Walker Texas Ranger : La métamorphose inespérée de Monta Ellis aux Mavs
Le 13 févr. 2014 à 18:00 par Clément Hénot
On en parle peu, mais les Dallas Mavericks réalisent une solide saison dans la très relevée Conférence Ouest où ils sont à une très belle 6ème place (ils seraient… 3èmes à l’Est). Avec un roster encore une fois chambardé par Mark Cuban, le proprio le plus allumé de la NBA, Dallas est bien parti pour accrocher la Postseason, et Monta Ellis n’y est pas étranger du tout. Et même s’il n’arrivera jamais à la cheville de Chuck Norris, “The Mississippi Bullet” mérite qu’on s’attarde sur ses performances.
Arrivé cet été des Milwaukee Bucks, Monta Ellis débarque avec cette étiquette de croqueur, qui lui colle à la peau depuis son entrée en NBA. Pourtant, le joueur est bien plus complet que ça, souvent considéré comme un scoreur unidimensionnel, Ellis est non seulement parmi les meilleurs intercepteurs de la NBA avec près de 2 interceptions de moyenne en carrière, mais il sait également jouer pour les autres, lui qui est régulièrement au dessus des 5 passes décisives de moyenne (5.7 cette saison), pas trop mal pour un arrière que l’on décrit comme un bouffeur de ballons. Don Nelson ne s’était d’ailleurs pas privé d’asséner un bon gros tacle à la gorge de son ancien protégé, alors qu’il subissait une retraite difficile sous la pluie à Hawaï
“Je l’ai coaché et c’est un excellent joueur, il est très fort quand il s’y met. Mais c’était un petit con. Je lui demandais de lâcher sa balle, de jouer pour les autres, mais il s’en foutait, il me répondait à chaque fois qu’il voulait jouer comme il l’entendait. Aujourd’hui il a enfin muri et commence à jouer collectif, c’est pour ça qu’il prend aujourd’hui une nouvelle dimension. Mais à l’époque, c’était un petit con d’égoïste, il ne pensait qu’à shooter, il ne faisait pas une passe” déclarait-il, le plus sereinement du monde à Yahoo Sports.
Voila, ça c’est fait. Pourtant, Mark Cuban a quand même vu un réel potentiel inexploité chez le bonhomme. Le propriétaire milliardaire des Mavs, même si ça ne se voit pas à son style vestimentaire, a tenté un pari avec Ellis, en signant pour 3 ans et 24 millions de dollars un joueur talentueux mais complètement cinglé. Mais est-ce bien surprenant de la part d’un type qui est allé pisser avec le trophée de Champion NBA dans la main en 2011 après le titre ?
Mais la donne a changé dans le Texas, à Dallas, Monta n’est pas chez lui, c’est bien la maison de Dirk qu’il a intégré cette saison : ce dernier aura gagné un titre NBA, agrémenté de la récompense de MVP des finales en 2011, et même le trophée Maurice Podoloff en 2007, le tout avec la même franchise qui l’a drafté, et avec laquelle il aura passé ses 15 saisons NBA. Et ça, rien ni personne ne pourra jamais lui enlever, ça change un peu d’un certain Florian Thauvin qui veut quitter un club avant même d’y avoir foutu un pied.
Bref, revenons à nos moutons, Monta Hélice (désolé ça ne se reproduira plus) était le Franchise Player à Golden State et à Milwaukee, un costume vraisemblablement trop grand pour un joueur certes talentueux, mais jusqu’alors considéré comme un soliste, lui qui n’a gouté aux playoffs que 2 fois en 8 saisons NBA. A Dallas, ce costume est déjà très bien rempli par Dirk Nowitzki, Ellis a donc du se contenter d’un rôle de lieutenant du géant allemand, mais bon, il avait pas trop le choix de toutes façons. Pas grave puisque l’intéressé ne cachait pas son soulagement d’avoir signé aux Mavs, mais surtout de s’être barré du Wisconsin, ou il a failli être au centre d’une bar fight avec son coéquipier Larry Sanders, qui lui reprochait justement un comportement individualiste. Surprenant, n’est-ce pas ? Un peu comme si on reprochait à Carmelo Anthony d’être un croqueur, ou à DeMarcus Cousins d’être une tête à claques : Très bizarre. En tout cas, Ellis kiffe sa race.
“Je ne devrai plus prendre autant de shoots dans cette équipe, j’aurai moins de responsabilités car l’équipe ici est meilleure, à Milwaukee, je devais faire plus de la moitié du travail moi même. Mais avec des meneurs de qualité comme José (Calderon) et Devin (Harris), je vais enfin pouvoir jouer mon jeu et m’enlever de la pression” confiait il au début de saison.
Ellis n’a pas tardé à joindre la parole aux actes, car si ses statistiques sont restées stables, il faut regarder la colonne des pourcentages pour être convaincu du palier franchi par le pilote de scooter le plus connu de la NBA. Il n’a jamais aussi bien shooté depuis la saison 2007-2008. Il tourne cette saison à un très honnête 46.1% aux shoots, et malgré son rôle de “bras droit” de Dirk, il garde des statistiques similaires à ses moyennes en carrière (19.3 points, 3.5 rebonds, 5.7 passes décisives et 1.8 interception) en prenant en moyenne 2 shoots de moins par match. Encore plus efficace depuis qu’il a fait l’acquisition d’un cerveau tout neuf et qu’il a arrêté de faire du scooter. Il est indéniablement une alternative de luxe lorsque Nowitzki est a côté de ses pompes.
On a également pu constater que Ellis était l’inverse des Timberwolves : un joueur sur qui on peut compter dans les dernières secondes d’un match pour planter la banderille qui tue. D’ordinaire, ce shoot aurait été confié au grand Dirk, mais contre Portland le 7 décembre 2013, la flèche du Mississipi s’en est chargé, et a renvoyé le petit Damian Lillard à ses études, pour lui apprendre à respecter les anciens. Non mais.
Et plus récemment, il a quand même livré un taf de poney pour aller taper les Pacers chez eux, pour leur infliger seulement leur 3ème défaite dans leur forteresse. Ellis a terminé meilleur marqueur de sa team avec 23 points, meilleur rebondeur avec 9 prises, et meilleur passeur avec 6 assists. Cerise sur le gâteau : il a même dominé Paul George. Comme ça au moins, tout le monde est d’accord.
Du tout bénef pour Dallas donc, que peu de monde attendait à ce niveau avec un effectif encore bricolé par Mark Cuban, et qui s’est offert l’un des arrières les plus spectaculaires de la ligue, qui continue de jouer les contorsionnistes dans les airs avec son fameux “hang time”. Le bougre joue désormais très juste, alternant les (bons) shoots et l’altruisme, et tout ça en étant un intercepteur toujours aussi filou. Mais surtout, il a vite compris que le patron à Dallas, c’est Nowitzki : Il a tout de suite su s’adapter sans même que ça le dérange. Et ça, c’était vraiment pas gagné d’avance.
source image : The Dallas Morning News