Pourquoi Lance Stephenson doit aller au All-Star Game

Le 18 janv. 2014 à 16:36 par Nathan

Depuis deux ans, les Pacers ne cessent de nous surprendre. Après l’éclosion de Paul George, qui n’a sans doute pas encore tout montré, le petit monde de la NBA assiste à l’explosion d’un joyeux fanfaron, qui brille par son culot mais aussi par sa polyvalence : Lance Stephenson. Alors qu’il enchaine les performances et les triple-doubles comme J.R. Smith enchaine les air-balls, l’arrière d’Indiana ne fait pas l’unanimité, à tel point qu’il se sent obligé de se travestir pour faire sa promo pour le All-Star Game. Mais, pas besoin Lance, on est là : et on affirme sans hésiter que non seulement il a le niveau, mais aussi qu’il faut absolument qu’il ramène sa pomme au match des Étoiles.

Pourquoi ? Pour plusieurs raisons, d’abord collectives, mais aussi individuelles. Avant-hier soir, Indiana accueillait les Knicks. Dans la déculottée infligée par Indiana, les Knicks étaient aux premières loges pour voir Lance Stephenson sortir l’une des ses meilleures performances en carrière : 28 points à 10/17, 4 rebonds, 4 passes décisives et une interception, le tout agrémenté de quelques actions d’éclat ainsi que d’un zeste irrésistible de trash-talk. Lors du half-time report (l’émission à la mi-temps du match), on a pu assister à un débat entre Charles Barkley et Shaquille O’neal. Le premier soutenait, comme Reggie Miller d’ailleurs, que Stephenson avait le niveau d’un All-Star. Le deuxième, lui, affirmait que Stephenson n’était rien d’autre qu’un “bon role player“. Si la discussion n’est pas allée plus loin, on devine aisément que l’un des deux a encore la tête tournée en 2010, alors que l’autre regarde simplement ce qui se passe en 2014.

.Lance-Stephenson-Playoffs

Car précisément, Lance Stephenson est bien plus qu’un role player. J’ose le dire : c’est le joueur le plus important des Pacers. Il est celui qui joue le plus dans la rotation de Frank Vogel (35 minutes en moyenne), assurant une sorte de lien entre les starters et la second unit. Il est aussi le leader à la passe (5,1 passes par match). Les stats ne mentent pas : Born Ready est un joueur altruiste, qui prend son pied en créant du jeu pour lui et, surtout, pour ses partenaires. Cette année, il tourne à 13,7 points, 6,6 rebonds et 5,1 passes par match. La saison passée, lors de laquelle il s’est révélé en Playoffs, on divise quasiment les chiffres en deux et on s’y retrouve : 8,8/3,9/2,9. Un joueur qui aligne de telles stats avec régularité est manifestement plus qu’un bon role player“. Bien plus.

Si on laisse de côté les stats en se concentrant sur ce que l’on peut voir en match, plusieurs choses sont à retenir. Frank Vogel a déclaré que Lance Stephenson était l’une des principales raisons qui expliquent le succès de son équipe. D’ailleurs, ce n’est pas une coïncidence si l’arrière de 23 ans s’est révélé en même temps que son équipe, en playoffs la saison passée. C’est incontestable : d’un point de vue offensif, il joue le rôle de la première étincelle. Toujours actif, il brille souvent en fin de premier quart-temps et au début du deuxième par son association avec Luis Scola. Écran, pick-&-roll, petite passe dans le dos pour l’argentin et deux fois sur trois c’est ficelle. Sir Lance-a-lot est un authentique playmaker, un joueur créatif et intenable. Il en existe pas mal, des playmakers – mais ils se manifestent souvent en sortie de banc, dans un rôle bien défini, comme Nate Robinson ou encore Manu Ginobili. Tandis que Stephenson, quant à lui, touche très souvent la gonfle pour créer du jeu.

Lance Stephenson Dwayne Wade

Voilà pour les qualités collectives : passons aux atouts individuels de Crazy Lance. Une chose crève les yeux : c’est un excellent dribbleur. Il a le skill d’un joueur de playground, et on devine facilement qu’il a fait ses classes, depuis sa plus tendre enfance, en écumant les terrains de rue de Brooklyn. Et ça l’a visiblement beaucoup marqué puisqu’il ne peut pas s’empêcher de sortir quelques gris-gris quand il sent que son défenseur n’est pas très à l’aise avec ses appuis (n’est-ce pas, Courtney Lee ?). En plus de son dribble, c’est un très bon passeur – un des tous meilleurs en NBA. D’accord, certaines passes sont mal choisies ou trop difficiles, mais dans l’ensemble c’est que du bonheur. Il se distingue aussi par une grosse capacité à défendre : Lance Stephenson devient un chien enragé quand il s’agit de coller son adversaire direct. Gobeur de rebonds, il devient très puissant en contre-attaque, utilisant sa vitesse et sa vista pour accélérer le jeu et faire sauter le verrou des défenses. En sus de tout cela, il est doté d’un shoot correct, qu’il ne cesse d’améliorer avec le temps. Pas la peine de multiplier les exemples : Lance Stephenson est un joueur all-around, bon dans tous les secteurs de jeu, mais aussi un joueur type “col bleu” qui aime aller au charbon et qui s’arrache pour l’équipe. 

Tout cela en fait incontestablement un All-Star. Il remplit les deux exigences qu’on attend habituellement de la  part de l’élite NBA : des qualités individuelles, évidemment, mais aussi un impact fort sur le collectif. Mais il y a quelque chose de plus, qui fait qu’à notre avis, ce n’est pas seulement en guise de reconnaissance qu’il doit être All-Star : c’est aussi pour le bien du All-Star Game lui-même. On n’en finit plus de dire que l’intérêt du match des Étoiles baisse, qu’il y a trop de spectacle et pas assez de compétition, que plus personne ne défend etc. C’est vrai, mais on peut observer qu’il y a quelques étincelles parfois, et souvent entre des joueurs qui officieusement ne peuvent pas se blairer. Ce qui est bien avec Stephenson, c’est que sur un terrain il ne peut blairer personne. Mettez-lui Dwayne Wade, Kevin Durant ou LeBron James en face : il fera tout ce qu’il peut pour le chambrer. C’est la chose qu’on remarque le plus chez Lance : son comportement, son exubérance, tout ce qui fait qu’il s’éloigne du stéréotype que la NBA veut créer. Qui d’autre ose danser après un jumpshot ? Qui d’autre ose chambrer de façon si explicite son adversaire ? Qui d’autre le fait de manière si constante ? Pas grand monde.

 source :InsideBasket

On sent que Lance Stephenson est un gosse qui a des étoiles plein les yeux et qui veut briller : il veut montrer qu’il est meilleur que les meilleurs. A chaque rebond, il veut lancer un coast-to-coast, à chaque coéquipier démarqué il veut faire une passe aveugle. On voit encore le gamin qui a passé des heures à fantasmer devant les cassettes de ses idoles, Michael Jordan en tête. Quand il rentre sur le terrain, il se met en scène. Il veut faire ce qu’il s’est entrainé à faire depuis qu’il est gosse : chambrer et faire le show. Si vous ne bavez pas de ça pour un All-Star Game, alors il faut avouer que là, on n’aime pas le même sport.

Et même si ça ne changeait pas tout, au moins on aurait pendant quelques minutes l’impression de ne pas vivre une fois de plus un affrontement plat entre des superstars qui ne font que sourire et se passer la balle en mode “A ton tour, vas-y, claque ton dunk !”. On reviendrait peut-être aux sources : une bataille d’ego, un playground qui s’exprime aussi derrière les parquets bien lustrés de la NBA. Il enflammera peut-être un match qui est de plus en plus moche. Voilà pourquoi Lance Stephenson doit être All-Star.

Sources images : bleachereport, insidebasket.com


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