux trois points sur un système identique en une poignée de secondes), l’écart n’oscille plus aux alentours des 20 mais des 15 points. Pas moins, car Iggy est partout ce soir. En plus d’être adroit, et d’inscrire des paniers cruciaux, ilharangue la foule pour qu’elles puissent continuer à porter sa formation (89-71). 

Le dernier quart-temps voit Daymond Green se faire adouber en direct par Jeff Vand Gundy en personne. En même temps, l’ailier-fort est partout, et justifie sans surprise le choix de Mark Jackson de le titulariser. Pour autant, les Clippers vont donner quelques sueurs froides à leurs hôtes. À cinq minutes de la fin, l’écart n’est même plus que de dix points. Mais Curry, qui a un peu trop abusé des bonnes choses depuis son 5/5, retrouve enfin la mire à longue distance, pour distancer définitivement ses adversaires ! Alors qu’il peinait à inscrire plus de 20 points depuis le début de la série, Baby Face inscrit cette nuit 33 points, à 10/20 dont 7/14 à trois points. Autre bonne nouvelle pour les Warriors : Harrison Barnes a retrouvé de sa superbe (15 points à 6/7 dont 2/3 à 3 points). 

Il a abusé : DeAndre Jordan

En manque de punch, de jus, ou d’envie, DeAndre Jordan n’a été que l’ombre de lui-même hier soir. Soit le SmallBall de Mark Jackson l’a gêné, par l’intermédiaire de Daymond Green, soit il y avait autre chose. La mine éteinte, le pivot n’aura jamais pesé sur la rencontre, car s’il n’a inscrit aucun point, ce n’est même pas par maladresse, mais par manque d’opportunité. Un seul tir raté, et puis basta. Dans sa salle du Staples Center, porté par un public, lui aussi écorché vif, le mastodonte saura reprendre du poil de la bête. Espérons-le pour la beauté de cette série.

Il a assuré : Stephen Curry

Indubitablement Stephen Curry a été le grand bonhomme de cette quatrième rencontre. Il n’y a pas débat. Son récital offensif du premier quart-temps a émerveillé la planète basket, à raison. Quand il s’agit, le meneur de poche est juste sublime à observer. Dans ses déplacements, sa gestuelle au tir, sa communion avec son public. Il contracte ses bras musclés en laissant des regards assassins à ses adversaires, hurlant son plaisir d’enfin être en harmonie totale avec sa sacro-sainte balle orange. Son jouet de prédilection, son prolongement charnel. Honnêtement, quand il est possédé ainsi, on n’a aucune envie que ça s’arrête… 

La citation du match :

“Quand le match commence, tout le monde oublie ce qui se passe et je ne vois pas pourquoi Golden State devrait en tenir compte. C’est comme lorsqu’un joueur est blessé, l’adversaire n’a pas à s’en soucier et il va t’agresser comme si de rien n’était. C’est pareil ici, que l’on soit blessé physiquement ou mentalement, Golden State n’a pas à s’en inquiéter. C’est une compétition et ce soir nous ne l’avons pas gérée ni assumée”. 

Doc Rivers s’est longuement confié en conférence de presse sur le scandale et en quoi celui-ci avait influencé ses troupes. Mais avant de justifier la défaite par ce biais, le coach s’en veut de ne pas avoir su insuffler à ses troupes ce supplément d’âme qui leur a manqué hier pour faire. N’approuvant que moyennement l’initiative de ses joueurs de jeter leur haut de survêtement au centre du parquet, il n’en veut ni à son équipe ni à son adversaire, et s’inquiète du retour de sa franchise au Staples Center. 

Donald Sterling aurait vraiment mieux fait de la boucler. 

Et maintenant ? 

Retour au Staples Center, dans la nuit de mardi à mercredi pour un match couperet. Nous savons d’ores et déjà que la série ira en 6. Pour notre plus grand bonheur. La problématique est simple : soit les Clippers font abstraction de leur idiot de proprio, joue leur basket, et l’emporte -ils en ont les moyens- soit ils s’effondrent et signent quasiment leur arrêt de mort. Car perdre le Game 5 signifierait jouer sa vie à l’Oracle… Dans le cas contraire, les Warriors auraient le couteau sous la gorge dans leur antre. Si la respiration y sera difficile, l’exploit sera possible. Autant vous dire qu’un game 7 est tout de même plus qu’envisageable, et ça, on s’en pourlèche les babines rien que d’y penser. 

Les 33 points de Curry


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