Profil Draft NBA 2024 – Melvin Ajinça : un second tour pour le prospect de Saint-Quentin ?

Le 11 juin 2024 à 15:28 par Céleste Macquet

Profil Draft Melvin Ajinça 4 juin 2024
Source image : montage via YouTube/LNB

Après une excellente Coupe du monde U19 et une très bonne saison en tant que titulaire à Saint Quentin, Melvin Ajinça se lance en conquête de la NBA. Shooteur confirmé avec des qualités athlétiques solides, le gaucher a bon espoir de se trouver un rôle dans une équipe NBA dès cette saison et de confirmer tout son potentiel. 

Son profil en un coup d’œil :

  • Âge : 19 ans, il fêtera ses 20 ans le 26 juin
  • Poste : ailier
  • Équipe : Saint Quentin
  • Taille : 2m06, comme Naz Reid
  • Poids : 97 kilos, comme Josh Okogie
  • Envergure : 2m01, comme Jordan Poole
  • Statistiques 2023-24 : 11,9 points (41.6% aux tirs, 32.5% de loin, 81.1% aux lancers), 3,5 rebonds, 0,8 passe, 0,5 interception (23 minutes en 35 matchs)
  • Comparaison NBA : John Salmons, Eric Gordon, Eric Piatkowski
  • Prévision TrashTalk : pick 42 à 48 de la Draft NBA 2024

Son parcours

Né à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, Melvin Ajinça a passé trois saisons à l’INSEP, en troisième division française. Après deux bons passages à l’Adidas Next Generation Tournament en 2020 et 2022 où il envoie 10,3 points, 5 rebonds et 2 interceptions et seulement 0,6 ballon perdu de moyenne à 39,5% aux tirs dont 78,8% aux lancers en 11 matchs, il est sélectionné pour les qualifications de l’EuroBasket des U18 avec l’Équipe de France. Après cette première grosse expérience internationale, il vient grossir les rangs de Saint-Quentin pour la saison 2023. Il est élu meilleur espoir de Pro B dès sa première saison et son équipe monte en première division en remportant le titre au passage. Un titre auquel il a largement participé tant sa production fut bonne pour un joueur de son âge.

Il prend part à l’EuroBasket avec les U18, et sa production augmente dans tous les compartiments du jeu par rapport aux matchs de qualification, même si les pourcentages ne sont pas dingos. La dernière saison est encore plus riche en réussite que la précédente pour Melvin. Il est élu meilleur jeune de première division française en septembre et en février, au milieu des Zaccharie Risacher et autres Tidjane Salaün.

Zaccharie Risacher
Tidjane Salaün
Melvin Ajinça

🇫🇷’ touch pic.twitter.com/pGSZsPzRo3

— NBA France (@NBAFRANCE) June 9, 2024

Il va avoir l’occasion de se révéler aux yeux de toute la planète lors de la Coupe du monde de basket U19. 19,3 points, 2,9 rebonds, 1,6 passes en 27,7 minutes sur 7 matchs. En terme de scoring, de choix, de réussite en catch-and-shoot et de défense sur l’homme, il n’y a rien eu à redire. Les pourcentages (53,2% aux tirs, 48,9 à 3-points, 82,9% aux lancers) font complètement tourner la tête, et la France s’empare de la médaille d’argent après une défaite face à l’Espagne.

Il représente également la nation au Nike Hoop Summit avant de réaliser une très bonne saison régulière avec Saint Quentin. Aligné en Coupe de France (où il tourne à 15,5 points de moyenne à 52,5% aux tirs, 51,6% de loin et 80% aux lancers en quatre matchs), en Leaders Cup et même en Playoffs LNB, son équipe de Saint Quentin, arrivée sixième du championnat, s’incline au premier tour face à l’ASVEL dans des matchs serrés où Melvin n’a pas démérité (11,5 points et 8 rebonds en 33 minutes de moyenne, 55,6% à 3-points sur deux matchs).

Ses points forts

  • Bonne agilité et mobilité pour son gabarit
  • Adresse de loin
  • Jeu sans ballon déjà bien développé

Premier excellent point pour Melvin Ajinça, il est gaucher, et c’est souvent un avantage qui a tendance à déstabiliser les défenseurs adverses. En plus de ça, Ajinça semble déjà NBA ready. Ses qualités athlétiques sont bonnes :  il est très costaud, très agile pour quelqu’un de sa taille et il a un haut du corps très puissant, de quoi avoir de solides bases pour défendre en NBA. L’ailier possède tout de même 81 cm de détente selon les rapports, ce qui fait de lui un joueur qu’on peut envoyer attraper des lobs.

Melvin Ajinça pourrait être un de ces joueurs qu’on envoie en mission sur les forwards adverses tout en étant capable de switcher sur les guards. Il n’a pas de difficulté à rester le buste face à son défenseur pour forcer des tirs ou des drives difficiles, voire à obliger son joueur à lâcher sa balle. En défense, il est déjà bien polyvalent, semble motivé et il ne panique pas face aux différents mouvements sans ballons et écrans qui se produisent au sein de l’équipe adverse.

Melvin Ajinca guarding on an island vs. lightening quick 5’8 PG David Holston pic.twitter.com/4ubGyqjLsF

— AJ 👑 (@NBA_Jeremy1) May 23, 2024

On sent qu’il voit venir ce qu’il va se passer très souvent. Il ne tente pas de folies et fait le travail intelligemment pour faire en sorte que son joueur ne soit pas dans sa zone de confort. Il a aussi un vrai sens du rebond, sans que la production soit exceptionnelle. Sans penser qu’il sera immédiatement un défenseur hors pair en NBA, on ne le voit pas tirer son équipe vers le bas dans ce domaine dans le futur.

Côté attaque, on se dit qu’un joueur de cette taille aux bonnes qualités athlétiques et à la capacité d’être si efficace de loin peut forcément se rendre utile à une équipe. De plus, on note de belles capacités de finition après des drives, des coupes ou en transition et c’est définitivement un aspect de son jeu qui a encore du potentiel.

En plus de souvent prendre la bonne décision après son dribble, son sens de l’équilibre est très bon quand il attaque le panier. Il peut finir des deux mains et son toucher de balle est vraiment au point, on le ressent beaucoup sur ses floaters, qu’il arrive bien à rentrer sur différents spots. En partant d’un corner, il peut vraiment s’inscrire dans un rôle de slasher. Malgré une main gauche dominante, il n’a pas de difficulté à dribbler main droite, une satisfaction de plus qui peut le rendre bien pénible à défendre dans le périmètre.

À 3-points, bien qu’il avait un peu de mal à trouver la mire il y a encore quelques saisons, l’ailier a montré de vrais progrès dans ce domaine sur cette année. Tout de même 70 tirs de loin réussis cette saison, on se dit que son potentiel à longue distance est encore meilleur que ses 32,5% de loin laissent à penser. Il a d’ailleurs une superbe mécanique de tir : il relâche la balle très haut quand il tire, commence à monter sa balle avec les bras avant de sauter et n’a pas vraiment de “dip”, cette habitude qu’ont certains shooteurs d’abaisser leur balle avant de tirer, lui faisant gagner en vitesse pour dégainer.

Il ne se contente pas de rester statique sur ses tirs, il y en a beaucoup qu’Ajinça prend en mouvement. En plus du catch-and-shoot où il est efficace même quand il est largement contesté, il représente une vraie menace en pull-up. Il y a également cette capacité qu’il a à pump-fake avant de dribbler sur le côté pour se dégager un tir à 3-points ouvert. En isolation, on a pu le voir capable d’envoyer du step-back à 3-points, et de pull-up depuis le midrange avec efficacité. Certains soirs, il donne d’ailleurs l’impression de ne pas pouvoir rater le moindre tir.

Il bouge vraiment très bien sans ballon et trouve sans soucis beaucoup de tirs en étant grand ouvert, en se replaçant intelligemment sur des phases offensives. Là où beaucoup de joueurs restent parfois spectateurs de phases d’attaque, Melvin Ajinça cherche de bonnes opportunités de tirs et c’est très encourageant. Une vraie mentalité de shooteur qui démontre un vrai flair pour trouver des bons shoots. Aussi certaines phases où il se repère bien et navigue à travers plusieurs écrans pour trouver un tir bien ouvert. On l’a vu avoir des soirs à 4/8 depuis le parking cette saison, le genre de matchs dont les scouts sont fans. On sait que les joueurs internationaux capables de trouver beaucoup de tirs ouverts réussissent bien en NBA.

Ses points faibles

  • Jeu de passe à revoir
  • Une envergure très limitée
  • Des doutes sur la fiabilité de son shoot sur le long terme

Première chose qui ne va pas trop, à la passe ce n’est pas encore ça. Il n’a pas vraiment été mis dans un rôle de ball handler sur pick and roll, et en tant que playmaker en général. Donc en terme de création, on repassera. En fait, on a parfois l’impression qu’il n’aime pas ça. On ne l’a pas beaucoup vu driver pour trouver une passe en kick-out, et il interrompt parfois des bonnes séries de passes de son équipe pour tenter un dribble ou un tir alors qu’une passe supplémentaire aurait été la meilleure solution. Il y a eu un peu de progrès cette année, mais on n’y est pas encore. On retrouve toujours beaucoup de situations où il dribble trop au lieu de passer le ballon.

Pour ce qui est de ses finitions, c’est également assez perfectible. Ajinça galère à absorber le contact pour finir au cercle, même face à des joueurs plus petits. Il ne dégage pas assez de puissance sur ses drives, et il manque d’ailleurs de vitesse, de handle et de moves précis à la base de certaines actions pour créer de l’espace entre lui et son défenseur, l’empêchant d’aller chercher des lay-ups proches du cercle en étant libre de tout marquage.

Autre élément limitant au vu du potentiel du garçon, c’est l’envergure négative de Melvin Ajinça. Largement plus grand que long, on sait que la longueur des bras est un facteur auquel les scouts prêtent beaucoup d’attention. Compliqué d’être très impactant en défense au niveau des aides et des rebonds avec ça, et bon courage pour aller chercher des interceptions. Il n’est pas rare de voir des joueurs de sa taille aller chercher des 2m13 d’envergure, compliqué d’aller rivaliser avec ça quand on est au maximum à 2m01 avec les bras dépliés. Avec probablement 5 cm d’écart entre sa hauteur et son envergure, Melvin Ajinça serait devant les 4 cm de Svi Mikhailiuk, le joueur au plus petit rapport taille/envergure de toute la NBA. Pas idéal. En plus, les qualités athlétiques du bonhomme sont bonnes mais sans plus, ce qui ne lui permettra pas vraiment de compenser ce manque de longueur.

Dernier problème, le fait que Melvin n’ait commencé à sérieusement progresser au shoot que récemment peut inquiéter et poser des questions quant à la vraie confiance qu’on peut placer dans son shoot de loin. Pour un joueur qui ne fait pas vraiment de passes décisives, qui enregistre peu de rebonds, d’interceptions ou de contres, on peut s’inquiéter en se demandant quel pourrait être l’impact de Melvin Ajinça en tant que scoreur pur un soir où les tirs ne rentrent pas. C’est survenu dans un contexte où il était encore gêné au niveau de la production et de l’efficacité par une blessure au niveau du sternum, mais il a eu deux matchs cette saison où il a envoyé un 0/6 de loin. Comment va se traduire l’efficacité de loin d’Ajinça dans une NBA où la ligne à 3-points est encore plus éloignée qu’en FIBA ?

On a déjà pu repérer des difficultés chez lui à mettre ses tirs après des main-à-main ou en sortie d’écran, et on a du mal à définir les zones où il est vraiment plus en réussite que sur les autres. Une chose est sûre, le côté gauche du terrain ne lui réussit pas très bien.

Ce qui va faire la différence

  • Melvin Ajinça peut-il dépasser la fonction de simple role player en NBA ?

Quand on le voit évoluer au début, Melvin Ajinça évoque un Taurean Prince gaucher, avec des similitudes avec un Evan Fournier ou un Raja Bell. Mais dans le rôle, on s’imagine surtout que le Français pourrait déjà faire ses armes avec une fonction à la Sam Hauser ou à la Isaiah Joe. Un gars qui shoote en sortie de banc dans une grosse équipe, et dont une absence de réussite ne poserait pas de réels problèmes à sa team. Une fois qu’il aura prouvé qu’il a le niveau requis pour un rôle de la sorte, Melvin Ajinça pourra montrer à toute la NBA qu’il vaut plus qu’un énième 3-and-D.

Projection NBA

Melvin Ajinça est allé à la rencontre d’équipes NBA à Trévise après avoir manqué le Draft Combine de Chicago pour jouer les Playoffs avec Saint Quentin. Lui qui a accumulé un gros niveau de hype après son excellente Coupe du Monde U19 n’est pas garanti de se faire drafter mais a tout de même de bonnes chances d’être sélectionné par une équipe de NBA. S’ils n’arrivent pas à sécuriser un joueur français, on voit mal les Spurs ne pas jeter leur dévolu sur l’ailier de Saint Quentin avec leur 48è pick, surtout que le profil du Français entre pile dans les plans des Texans.

Quoi qu’il arrive, en tant que grand profil 3-and-D avec un super potentiel, le profil du cousin d’Alexis va parler à certaines équipes c’est certain. La tendance semble se dégager vers un milieu de second tour pour Melvin, mais qui sait, peut-être réussira-t-il à aller chercher quelques places supplémentaires à l’approche de la grande messe annuelle des rookies.

  • ESPN l’annonce en 47è position (Orlando Magic)
  • Bleacher Report l’annonce en 44è position (Houston Rockets)
  • The Ringer l’annonce en 48è position (San Antonio Spurs)


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