L’an dernier, les Nets ont fait resigner Deron Williams pour 95 millions de dollars sur 5 ans. Ils ont fait venir Joe Johnson et son énorme contrat, ils ont gardé Brook Lopez moyennant quasiment 60 millions sur 4 ans ainsi que Kris Humphris pour 10 millions par an sur deux saisons. Pour autant, les protégés de Mikhail Prokhorov n’ont pas été extrêmement convaincants.
Une saison régulière avec des hauts et des bas pour finalement finir 4ème de la Conférence Est. Un changement de coach, un Franchise Player qui met du temps à retrouver sa meilleure forme, bref une mise en route difficile. Et puis, des playoffs où on a pu constater les limites d’une équipe composée, à coups de millions certes, mais à la va-vite… Des limites collectives, des limites mentales, des limites que Brooklyn n’a pas su dépasser au premier tour face à des Bulls très diminués mais tellement plus combatifs.
Du coup, le propriétaire Russe de la nouvelle franchise new-yorkaise a fait ce qu’il sait faire de mieux : il a sorti la mallette de billets le chéquier car sa franchise va devoir verser une très très grosse somme en Luxury Tax cette saison. Prokhorov a annoncé clairement que son objectif était d’obtenir le premier titre de l’histoire des Nets et il a fait comprendre à son staff, le Front Office des Nets, qu’il fallait bâtir une équipe capable d’aller chercher le titre :
“Je serai fier uniquement quand nous aurons gagné le championnat. Je ne suis pas un homme qui gère l’opérationnel, je suis un homme de résultat.” Mikhail Prokhorov
Autrement dit : “Bâtissez une équipe qui va gagner, peu importe ce que cela me coûtera..” Le Front Office des Nets et notamment le General Manager, Billy King, se sont donc activés. Ils ont commencé par ne pas garder PJ Carlesimo sur le banc ce qui n’a pas été une grosse surprise en soi. Ce qui l’est un peu plus en revanche, c’est le choix de Jason Kidd qui venait juste d’annoncer sa retraite de joueur. Oui, J-Kidd est une idole chez les Nets. Oui, il est un des plus grands meneurs de tous les temps, un vrai patron sur le parquet, il connaît le jeu. Etc, etc… Mais, tout de même, prendre un coach rookie alors que l’objectif est de gagner le titre sous deux ans, c’est un vrai risque !
Nous verrons bien comment Kidd va appréhender son nouveau rôle. Pourra-t-il transmettre à son effectif les valeurs qui lui ont permis l’immense carrière qui a été la sienne ? Une chose est sûre : vu l’effectif qu’il a entre les mains et les attentes qui pèsent sur les Nets, ses débuts en tant que Head Coach seront scrutés, disséqués même par tous les observateurs. La pression n’a jamais empêché Jason Kidd d’obtenir des résultats, espérons pour lui que ça continue.
Ensuite, Billy King s’est démené pour faire venir des joueurs complémentaires avec le trio Deron Williams, Joe Johnson et Brook Lopez. Ce trio a du talent, il peut scorer, ces trois joueurs peuvent marquer beaucoup de points. D-Will est un vrai playmaker, un des meilleurs de la ligue. Johnson n’est pas toujours régulier mais il est souvent là dans les moments clés et Lopez est peut-être le meilleur pivot offensif actuellement en NBA. Ce trio a du talent donc, beaucoup de talent. Les trois sont en pleine force de l’âge (25 ans pour Lopez, 29 ans pour Williams et 32 ans pour Johnson), ils doivent prendre leurs responsabilités. Le succès de Brooklyn passe par là. En plus, ils ne sont pas si mauvais en défense mais juste “pas si mauvais”. Ils auraient les moyens athlétiques et techniques de passer un niveau supérieur défensivement mais mentalement, ça ne suit pas toujours.
Le mental, voilà effectivement le principal point faible de ces Nets. On l’a bien vu contre les Bulls au 1er tour des derniers playoffs : Les Nets ont manqué d’âme, d’instinct de tueur. Enfin, appelez-ça comme vous le voulez, le mental du champion ou autre… Ce trio de All-Stars ne sait pas ce que c’est. A ce niveau, en NBA comme dans tous les sports, le talent ne suffit pas, c’est juste le minimum…
C’est d’ailleurs pour pallier à cette carence que les Nets ont arrangé cet énorme trade avec les Celtics. En faisant venir les deux vieux briscards que sont Paul Pierce et Kevin Garnett, Brooklyn espère certainement apporter ce supplément d’âme, cette culture de la gagne qui manque cruellement. Paul Pierce (bientôt 36 ans) et Kevin Garnett (37 ans) ont tout connu dans la Grande Ligue. Ils sont déjà des légendes alors qu’ils sont encore en activité. Ils viennent de jouer 6 saisons ensemble au sein de la Maison Verte. Ils sont allés deux fois en finale au cours de ces 6 saisons et ont gagné un titre. Leur expérience et leurs mentalités de gagneurs seront primordiales dans le projet de Brooklyn. Deux arrivées très bénéfiques pour la franchise de Prokhorov, clairement. Dans cette affaire, les Nets ont laissé partir Gerald Wallace, Kris Humphries, Keith Bogans et le prometteur Marshon Brooks. Ils ont également récupéré Jason Terry afin d’équilibrer la transaction.
Au final, l’effectif pensionnaire du Barclay’s Center ressemble tout de même à une véritable machine de guerre. Un 5 majeur qui allie joueurs en pleine force de l’âge avec Deron Williams, Joe Johnson ou Brook Lopez avec des joueurs de grande expérience (Paul Pierce et Kevin Garnett). Un 5 qui allie taille (Lopez, Garnett), technique (Williams, Pierce) et clutchitude (Johnson et Pierce). Un 5 qui n’a absolument rien à envier aux autres titulaires des grosses équipes de la ligue.
Et sur le banc, Jason Kidd aura du choix pour effectuer ses rotations car l’effectif composé par Billy King ne se limite pas au 5 majeur, loin de là. Shaun Livingston et Jason Terry assureront vraisemblablement l’essentiel des rotations sur les postes d’arrières. Dans l’aile, Andreï Kirilenko pourra prendre le relais de Paul Pierce et le jeune Tornike Shengelia aura peut-être quelques miettes de temps de jeu. En matière d’intérieurs, J-Kidd disposera de trois joueurs sur la banc. Trois joueurs au profils différents : Andray Blatche, un bon scoreur capable de shooter à mi-distance ou d’aller provoquer les intérieurs adverses. Mirza Teletovic, un ailier fort fuyant et bon shooteur qui doit encore s’adapter après une première année difficile avec peu de minutes passées sur les parquets. Et enfin, Mason Plumlee et surtout Reggie Evans compléteront cette rotation. Evans est un aspirateur à rebonds et il est peut-être le seul jouer des Nets qui, l’année dernière, a montré cette envie de gagner chaque ballon, cette volonté, ce mental qui font la différence dans les grands matchs. Même s’il est limité en attaque, Evans possède tout ce qu’il faut pour permettre de faire souffler les vieilles jambes de Garnett tout en maintenant une bonne intensité dans le jeu. Au final, ce banc est incontestablement l’un des meilleurs de la ligue.
Sur le papier, cet effectif de Brooklyn a de quoi faire peur car il est cohérent et bel et bien construit pour gagner, pour dominer. Il est très complet. Il y a du talent, du mental, des joueurs polyvalents, des profils différents. Tout ce qu’il faut pour surprendre l’adversaire ou s’adapter tactiquement. Reste à voir comment ces joueurs vont évoluer ensemble car le papier c’est une chose mais le parquet en est une toute autre. Reste à voir également comment Jason Kidd va appréhender son nouveau rôle. S’il est aussi efficace qu’il l’a été pendant ses 19 saisons de joueur, les Nets peuvent commencer à rêver et voir loin, très loin. En tous cas, le pari de Prokhorov et Brooklyn est un pari à court terme car si Kidd démarre tout juste sa nouvelle carrière, Pierce et Garnett sont aux crépuscules des leurs. Cet effectif des Nets doit aller chercher une bague dans les deux ans qui arrivent sinon, il faudra tout reconstruire. Encore une fois…
