Pourquoi Erik Spoelstra est nul

Le 01 juin 2013 à 17:57 par Gaetan

Erik Spoelstra est très moyen. Venant de ma bouche, c’est loin d’être un compliment. Il fait partie de la race des escrocs mais un escroc qui gagne, on laisse courir. Il ne fait pas partie de la grande lignée des Vinny Del Negro, Mike Woodson, Mike D’Antoni ou autres mais il s’approche dangereusement de la ligne rouge.

Comme la plupart d’entre vous, j’étais devant ma télé la nuit dernière afin de mater la finale de conférence entre Miami et Indiana. Comme sans doute beaucoup de fans de la NBA, je me suis désespéré devant le spectacle offensif présenté par les deux équipes. Je suis donc là pour tenter de rétablir ce qui est pour moi la vérité. Lorsqu’on m’a vendu Spoelstra comme étant un des meilleurs coaches, je suis désolé mais vous parviendrez encore plus difficilement aujourd’hui à me faire effacer le sourire qui était alors apparu sur mon visage. Il n’est pas facile de nager à contre-courant, de s’attaquer à un coach qui gagne mais chez Trashtalk, on aime l’adversité.

 En toute honnêteté, ce que j’ai vu hier en première mi-temps, c’était de la bouillie offensive, de la bouillie qu’on oserait à peine servir aux cochons. Comment expliquer cela ?

On va me dire que la défense d’Indiana est une des meilleures de la ligue si ce n’est la meilleure. Certes, on est bien d’accord, mais excusez-moi quand on détient un roster aussi complet que celui du Heat, on doit en voir plus, on doit voir mieux. Vous allez me dire, « oui mais quand Allen et Battier ne mettent pas un shoot … » Je vous rétorque immédiatement. Est-ce le premier match pendant lequel on voit les deux hommes à la dérive. La vérité c’est qu’Indiana ne permet aucun jeu de transition et que Miami sur attaque placé, c’est limité. Est-ce normal ? Permettez-moi d’en douter.

Il est vrai que la moitié du travail à savoir la défense est fait et plutôt bien. Cependant, ce n’est pas aujourd’hui que l’on va me faire passer des vessies pour des lanternes. La défense du Heat est bonne mais depuis quand les Pacers représentent une des meilleures attaques que l’on trouve dans cette ligue ? Entre Paul George certes très bon mais qui se doit d’enfiler un costume un peu trop grand pour l’heure de superstar et Roy Hibbert qui ne serait même pas parmi  les dix meilleurs pivots de la ligue dans les années 90, l’opposition que l’on présente comme dangereuse pour le Heat n’aurait pas dû faire long feu. Le parquet vient parfois nous rappeler que quand on se moque du basket, il nous le rend bien. Et c’est bien pour cela que je suis désolé. Désolé de voir ce Heat là l’emporter, désolé pour les Pacers, désolé pour Frank Vogel qui arrive à transformer des ânes en chevaux de course. Non pas que je déteste le Heat mais je déteste voir ce Heat là gagner, ce Heat qui n’aura fait qu’un seul bon match dans cette série.

Pourquoi ?

Parce que le roster du Heat mérite mieux que d’attendre que LeBron nous pète un câble et détruise les Pacers. Et pourtant c’est ce que j’ai vu la nuit dernière. À la mi-temps, on se retrouve à 44-40 en faveur d’Indiana. Les Pacers tiennent la dragée haute et tiennent le match. On sent bien qu’ils sont au-dessus. Mais comment est-ce possible ? Avec une raquette qui tient la route et une défense infranchissable. Parce qu’en voulant inventer une équipe sans poste, le coach floridien désorganise tout. Ce qui fait que la moindre équipe un tant soit peu calibrée peut vaincre ce Heat. Indiana c’est le basket de l’Est dans les règles de l’art. Chaque joueur joue à son poste et avec moins de talent et sans banc on tient la dragée haute au champion en titre ? C’est triste.

 Revenons à la mi-temps, à cet instant précis, on se demande sincèrement comment le Heat peut s’en sortir. À l’exception de l’enflammade d’un de ses joueurs, on ne voit pas. Et l’enflammade arrive. Et qui de mieux que le quadruple MVP pour venir prendre feu et sortir ce qui est désormais SON équipe d’un mauvais guêpier. Personne. LeBron était là pour tout sauver, pour sauver la mise à son coach qui a montré ses carences la nuit dernière. Maintenant si le plan de Monsieur Spoelstra est d’attendre que le meilleur joueur de la planète se réveille et fasse tout péter, très bien. Il peut se reposer sur cela. Cela a suffi la nuit dernière, cela suffira pour gagner cette série, cela suffira sans doute pour aller jusqu’au titre.

Mais permettez-moi en tant qu’amoureux de ce jeu, en tant qu’amoureux du basket de ne pas apprécier et de ne pas être d’accord avec cette vision. LeBron est splendide, LeBron est merveilleux, il le prouve chaque nuit. Cependant j’ai la triste impression que le Heat a gagné la nuit dernière parce qu’elle avait en ses rangs le meilleur joueur au monde pas parce qu’elle jouait mieux au basket. Il est vrai que quand LeBron décide de prendre les choses en main c’est mauvais signe pour les adversaires. Alors certes LeBron fait partie de l’équipe de Miami. Il est donc aisé de se laisser aller à la solution de facilité. Mais est-ce là le seul moyen pour vaincre ?

Je me plais à ne pas y croire, ne pas croire que le seul moyen pour ce Heat de vaincre ces Pacers là est d’attendre que le King enfile sa couronne qui lui sied certes fort bien. J’ose croire que ce Heat aurait dû exploser ces Pacers si tant est qu’ils aient été bien préparés. Seule la victoire compte, seule la victoire reste dans les livres mais la manière reste dans les esprits. Et la manière ne me plaît guère parce qu’elle en oublie presque que le basket est un sport collectif… Spoelstra restera dans les livres pour avoir permis au Heat de dominer la période des années 2010 probablement. Cependant je n’oublierai pas, comment oublier ?

Bravo à LeBron, bravo aux joueurs du Heat. Vivement que l’adversité réapparaisse, que les masques tombent enfin. Une seule chose à ajouter, que celui qui a apprécié les beaux et formidables systèmes offensifs de Miami pendant cette série me jette la première pierre. J’ai sorti le casque comme les intérieurs de la série quand Stephenson se retrouve seul à trois points.

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