Existe-t-il encore des joueurs “intouchables” en NBA ?

Le 03 févr. 2025 à 17:37 par Giovanni Marriette

Victor Wembanyama Spurs 23 janvier 2025
Source image : NBA League Pass

L’échange qui a traumatisé la planète NBA hier matin est encore tout chaud, et les plaies pour certains pas prêtes de se refermer. L’une des plus grandes “icônes club”, de ces joueurs que l’on identifie facilement à une franchise, a été priée – on reste poli – d’aller voir ailleurs. Et si un déménagement de Dallas à Los Angeles n’a rien d’un départ pour le bagne, on se demande désormais si un seul joueur NBA peut se prétendre “à l’abri”. Petit tour d’horizon des potentiels “intouchables”, spoiler il n’y en a pas tant que ça.

Public Service Announcement : les dernières 36 heures nous ont tellement atteintes psychologiquement qu’il est possible que notre analyse en soit légèrement tronquée. Par avance désolé.

Tier 1 : Victor Wembanyama, Stephen Curry, Nikola Jokic

David Robinson, Manu Ginobili et Tim Duncan avec les Spurs, Larry Bird avec les Celtics, Kobe Bryant avec les Lakers ou Dirk Nowitzki avec les Mavericks, tous ont réussi quelque chose de plus en plus impensable en l’an de grasse 2025 : jouer toute sa carrière dans une seule et même franchise. Les trois joueurs cités sont tous trois à des âges différents de leur carrière, mais ces trois noms pourraient clairement se retrouver un jour dans la même liste que ceux donnés ci-dessus. Pour des raisons différentes.

Honneur au moins petit : Victor Wembanyama est peut-être aujourd’hui le seul joueur véritablement intouchable en NBA. Déjà physiquement, sauf si on s’appelle Boban Marjanovic, mais plus sérieusement on imagine que les 29 GM de la Ligue hors San Antonio n’ont probablement même pas osé esquissé l’once d’une proposition concernant Wemby tant la réponse serait aujourd’hui aussi claire que cinglante. Wemby représente déjà le présent mais beaucoup plus qu’un simple avenir, il représente quelque chose dont lui seul a conscience, personne n’est prêt comme dirait l’autre, et jamais ô grand jamais le géant n’apparaitra dans des discussions de transfert jusqu’à nouvel ordre. Et dans le cas contraire il faudra un reboot total de nos cerveaux.

Concernant Nikola Jokic, on parle tout de même d’un triple MVP passé à deux cheveux sur la langue de l’être cinq saisons de suite dans quelques mois, on parle donc très objectivement du meilleur joueur de NBA depuis une demi-décennie. Champion en 2023, palmarès individuel long comme le bras de son copain du dessus, pas forcément lié par les liens du sang avec son Front Office mais l’envie de penser que Nikola Jokic qui quitte Denver en 2025 reviendrait à voir un monde entier s’écrouler. Quasi dans son prime, intouchable sur et en dehors du terrain, le premier qui passe un coup de fil repart avec Nikola Jovic, ça lui apprendra.

Stephen Curry, cas légèrement différent. Lui n’est plus dans son prime, un prime dont certains ont écrit des livres entiers, mais le pépère est encore tout en haut des charts et, surtout, demeure aujourd’hui LE joueur par excellence symbolisant à lui seul (un peu Draymond Green soyons fou) une franchise NBA. Les Warriors c’est Curry, Curry c’est les Warriors, et à moins d’une énorme bisbille de fin de parcours on ne voit absolument pas dans quel monde Steph ne rejoindra pas dans quelques années les légendes de notre début de paragraphe.

Tier 2 : Shai Gilgeous-Alexander, Giannis Antetokounmpo

On rentre dans une zone obscure. Dans une zone où nous partirions tous à la guerre pour les deux mecs que nous allons citer, deux mecs qui sont aujourd’hui à la fois le moteur, les poumons et le cœur de leurs franchises respectives. Deux des trois meilleurs joueurs de la Ligue actuellement, dans des équipes qui tournent soit excellemment bien, soit plutôt pas mal. Aucune raison de s’en séparer donc, les deux sont également dans la fleur de l’âge enfin surtout un (30 ans pour Giannis et 25 pour SGA), mais disons que… l’épisode Luka Doncic vient de nous refroidir D’UN COUP.

Tout héros local, double MVP, DPOY, champion NBA et MVP des Finales qu’il est, Giannis ne s’est jamais privé pour dire ce qu’il pensait et comment il voyait sa carrière, et le type semble autant vouloir rester dans le Wisconsin que gagner coûte que coûte, deux sentiers qui ne sont pas forcément censés se finir au même coin de rue. Cependant le sentiment d’appartenance tient une place toute particulière dans la carrière du Greek Freak, et l’idée d’une séparation parait aujourd’hui très incongrue.

Pour Shai ? On parle du probable MVP 2025, donc du très officiel meilleur joueur de la Ligue au moment de ces lignes. Là où un potentiel transfert de Shai n’aurait ni queue ni tête ? Le fameux “le groupe vit bien”, car si vous avez regardé un peu de NBA ces dernières années vous avez sans doute remarqué à quel point le meneur canadien se sent bien à Oklahoma City et quelle atmosphère de camaraderie se dégage de ce groupe, prêt à en découdre pour son leader. Rajoutez à cela le process parfait du Thunder qui pourrait arriver à ses fins prochainement, et voilà qui rend un trade aussi possible financièrement que ridicule humainement et sportivement.

Tier 3 : Anthony Edwards, Jayson Tatum

On redescend d’un cran, mais on reste aux côtés de joueurs qui en feraient pleurer plus d’un en cas de départ. Anthony Edwards a commencé à redonner le sourire à une franchise qui a du l’avoir un quart d’heure en 30 ans, et son smile couplé à son talent et à sa personnalité font de lui un joueur pour qui il faudra payer très cher le cas échéant. Difficile d’imaginer les Wolves entrer dans une quelconque discussion concernant leur jeune star, mais imaginez seulement les Spurs mettre Victor Wembanyama dans la balance (pose cette bouteille de Suze)… on vous laisse deviner dans quel véhicule motorisé la franchise de Minny mettrait son “intouchable”.

Idem pour Jayson Tatum, héros local depuis sa saison 1 à Boston, champion NBA avec une franchise qui aime glorifier ses légendes (les fans, pas les dirigeants). Tatum c’est Boston, Boston c’est Tatum, et indépendamment des éternels débats de leadership entre lui et Jaylen Brown, le salaire qui lui a été offert par les Celtics est l’une des nombreuses preuves de l’amour que lui porte la franchise du Massachussetts. Même remarque cependant que pour son jeune compagnon du dessus, Tatum perdrait probablement son statut d’intouchable mais uniquement si l’un des joueurs déjà mentionnés dans ce papier venait à être proposé à sa franchise, dans un monde chelou toujours.

On ne va pas les oublier parce que c’est drôle : LeBron James, Bronny James, Bradley Beal

Il y a deux jours ces lignes auraient pu être bien différentes. Mais au risque de choquer certains : si LeBron James est aujourd’hui intransférable c’est surtout car… il a une no-trade clause dans son contrat. Oui le projet de faire de Luka Doncic le nouveau Golden Boy de Los Angeles aux côtés d’un LeBron qui va tranquillement passer la main est très prometteur, mais dans les faits Rob Pelinka est un homme d’affaires, la NBA est un business et absolument personne ne va plaindre LBJ qui ne sera jamais ce gars laissé pour compte. Dans son tiroir il garde évidemment Bronny James, le Thanasis Antetokounmpo 3.0, qui est aussi intouchable qu’un triple MVP tant que papounet sera dans les parages, relou mais humain après tout.

Dernier larron de la bande marrante du jour : Bradley Beal. Intouchable BB ? Évidemment, mais c’est surtout parce que son contrat est tellement bien pensé qu’il possède lui aussi une no trade clause lui permettant de continuer à toucher ses 30 milliards de centimes de franc annuels en sortie de banc à Phoenix. Intouchable également car personne ne voudrait le toucher, mais on entre là dans un autre champ lexical.

On aurait également pu parler de Jalen Brunson, qui a sacrifié un tiers de sa paie pour rester à New York mais dont on imagine bien l’avenir si d’aventure on proposait SGA aux Knicks, on aurait aussi pu évoquer, de nouveau, Luka Doncic, dont il faudra parler quand il se pointera en lendemain de lundi de Pâques avec quatre kilos de plus que la veille.

Et puis merde au fait, ça veut dire quoi intouchable ? Est-ce qu’on aurait pas du commencer – un peu plus en détail – par là ? Non, parce qu’on n’est pas en cours de philo. Peut-être la prochaine fois, après le prochain transfert à sensation ?


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