Rose et les Bulls de nouveau prêts à tutoyer les sommets ?
Le 08 juil. 2013 à 17:30 par David Carroz
Au cours d’une saison 2012-2013 sous le sceau de l’attente du retour de D-Rose, les Bulls ont montré une force de caractère et un esprit d’équipe remarquables pour se qualifier en demi-finale de conférence. Malgré les blessures durant la saison et en playoffs ainsi qu’un groupe trop réduit et manquant de vécu commun face aux Heat, les joueurs de Chi-Town ont laissé entrevoir de belles promesses pour la suite. À condition de capitaliser sur les points forts de l’équipe. Petite preview de la saison à venir dont le premier événement sera le retour – enfin – de Derrick Rose.
Forcément, tous les yeux seront braqués sur lui. Absent des parquets pendant plus d’un an, le franchise player des Bulls suscite beaucoup d’attente et d’interrogations. Quel sera son niveau ? Sera-t-il toujours aussi explosif ? Aura-t-il retrouvé toutes ses sensations? En bref, sera-t-il toujours le même joueur, celui qui reste le plus jeune MVP de l’histoire de la ligue ?
Tout cela, nous le verrons à son retour sur le parquet. Mais il y a fort à parier qu’avec son état d’esprit bosseur et ambitieux, il sera prêt. Peut être moins explosif, mais il apprendra à plus varier son jeu et à devenir plus fiable aux tirs pour exister. Cette évolution, il l’aurait connue de toute façon au cours de sa carrière, à l’image d’un TP qui avec les années est devenu consistant à mi distance, tout en pouvant finir dans la raquette. Ce changement s’effectuera juste plus tôt pour Rose.
Mais plus que son niveau individuel, c’est surtout son intégration dans le noyau dur du groupe de l’an dernier qui sera le facteur déterminant de la réussite des Bulls. En effet, sans lui, certains joueurs ont pris leurs responsabilités (surtout offensivement) pour compenser son absence. Comment vont-ils réagir lorsque Rose sera sur le terrain avec eux ? Il ne faut absolument pas qu’ils se cachent derrière le talent de leur meneur et attendent qu’il gagne les matchs tout seul. Il les sauvera sûrement certaines fois, mais pour l’équilibre de l’équipe mais aussi pour la santé de Rose, il faut que les Bulls s’appuient sur un collectif soudé et appliqué. Si défensivement, Coach Thibodeau a clairement la recette et peut s’appuyer sur un groupe acquis à sa cause (je concède une exception pour Boozer, même s’il a progressé en deux ans dans ce secteur du jeu), il ne faut absolument pas que l’attaque des Bulls se résume à donner la balle à Rose pour qu’il score ou crée. Bien sûr qu’il peut le faire. Mais cela ne suffira pas en playoffs, comme l’a montré la finale de conférence face à Miami en 2011.
Là encore, il s’agit d’une évolution que TP a connu avec l’équipe de France. Apprendre à faire jouer les autres, les impliquer au maximum tout en se mettant lui aussi dans le rythme pour être présent lors des moments chauds. C’est la marque des grands meneurs, et le passage parfois le plus difficile pour cette catégorie de meneurs scoreurs.
Mais tout ne dépend pas de D-Rose non plus. D’autres incertitudes planent au dessus du United Center. Actuellement 12 joueurs sont sous contrat pour un montant supérieur à 70 millions de dollars. L’entrée en vigueur des conditions plus drastiques du nouveau CBA sur le dépassement du salary cap fait que même un gros marché comme Chicago regarde à la dépense. L’effectif, encore incomplet pour la saison 2013-14, peut encore évoluer.
Je pense en particulier à Boozer. Tout le monde sait que son rendement n’est pas à la hauteur de son salaire. Ce qui le rend à la fois candidat au départ, mais également peu désirable pour les autres franchises. Il devrait au moins finir la saison avant d’être probablement amnistié ou échangé contre une bouchée de pain à l’arrivée de Mirotic l’été prochain.
Des luttes acharnées en playoffs de l’année dernière, Chicago a déjà perdu l’Italien Belinelli (Spurs) qui avait apporté son écho offensivement et aurait pu encore apporter beaucoup à l’attaque des Bulls en soulageant Rose au scoring. Mike Dunleavy Jr est venu le remplacer, dans un rôle de doublure au poste 3 et de shooteur capable d’étirer les défenses adverses par son adresse à 3 points (42,8% derrière l’arc pour Dunleavy).
Chicago va également sûrement perdre son facteur X Nate Robinson. Véritable bourreau des Nets, son culot et sa réussite ont même poussé le Heat à mettre LeBron James en défense sur lui par séquence à la suite de son magnifique Game 1 à Miami. Sa côte est au plus haut, et s’il semblait vouloir rester à Chi-Town, les Bulls ne pourront pas lui offrir beaucoup d’argent. Sans oublier que le poste de meneur est bien fourni avec le retour de Rose, auquel il faut ajouter Kirk Hinrich et le sophomore Marquis Teague. Mais ne peut-il pas jouer au côté de captain Kirk en sortie de banc sur le poste 2 où Chicago est bien plus léger ?
Deng quant à lui a dû abandonner ses coéquipiers avant la fin de la saison en restant plusieurs jours à l’hôpital. Il entre cette saison dans la dernière année de son contrat (14 millions). La tendance serait plutôt à la prolongation pour le couteau suisse soudanais, mais rien n’est à exclure. En effet, avec l’éclosion de Jimmy Butler, Luol peut paraître moins indispensable que par le passé (pour les dirigeants, mais pas pour Thibodeau). Et donc constituer une bonne monnaie d’échange pour récupérer un arrière scoreur pour épauler Rose et remplacer le flop Hamilton. Thibodeau souhaite le garder et faire joueur Butler en 2 au côté de Rose, mais il n’a pas forcément la main. En effet, en plus des interrogations sur l’effectif des Bulls semblent apparaître quelques tensions en interne. Une lutte de pouvoir entre Gar Forman et Tom Thibodeau. Le GM a refusé de prolonger Ron Adams, le premier assistant de Thib, aussi réputé pour être apprécié des joueurs. Selon Adrian Wojnarowski, la relation entre Forman et Thibodeau serait « facilement la pire relation de toute la NBA ». D’ailleurs, personne au sein des Bulls n’a souhaité commenter le départ de Ron Adams. Bonjour l’ambiance…
Mais revenons à Deng. L’idéal serait de le prolonger pour un montant moindre afin de se donner du cap space. Reste à savoir également si le Soudanais préfèrera toucher moins pour essayer de gagner avec Chicago ou prendre un gros chèque sans se soucier de son nombre de victoire à la fin de chaque saison.
À l’intérieur, en dehors du cas Boozer évoqué plus haut, Chicago cherche encore une doublure pour Noah. Le pivot français a confirmé cette saison encore en étant All Star et en sortant des perfs de mammouth alors qu’il était blessé en playoffs. Il semble intransférable tant il représente l’âme de cette équipe et tant son apport semble indispensable aux Bulls, en dehors de ses simples stats. Mais comme pour d’autres membres de l’effectif (Deng et Rose en particulier), il faut que coach Thib apprenne à limiter les minutes du Raging Bull pour qu’il soit en pleine possession de ses moyens lors de la post season. D’où le besoin d’une doublure fiable. Si Nazr Mohammed a resigné, c’est pour un rôle de 5ème intérieur. Mais les finances des Bulls ne permettent pas d’excès non plus. Une bonne pioche serait de récupérer Mozgov, Kaman ou Dalembert. Mais le joueur choisi devra se contenter du minimum salarial…
Comme toujours ou presque, les rookies des Bulls n’auront pas forcément beaucoup de jeu. Teague n’avait eu que quelques miettes l’année dernière malgré les blessures d’Hinrich et Rose, Butler a dû attendre les absences de Deng et Hamilton lors de sa saison sophomore pour montrer son potentiel : Thibodeau préfère prendre son temps avec les jeunes joueurs de son effectif. Tony Snell et Erik Murphy devront à leurs tours ronger leur frein sur le banc et profiter de quelques minutes de garbage time ici et là. Si aucun autre joueur ne rejoint les Bulls sur le poste d’arrière, Snell aura peut être un peu plus d’opportunités pour montrer son adresse à 3 points en doublure de Butler, avec un profil à la Wesley Person. Murphy quant à lui est un ailier fort qui s’écarte, également adroit à 3 points. Mais il s’agit plus d’un pari sur le futur, il ne devrait pas beaucoup contribuer cette saison.
Voici l’effectif que Chicago pourrait présenter en faisant un dernier petit effort sur les signatures de free agents. Les joueurs en gras font déjà parti de l’effectif.
Meneur : Rose, Hinrich, Teague
Arrière : Butler, Robinson, Snell
Ailier : Deng, Dunleavy
Ailier fort : Boozer, Gibson, Murphy
Pivot : Noah, Mozgov, Mohammed
Au final, les Bulls peuvent jouer les premiers rôles cette saison encore. Mais attention, d’autres franchises ont des ambitions à l’Est : Miami ne laissera pas son trône facilement, Indiana croit fermement en son avenir, les Brooklyn Money Nets n’ont pas une grosse fenêtre de tir pour le titre et vont vouloir briller dès cette saison. Sans oublier NY et son superbe jeu en isolation. Il faudra pour cela que l’infirmerie soit un peu moins remplie et que le retour de Rose ne perturbe pas le collectif et le développement des individualités qui ont montré leur potentiel l’année dernière.
En fonction de l’issue de la saison, les Bulls pourraient alors faire un grand ménage l’été prochain pour repartir sur de nouvelles bases. Mais nous verrons ça l’été prochain.